On aurait pu l'appeler "Ludique et mélancolique" parce que c'est comme ça qu'il est, mais on trouvait que ça faisait un peu con, alors on l'a appelé "Old School Recordings". C'est par cette phrase que le groupe résume l'intérêt de ce disque dans le petit mot qui l'accompagne. Effectivement, cette compilation qui sort à la veille du quatrième album de DIONYSOS n'est pas un best-of de leurs génialissimes tubes (qui se comptent alors sur les doigts d'une main) mais un petit assemblage de titres rares, de vieilles choses rénovées, ou encore de quelques témoignages de leurs grandes prestations scéniques.

Ce disque n'est donc pas un best-of bilan de fin de carrière bien remplie, mais une compilation de titres rares qui ne pourront qu'intéresser les aficionados. Il y a donc trois grands types de morceaux dans ce disque.
Tout d'abord, les titres tirés de la compilation tant convoitée Soon, On Your Radio sortie en 1998, regroupant quatre titres de trois groupes : DIONYSOS, Mary's Child et Despondents. Les quatre morceaux qui nous intéressent se regroupent sous le titre "The sun is blue like the eggs in winter 2", titre à rallonge qui nous signifie que ces morceaux ont été enregistrés juste après le second album.
"Calim' Heros" est la seconde chanson en français du groupe après "Ciel en sauce", chantée par Babet'. Cette chansonnette-comptine rend hommage au petit poussin noir ancêtre du "C'est pô juste!" de Titeuf. On y découvre les premiers pas de Babet au chant. C'est mignon tout plein, contrairement au chant hystérique de "Dead Chips Party". Effectivement, sur ce deuxième titre extrait de Soon, On Your Radio, Babet' chante également (uniquement les couplets), mais ça n'a ici rien à voir, elle crie, elle hurle, d'une voix bien aiguë, des paroles totalement incompréhensibles.
"Omlett of Knees", beaucoup moins typée que les deux chansons précédentes, est une petite balade folk assez violente par les paroles de Mathias, toujours aussi tordues. Quant à "Arthur II", elle est certainement une de mes chansons préférées du groupe. Son ambiance assez glauque servie par le piano, la contrebasse et le violon renforce les paroles quelque peu modifiées du "Arthur" du second album. Le chant plaintif de Mathias sur la fin, suivi d'une descente angoissante, conduit à un final totalement psychédélique. Excellent, tout simplement.

Les morceaux live de leur côté à l'image de ce que sont les concerts de DIONYSOS : énergiques ("Can I"), déglingués ("Here Comes the Sun"), spectaculaires ("I'll Shoot My Bed") et imprévisibles ("Everybody Loves Babeth", morceau totalement improvisé sur un "Babeth je t'aime!" du public, tout simplement excellent), sans oublier le remodelage complet de "Wet" qui subit un gros lifting, comme il en a déjà beaucoup subi, et comme il en subira encore. "Wet" semble être le défouloir du groupe, le morceau pâte-à-modeler que l'on a tout le temps envie d'améliorer. Malheureusement, on attendait un peu plus de morceaux en live du groupe qui, en 2001, n'a pas moins de 350 concerts derrière lui. Seuls 30 concerts de la dernière tournée ont été enregistrés, d'autant plus que cet Old School Recordings ne dure qu'une grosse demi-heure. Passons.

Restent les morceaux ré-enregistrés en version acoustique en 2001. "Polar Girl" a l'extrême avantage d'être un peu servi par Babet' (oui, je l'écris Babet' alors que sur le disque c'est Babeth), mais cette version n'est pas très marquante, tout comme la version acoustique de l'absurde "No Sense Words Harmony". Ces deux morceaux remodelés ne valent pas leur original. Moins bruts, moins sales, ils sont peut-être trop travaillés, ce qui ne colle pas très bien à la peau d'un morceau de DIONYSOS époque pré-Haïku(fi], même si "Broken Tit's" est beaucoup plus sympa que les deux précédents car servi par une guitare et les chuchotements de Mathias qui s'enflamment à la fin.

Cette compilation qui se savoure assez bien avec un sorbet au citron reste tout d'abord réservée aux personnes qui connaissent déjà bien le groupe. Même si la plupart des morceaux sont bien agréables à écouter, reste l'impression que le disque aurait pu être un peu plus complet, un peu mieux servi.