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Lana DEL REY - Born To Die (2012)
Par ARCHANGEL le 25 Novembre 2023          Consultée 673 fois

Si Lana DEL REY n’en est pas à son premier coup d’essai (l’album Sirens qu’elle enregistre en 2006 sous le pseudonyme de May JAILER mais qui n’est jamais officiellement sorti et Lana Del Rey A.K.A. Lizzy Grant en 2010), c’est définitivement Born To Die sorti en 2012 qui fait connaître à la chanteuse un succès planétaire. Née à New York, la belle de 27 ans laisse derrière elle son trailer park pour investir la maison de Gatsby de ses chansons aux tonalités mélancoliques et à la nostalgie de l’âge d’or d’Hollywood : romances tourmentées, rêves brisés et glamour ; un programme riche dont Lana ne déviera pas d’un iota. Prise d’angoisses au sujet de la mort, la jeune fille sombre dans l’alcoolisme durant son adolescence et se fait envoyer en internat par ses parents, un événement marquant dans sa vie. S’en suit la découverte de la guitare et des études en philosophie et métaphysique, rien que ça. Et on peut dire qu’elle semble avoir pris le pas sur son anxiété, puisqu’elle fait de l’inéluctable destin de tous l’un des thèmes principaux de son album. Avec sa voix envoûtante et son esthétique rétro qu’elle présente par des vidéos système D qu’elle publie sur sa chaîne Youtube, Lana DEL REY nous emmène dans un univers où la mélancolie et l’amour torturé se mêlent de manière obsédante.

Titre éponyme de l’album et single aux sonorités trip-hop, "Born To Die" est une chanson sombre et pleine de romantisme qui explore la dualité d’un amour à la fois passionné et destructeur. La voix profonde et envoûtante de la chanteuse se combine parfaitement aux arrangements orchestraux portés par l’ensemble de cordes fantastiques sur une production des plus cinématographiques. Voilà, le style de la belle est posé en à peine quelques secondes. La ballade lente débute avec les why ? susurrés, typiques chez Lana, et décrit un désir brûlant, comme si l’amour était condamné dès le départ (Oh, my heart, it breaks every step that I take/But I’m hoping at the gates, they’ll telle me that you’re mine).

Dans la série des singles qui dépeignent un amour inconditionnel mais voué à l’échec, on a "Blue Jeans" et ses violons enivrants alliés à la guitare douce et à la voix sensuelle d’une Lana hantée par les souvenirs passés de son bad boy (I told you that no matter what you did, I’d be by your side/Cause I’m a ride or die, whether you fail or fly/Well, shit, at least you tried/But when you walked out that door, a piece of me died), ajoutant à l’intensité émotionnelle de la chanson.

Remarquablement belle, "Video Games" a servi d’introduction à la chanteuse pour la plupart de ses fans qui se sont retrouvés captivés par sa mélodie délicate et mélancolique, son instrumentation simple, sublime, tout en crescendo et ses paroles vulnérables qui évoquent l’innocence et la fraîcheur de l’amour (Heaven is a place on Earth with you/Tell me all the things you wanna do/I heard that you like the bad girls, honey, is that true?). Propulsée par ce titre qui met la chanteuse sur le devant de la scène et qui nous la présente telle une narratrice hors pair, Lana se montre troublante dans les refrains sur le son du piano et de la harpe, le tout soutenu par des nappes de synthés ensorcelants ainsi que les cloches et le tambour qui lui rajoutent un charme théâtral. L’histoire d’amour déchue de "Million Dollar Man" se passe dans une ambiance jazzy faite de batterie et de piano lents (You said I was the most exotic flower/Holding me tight in our final hour) dans laquelle la chanteuse référence Elvis PRESLEY, l’une de ses grandes influences, sur les refrains (One for the money, two for the show/I love you, honey, I’m ready, I’m ready to go).

Le clavier entêtant et l’orchestre de cordes contribuent à l’atmosphère fascinante aux sonorités vintage de "Carmen" où la chanteuse semble parler de son adolescence compliquée (She says you don’t want to be like me/Don’t wanna see all the things I’ve seen/I’m dying, I’m dying) comme sur la musique d’un film noir hollywoodien dans lequel on serait instantanément plongé. Le rythme lancinant de "Carmen" et la performance vocale bouleversante de Lana sont évidemment des aspects plaisants du titre, mais il faut également relever qu’il est un exemple probant du talent de l’autrice-compositrice pour disperser dans sa discographie des références trouvées dans sa propre expérience et qui construisent son lore, comme le fameux Coney Island Queen (Only seventeen but she walks the street so mean/It’s alarming, truly/How disarming you can be/Eating soft ice cream, Coney Island queen), dont elle avait déjà posé les bases dans son précédent album sur "Mermaid Motel" (Maybe we could go to Coney Island/Maybe I could sing the National Anthem) et qu’elle reprend sur le présent opus dans "Off To The Races" (I’m your little harlot, starlet, Queen of Coney Island).

