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POST-PUNK  |  STUDIO

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1978 1 The Scream
1979 Join Hands
1980 Kaleidoscope
1981 Juju
1982 1 A Kiss In The Dreamhouse
1984 Hyaena
1986 Tinderbox
1988 Peepshow
1991 Superstition
1995 The Rapture

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1983 Nocturne
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- Style + Membre : The Cure

SIOUXSIE AND THE BANSHEES - Juju (1981)
Par ARP2600 le 9 Juin 2014          Consultée 4791 fois

Ah, c'est toujours agréable quand les choses se mettent soudain en place, comme par magie. Après deux premiers albums de post-punk sans concessions puis un troisième plus doux, expérimental, éclectique, SIOUXSIE et les BANSHEES trouvent enfin l'équilibre parfait sur ce quatrième opus, le magnifiquement diabolique Juju, véritable démonstration de ce charisme sombre qui n'appartient qu'à eux.

Le Juju, c'est un concept des cultes vaudous, d'origine africaine et ayant eu cours dans les Antilles et le sud des États-Unis, là où de nombreux esclaves cherchaient à garder leur identité, des cultes associés dans l'imaginaire des gens à divers maléfices. Au menu de l'album : un ensorcellement, la nuit, Halloween, encore la nuit, le péché, une tête coupée et une poupée vaudou. Impossible évidemment de ne pas associer tout cela avec la mode gothique, et de fait, Juju est un des albums fétiches (c'est le cas de le dire) des gothiques. Pourtant, malgré leur look, Siouxsie et ses musiciens ont toujours gardé leurs distances. Ils voulaient garder une certaine indépendance artistique, ne pas se fondre dans un moule, ce qui ne les a pas empêchés de faire un ou l'autre album qu'il est impossible de ne pas y relier, quoi qu'ils en disent.

Rappelons que nous nous trouvons en 1981, une très bonne année mais tout de même la charnière du courant post-punk/new wave. SIOUXSIE AND THE BANSHEES fait figure d'exception. C'est un des rares groupes à avoir publié régulièrement des albums pendant toute l'heure de gloire du genre sans virer à une musique plus complaisante, et c'est une des raisons qui en font l'exemple type de la transition post-punk vers alternatif : ils étaient là au début et ont contribué pendant toute cette période, influençant constamment les nouveaux groupes qui se lançaient.

Dans la belle série que constituent leurs sept premiers albums, Juju ressort quand même nettement du lot. La raison première est bien sûr la qualité de la formation : Siouxsie au top de sa forme, Severin fidèle à sa basse, le batteur Budgie de plus en plus affûté et le guitariste John McGeoch nettement plus à l'aise que sur Kaleidoscope où il n'était pas encore un membre officiel. Les performances de ces deux derniers sont clairement ce qui fait le plus la différence par rapport à un Join Hands : dans bien des plages, les tambours sont d'un dynamisme rare, tandis que les effets de guitare n'ont rien à envier à ce que faisait McGeoch chez MAGAZINE. Son jeu est somptueux et investi, tout en restant subtil, ce qui est une évolution capitale par rapport à la cold wave la plus harassante. Signalons l'absence de claviers, mais ils reviendront dès le suivant.

Et il y a tout le reste. Leurs mélodies ne sont pas fantastiques mais cela commence petit à petit à s'améliorer, tout comme l'harmonie. En tout cas, c'est largement suffisant vu la qualité des rythmes et ambiances, ainsi que des paroles provocantes et efficaces. Enfin, la construction de l'album est également la meilleure qu'ils aient proposée, ce qui est encore facilité par le fait qu'il n'y a pas de remplissage. Neuf chansons, toutes mémorables, et impeccablement agencées pour faire petit à petit monter une tension malsaine. En fait, Juju, c'est du rock d'épouvante. Certainement pas triste mais très puissant, et essayant manifestement de se montrer effrayant. Contrairement à Join Hands, on peut très bien prendre ceci au second degré, de même qu'on peut s'amuser en regardant un film d'horreur. Tout ceci est tellement excessif, peut-on vraiment prendre au sérieux une histoire de possession par une poupée vaudou ? Sans doute que certains gothiques le faisaient, mais on peut penser que Siouxsie trouvait tout cela amusant et libératoire.

Neuf chansons splendides, des singles imparables en début d'album, le puissant "Spellbound" et l'évocateur "Arabian Knights" (encore un titre qui a pu inspirer les PIXIES), entrecoupés par la mystérieuse "Into the light", tout ceci étant encore assez sage. On donne ensuite un coup de boutoir avec la tendue "Halloween", l'enchaînement avec "Monitor" étant à lui seul un des grands moments du groupe. Il est difficile de ne pas ressentir un frisson dans l'échine, même parfois à l'avance quand on connaît l'album. Cette chanson est bizarre, écrasante et répétitive, vilainement gênante.

Ensuite, on s'enfonce dans la nuit avec "Night Shift" puis les choses commencent à devenir extatiques sur "Sin In my Heart", mais c'est sur "Head Cut" qu'on atteint l'intensité maximale. Cette chanson démente représente certainement l'aboutissement de leur démarche morbide. Enfin, "Voodoo Dolly" est un genre de ronde accélérant progressivement pour achever l'album dans un tourbillon irrésistible. Le moment où interviennent les tambours y est particulièrement remarquable.

Juju compte parmi les grandes réalisations du rock des années 80, il est vraiment rare d'entendre une œuvre aussi obstinée et puissante, et en même temps bien écrite et interprétée. Même sans tenir compte de l'énorme impact qu'il a eu sur le futur du gothique, de l'alternatif, et de la plupart des chanteuses rock venues par la suite, la perfection de ce disque suffit à le rendre incontournable pour tous les amateurs de rock et de sensations fortes.

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- Budgie (batterie)
- John Mcgeoch (guitare)
- Steven Severin (basse)
- Siouxsie Sioux (chant, guitare sur 7)


1. Spellbound
2. Into The Light
3. Arabian Knights
4. Halloween
5. Monitor
6. Night Shift
7. Sin In My Heart
8. Head Cut
9. Voodoo Dolly



             



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