Voilà déjà le sixième opus de la bande de Mark King. Le bassiste prodige, à force d'énergie et de volonté, touche au but. La consécration ne devrait plus tarder. Désormais, la musique doit tenter de se fixer aux principes fédérateurs qui ont fait le succès du précédent opus, à savoir : une fusion de jazz/funk mâtinée de pop et sur laquelle plane un évident parfum new-wave. Parfois, le groupe sonne tel un RUSH sans amphétamine, sur ses portions instrumentales, lorgne vers un jazz rock de belle extraction. La voix de King s'est peu à peu adaptée aux critères du moment, et son association avec le clavier Mike Lindup en fait un trademark originale et identifiable, la marque des grands.

Alors, même si la basse est en retrait techniquement parlant sur le titre d'ouverture "World Machine" tout de dance vêtu, il n'échappera pas aux mélomanes avertis le solo incroyable de King vers la fin de la song. Une manière de dire : c'est ok les gars, on a compris ce que vous vouliez mais que vous le vouliez ou non, ma basse ne va pas s'arrêter de sonner. Ca, impossible de la rater ! Le morceau suivant "Physical Presence" pourra rappeler POLICE par ses choeurs, son ambiance et même le chant de Mark qui se rapproche de celui de STING - le refrain ! Ce sera le premier single, et une profession de foi en live ! Mais c'est avec "Something About You" que le groupe se met à côtoyer les sommets. Riff distorsionné de gratte, Beat de synthés pompier dans l'air du temps, et cette basse immuable. Mark y semble vraiment à l'aise, comme un vrai chanteur chevronné, alors que le micro n'était guère sa tasse de thé au départ. Un classique, pas moins.

Le troisième et dernier single sera "Leaving Me Now", dans une ambiance plus smooth, LEVEL 42 continue de faire l'admiration des musiciens et de faire danser la jeunesse. Ce n'était pas gagné comme pari à la base ! "Lying Still" est de la même veine, fort aimable, rarement le chant de Mark avait été aussi velouté.

Le ton général se rattache définitivement au son de la new-wave. Certes, dans sa version romantico-synth, mais nous ne sommes pas si loin d'A-HA ou de DURAN DURAN mélodiquement parlant. D'ailleurs, il n'y a qu'à regarder le look arboré par nos camarades britanniques pour voir qu'ils ont compris de quoi il retournait; certes ils sont moins à l'aise dans cet exercice que les groupes précédemment cités, mais c'est un bel effort ! Si vous n'y croyez pas, écoutez "Coup d'état", le titre ne souffre pas le doute. Puis tentez l'écoute du trépidant "I Sleep On My Heart" où des sons synthétisés, si typés eighties, de "It's Not the Same For Us", chanté par Lindup avec ce refrain que les KOOL and THE GANG n'auraient pas renié.

"Dream Crazy" atteint aussi des sommets, on a juste une envie irrépressible de bouger là-dessus. Tout ce qu'il fallait pour avoir du succès dans les mid-eighties ! Belle leçon humaine et musicale car, bien que moins volubile, la basse reste l'épine dorsale sur laquelle tout le morceau est construit. Je recommande aussi la construction de "Good Man In a Storm" qui côtoie une pop soul de bel aloi.

Les LEVEL 42 atteignent le 42ème paradis sur ce disque qui les voit truster tous les billboards de la terre avec la même réussite. Pas un filler là-dedans ! C'est franchement méritoire car la démarche n'était pas simple. Il ne reste plus qu'à figer dans le marbre leur contribution au monde de la musique populaire, et c'est bien ce qu'ils s'apprêtent à faire.