Sur la ballade "Dark Paradise", Lana nous renvoie à des thèmes souvent abordés comme les espoirs qu’elle porte à qui l’attend de l’autre côté (Every time I close my eyes, it’s like a dark paradise/No one compares to you/I’m scared that you won’t be waiting on the other side) et exprime encore la douleur de la perte et du chagrin au travers des paroles qui sont parmi les plus émotionnelles de l’album (All my friends tell me I should move on/I’m lying in the ocean, singing your song), dont les sentiments sont exacerbés par la mélodie trip-hop dramatique et les cordes, toujours elles mais qu’elles sont belles…

Emblématique et extrêmement chargé, le single "Summertime Sadness" utilise avec contraste l’euphorie de la saison estivale et la tristesse saisissante des mélodies aériennes qui lui donnent une identité sonore unique. La progression musicale qui débute de manière contemplative avant de céder la place à des sections plus intenses (violons, flûte, guitare) maintient sans effort notre attention en parallèle d’une production subtile, c’est donc sans surprise que le titre profite presque tous les étés d’un regain d’intérêt. C’est une toile de fond parfaite où Lana transmet des paroles poétiques (Got my bad baby by my heavenly side/I know if I go, I’ll die happy tonight) qui renforcent la qualité évocatrice de la chanson. Les nuances du chant de DEL REY, sa voix émotionnellement lourde de tristesse et de désespoir contribuent sans aucun doute à l’impact global du titre.

Lana parle d’une jeunesse révolue et un peu naïve dans "This Is What Makes Us Girls" (Drinking cherry schnapps in the velvet night) où elle se livre sur son adolescence et son innocence perdue (This is what makes us girls/We all look for heaven and we put love first/Something that we’d die for, it’s a curse). La batterie et la guitare ajoutent une touche de simplicité à cette production pleine d’effets sonores et de violons puissants, alors que la livraison vocale expressive de la chanteuse transmet avec succès le poids des expériences qui peuvent forger notre identité (A freshmen generation of degenerate beauty queens/And you know something ?/They were the only friends I ever had/We got into trouble and when stuff got bad/I got sent away, I was wavin’ on the train platform/Crying cause I know I’m never coming back).

Dans le club des moment ultra-cinématographiques, impossible de passer à côté de l’épique single "National Anthem", moment plus que notable dans la discographie de la chanteuse qui se sert d’un beat hip-hop à la basse ténébreuse et au piano délicat pour poser son texte dans un chant qui s’apparente au rap et créer une piste imprégnée d’un glamour décadent, ère JFK. On reconnaît la dualité souvent présente dans la musique de Lana, de l’ingénue du premier couplet (Reckless abandon/Holding me up for ransom, upper echelon/He says to be cool, but I don’t know how yet) à la girlboss confiante du deuxième couplet (He said to be cool, but I’m already coolest/I said to get real, don’t you know who you’re dealing with?), mais toujours avec un fond d’amour passionnel sur les refrains (Red, white, blue is in the sky/Summer’s in the air and baby, heaven’s in your eyes/I’m your national anthem).

On ne quittera cette atmosphère de grandeur mélancolique que pour quelques titres aux inspirations plus pop et aux rythmes plus soutenus, comme "Radio", une chanson résolument plus optimiste où elle utilise l’image de la cannelle pour décrire un amour heureux et léger, enfin un (Now my life is sweet like cinnamon/Like a fuckin’ dream I’m living’ in), concept qu’elle reprendra sept ans plus tard sur "Cinnamon Girl". "Diet Mount Dew" offre aussi une rupture bienvenue dans l’intensité du disque et marque son premier essai à raconter un amour tumultueux sous le nom d’un soda sucré, habitude récurrente chez Lana (Baby put on heart-shaped sunglasses/Cause we gonna take a ride/I’m not gonna listen to what the past says, I been waiting’ up all night). Vous noterez l’habile référence au classique Lolita, qui revient encore dans l’intro du refrain de l’excellent et hyper entraînant "Off To The Races" en utilisant les célèbres vers de Nabokov (Light of my life, fire of my loins/Be a good baby, do what I want) et qu’elle adapte à sa convenance (Light of his life, fire of his loins/Keep me forever, tell me you own me).

Comment faire plus flagrant qu’avec le titre très controversé "Lolita" (disponible sur l’une des éditions bonus) et ses paroles ambiguës qui racontent encore une fois le désir d’une manière complexe et provocante (It's you that I adore, though I make the boys fall like dominoes), suscitant des réactions variées à la chanson : si certains l’interprètent comme l’exploration d’une sexualité débridée, d’autres ont critiqué sa romantisation d’un amour interdit mais en dépit des controverses, "Lolita" reste un morceau de pop sombre bien ficelé. "Without You" et "Lucky Ones" sont les deux derniers titres parus sur les versions spéciales du disque, aussi mélancoliques que le reste. Grande romantique devant l’éternel, Lana compare l’amour et le succès dès les premiers accords de piano de "Without You" (Everything I want, I have/Money, notoriety and rivieras/I even think I found God/In the flashbulbs of the pretty cameras) et finit sur par une note résolument plus optimiste (Every now and then, the stars align/Boy and girl meet by the great design/Could it be that you and me and the lucky ones ?) sur "Lucky Ones" et sa production raffinée.

Enorme succès commercial et un tournant dans la musique pop contemporaine, Born To Die est marqué par ses productions picco bello, son instrumentation en grande pompe ainsi que son lyrisme sibyllin et percutant. L’album - singulier en tout point - érige Lana DEL REY comme l’une des artistes incontournables de la musique populaire, même si elle ne parvient peut-être pas encore à conquérir le coeur de tous avec son style distinctif, à tendance apocalyptique. Véritable cultural reset, il y a un avant et un après Born To Die, album essentiel des années 2010 dont l’impact résonne encore aujourd’hui.

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- Elizabeth Woolridge Grant/lana Del Rey (chant)
- + Musiciens Additionnels


1. Born To Die
2. Off To The Races
3. Blue Jeans
4. Video Games
5. Diet Mountain Dew
6. National Anthem
7. Dark Paradise
8. Radio
9. Carmen
10. Million Dollar Men
11. Summertime Sadness
12. This Is What Makes Us Girls
13. Without You
14. Lolita
15. Lucky Ones



             



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