Zoshoku doit être l'album de YELLOW MAGIC ORCHESTRA qui pose le plus de problèmes. Non pas qu'il soit particulièrement mauvais de prime abord, mais à cause de sa nature en elle-même. En effet, en s'informant rapidement, on constate avec effarement que selon le pays où l'on achète le quatrième album du groupe,la version de l'album n'est pas la même. Ainsi, les Japonais ont droit à un album totalement inédit tandis qu'en Europe et en Amérique, c'est une semi-compilation qui fut vendue. Et encore, les plus pointilleux noteront que de par ses 29 minutes, la version japonaise est plus à classer comme un EP long qu'un LP court. Bref, à moins d'être un collectionneur masochiste, difficile de ne pas se perdre.

Alors, que choisir ? La réponse est simple, voire très simple : il vaut mieux se procurer en priorité la version européenne, et ne pas se la jouer intégriste qui achète la version japonaise parce que YMO est japonais. Pour comprendre pourquoi, il convient d'analyser cette dernière. En effet, sur les 12 morceaux qui constituent Zoshoku, cinq d'entre eux, tous nommés "Snakeman Show", ne sont pas des numéros musicaux, sans compter l'intro de 20 secondes et le final, qui reprend vaguement "The End of Asia". Il reste donc quatre morceaux qu'on peut réellement qualifier de morceaux (et non cinq, puisqu'il y a un coda).

« Holà, mais pourquoi donc snober ces "Snakeman Shows" ? Si ça se trouve, ils sont vachement bien, et s'inscrivent dans une structure musicale particulière ! ». Ce n'est pas impossible, mais tout de même bien peu probable. Et puis, le problème des "Snakeman Shows", c'est bien leur contenu : les sketches en anglais souffrent d'un humour un peu trop haut perché, tandis que ceux en japonais sont tout bonnement incompréhensibles pour ceux qui n'ont pas appris cette langue – et dont je fais partie. Ceci étant, si quelqu'un s'y connaissant un minimum dans la langue de Kurosawa écoute les "Snakeman Shows", ce serait sympa de fournir une traduction dans la section commentaires, merci !

En ce qui concerne les chansons, il est aisé de remarquer qu'on tiendrait là un EP 4 titres des plus solides. YMO y rajoute en effet un nouveau tube à son répertoire, à savoir "Nice Age". La voix d'Akiko Yano, curieusement non créditée, y est pour beaucoup dans la réussite de ce titre aussi dansant que musicalement bien ficelé. Dans le même ordre d'esprit, "Citizens of Science" offre un refrain simple mais imparable, sans compter la guitare qui ajoute un côté funky des plus appréciables. Ensuite, si le « chant » de "Tighten Up" est tout bonnement irritant, la chanson se rattrape comme elle peut avec une ligne de basse monstrueuse. Pour finir, le côté ska de "Multiplies" apporte une fraicheur sautillante sur laquelle il est mal avisé de cracher.

Au final donc, Zoshoku, dans sa version japonaise, se montre plus décevant que ses prédécesseurs. Au vu du talent de YELLOW MAGIC ORCHESTRA, la proportion de bonnes chansons aurait du être plus grande. Ceci étant, la version européenne rattrape le coup, du moins pour les occidentaux seulement. En effet, elle compile sur la face A une sélection de morceaux des précédents albums et sur la face B les chansons inédites, plus un Snakeman Show anglais – au contraire de la version US qui mélange tout. Et là, Zoshoku – renommé pour le coup X∞Multiplies – vaut le détour.