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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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1977 A Farewell To Kings
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RUSH - Hemispheres (1978)
Par ARP2600 le 28 Mai 2012          Consultée 6688 fois

Et voici le second volet du diptyque progressif de Rush. Très proche stylistiquement de son grand frère A Farewell to Kings, l'excellent Hemispheres aurait pu former avec celui-ci un double album. Vraiment, on devrait toujours se passer les deux d'affilée, d'autant qu'ils ne sont pas bien longs. En plus, la première face continue directement l'album précédent – deux longues chansons formant l'ambitieux ensemble «Cygnus X-1».

Néanmoins, les choses sont ce qu'elles sont et ces albums sont sortis à un an d'intervalle. Du coup, on ressentira tout de même une légère bonification, leur prog étant plus efficace tout en évoluant déjà vers le rock plus libre de l'album suivant. Outre la musique, je trouve Hemispheres mieux construit, il n'y a pas vraiment de remplissage ici, entre une longue suite un peu inégale mais très cohérente, deux chansons courtes convaincantes et un instrumental final particulièrement génial.

Bon, c'est peut-être le moment de parler des influences philosophiques dans les paroles de Neil Peart. Ce sera assez rare en rock de citer Nietschze ou Ayn Rand, dommage que je ne m'y connaisse pas assez dans tout ça pour donner des détails. Une grande partie du caractère controversé de Rush, qui leur a valu des critiques froides tout au long de leur carrière, est la grande indépendance spirituelle dont ils font preuve. Oui, ce ne sont pas de bons chrétiens américains donc ça ne plaît pas... enfin je parle surtout de Peart qui s'occupe de l'écriture des textes. Apparemment, il a été assez tôt influencé par la philosophe Ayn Rand, initiatrice de l'objectivisme, une doctrine athée et individualiste, qui vaut ce qu'elle vaut. En particulier, la lutte contre le collectivisme sans âme dans 2112 tient en partie de ces idées. Si Peart a insisté sur le fait qu'il n'était le disciple de personne, il est évident qu'il a une bonne culture de ce côté-là.

Ici, dans la suite «Cygnus X-1 Book II: Hemispheres », on trouve des allégories intéressantes... je me demande quand même s'il avait prévu des développements pareils dès la première partie. Cette simple histoire de vaisseau fonçant dans le trou noir prend ici une dimension mythologique. En effet, les dieux Apollon et Dionysos ont tour à tour exercé leur influence sur une planète. Le premier a donné la sécurité aux gens dans des villes, mais c'était une vie sans art et sans amour. Le second a emmené tout le monde dans la nature, leur a appris les sentiments... et ils se trouvèrent fort dépourvus quand la bise fut venue. Oui, impossible pour moi de ne pas penser à de Lafontaine. La lutte des espèces d'arbres dans «The trees» aussi d'ailleurs, je doute que ce soit un hasard. Bref, un héros décide donc de partir dans l'espace et de rejoindre le séjour des dieux en se jetant dans un trou noir. Oui, c'est fumeux. Une fois devant les dieux, il leur explique la catastrophe, ils sont tristes et le font devenir le Cygne, dieu de l'équilibre, qui s'occupera de garder un bon compromis entre les deux tendances. Fumeux mais original, très intéressant même. Pour terminer à ce sujet, le choix des dieux vient certainement de Nietzsche, qui avait parlé de cette opposition entre la raison et l'instinct dans la tragédie grecque, personnifiés par les dieux Apollon et Dionysos. J'ai quand même été bluffé quand j'ai pigé la référence.

Pour ce qui est de la musique maintenant, cette suite «Hemispheres» est très plaisante. C'est même leur plage d'une face qui présente les meilleurs enchaînements. Si on ne retrouve peut-être pas toute l'ambition épique de «2112», le romantisme progressif de certaines mélodies est admirable. Le prélude présente la situation et les principaux thèmes. Ensuite, les deux dieux interviennent l'un après l'autre, sur la même mélodie assez indolente, ici on pourrait ressentir quelques longueurs. Après le départ du héros, une section instrumentale évoque la première partie, la chute dans le trou noir se glissant chronologiquement ici. Vers la fin, l'apothéose du héros est représentée par un passage sombre et nerveux de toute beauté avant une conclusion un peu sage.

Ensuite, «Circumstances» est bien rythmée mais me semble la moins intéressante du lot. Notons l'étrange présence d'une phrase en français «Plous ça change, plous c'est la même chose» ou quelque chose comme ça, bref passons. «The trees» est plus marrante, avec une histoire de révolution des érables contre les chênes, parce que ceux-ci font trop d'ombre. A la fin, tout le monde se fait quand même découper. La musique est un rock acoustique puis électrique, mais avec un charmant passage au synthé au milieu.

Et j'en viens enfin au véritable clou de l'album, la fantastique «Villa Strangiato», meilleur instrumental du groupe, si pas leur meilleure plage. Ce qui est vraiment génial, c'est la façon dont le groupe s'amuse à servir un morceau très libre, avec toute la virtuosité dont ils sont capables, mettant en scène des cauchemars d'Alex Lifeson, dans un genre de maison hantée. Sur un peu moins de dix minutes, ce sont douze parties qui s'enchaînent, certaines durant plus d'une minute, d'autres quelques secondes, avec des titres très parodiques, du genre «Buenos Nochas, Mein Froinds», «A Lerxst in Wonderland» - Lerxst est un surnom de Lifeson -, «Don't turn your back on a monster» ou encore «A farewell to things». Celui qui me dit que ce groupe ne joue pas bien après ça... En particulier Lifeson, souvent accusé d'être le maillon faible, donne un superbe solo, la partie «A Lerxst in Wonderland». Bref, ceci ne s'explique pas, il faut l'écouter et le réécouter, en se disant que l'album suivant est du même niveau d'interprétation comme de liberté rythmique.

Je pourrais faire la même conclusion que pour A Farewell to Kings, sur l'un figure «Xanadu», sur l'autre «La Villa Strangiato», le reste étant très solide sans être directement impressionnant. La période progressive de Rush est en tout cas aussi bonne qu'une autre, un album comme Hemispheres est à découvrir rapidement si on s'intéresse au groupe.

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- Geddy Lee (voix, basse, synthés)
- Neil Peart (percussions)
- Alex Lifeson (guitares, synthés)


1. Cygnus X-1 Book Ii: Hemispheres
2. Circumstances
3. The Trees
4. La Villa Strangiato



             



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