Le quatrième opus des super instrumentistes de LEVEL 42 est à son tour sur la sellette. La tournure récente de la mode en cette année 83 risque fort de faire oublier leurs premières amours jazz fusion à nos angliches sudistes. Le choix s'avère complexe à effectuer. Conserver une forte identité funky jazz, au détriment d'une capacité à séduire les amateurs de dance et de top 50, ou vendre quelque peu son âme au diable ? Quand on est un superman de la basse comme Mark King, ce choix ne peut être que douloureux. Let's see !

Les trois singles occupent les trois premières places du skeud, c'est un choix. "Out of Sight, Out of Mind" est un titre plutôt soul qui manque singulièrement de relief à mon goût; certes mainstream et ensoleillé, mais peu couillu. "The sun goes down", en revanche plus axé new-wave romantique, manque sans doute d'un peu de dynamique sur les portions chantées par Lindup, mais la machine reprend son essor dès que Mark reprend du service au micro. Ca sonne tellement eighties, ce titre ! Il est possible que les générations d'aujourd'hui trouvent ça super kitsch, mais il est très agréable au demeurant. Enfin, "Micro kid" est un titre très dance, avec une identité funky assez prégnante. On n'est pas si loin de ce que fait IMAGINATION à la même époque, surtout dans les choeurs. La basse est pour une fois moins volubile - enfin pour Mark King, tout est relatif ! -. Nous n'atteignons guère les sommets avec ces trois singles.

Que reste-il dans cet opus pour émuler les précédentes livraisons de LEVEL 42 ? Le slow "I Want Eyes" n'est pas mémorable, très représentatif de ce qui se faisait à l'époque. Toutefois, les portions instrumentales sont assez proches de ce que fait Allan HOLDSWORTH au même moment, une proximité qui explique sans doute le fait que le gratteux mathématicien deviendra un temps le six cordiste du groupe. "People" au beat simpliste ne me semble pas non plus extraordinaire, de l'easy listening made in 83, ça n'a donc pas trop bien vieilli. "Dance On Heavy Weather" rappelle les compos classiques de DURAN DURAN, ne serait-ce que la présence de la luminique quatre cordes du blondinet, on écouterait poliment sans réel intérêt. "A pharaoh's Dream" se voulait visiblement moderne pour l'époque, mais les effets paraissent aujourd'hui assez cheap, malgré le solo de claviers de Lindup.

Il ne reste pas grand-chose pour sauver l'album de la correctionnelle, mais je suis tout de même très fan du titre éponyme "Standing In the Light", drivé par un chant dynamique de King et nanti des habituels refrains de Mike en falsetto. Une construction classique à la LEVEL 42, c'est finalement ce qui marche le mieux. On repart aussi avec une basse vrombissante et des gimmicks funky sur le titre qui clôt l'album : "The Machine Stops" a une bonne tête de classique pour la setlist du groupe en concert.

A mon sens, c'est l'album le plus faible du groupe. La basse de King, beaucoup plus en retrait, n'est plus à même de transporter l'auditeur comme elle le faisait sur les précédents opus. La dynamique est absente des compos, beaucoup plus simples, mais pas assez dansantes. La formule magique n'est pas encore trouvée, mais on peut compter sur le génial bassiste pour mener son groupe au sommet des charts.