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BLUES-ROCK  |  LIVE

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- Style : Grateful Dead, Cotton Belly's
- Membre : Jefferson Airplane, Jorma Kaukonen , Jack Casady

HOT TUNA - Double Dose (1978)
Par LONG JOHN SILVER le 22 Septembre 2016          Consultée 3450 fois

Une figure rhétorique revient assez régulièrement dans la prose des chroniqueurs musicaux de tous poils, celle évoquant la fameuse : « porte d'entrée (ou disque) permettant de pénétrer l’univers d’un artiste ». Généralement accolée à une compilation, plus rarement à un album, cette formule habile fait comprendre qu’en écoutant en priorité l’objet désigné, on pourra se faire une idée relativement précise sur son style, voire de son évolution.

Pareille introduction n’est pas ici écrite pour railler une formule commode. Nous sommes souvent en recherche de cette fameuse "porte d’entrée", cela afin de sensibiliser ceusses avides de découvertes. Aussi, nous chroniqueurs, nous mettons nous en quatre afin de titiller la curiosité des lecteurs, voire de leur indiquer des pistes qui leur auraient échappées. Concernant HOT TUNA, puisque voilà le sujet de la chronique, Double Dose, correspond plutôt efficacement à la définition de la dite "porte d’entrée". Or il s’agit d’un (double) live pour le coup. Ce qui semble a priori problématique. Voire contradictoire. HOT TUNA est un combo 70’s, Double Dose est publié en 1978, après la vague des doubles disques en concert légendaires (Space Ritual, Made In Japan, Frampton Comes Alive, Alive ! etc), donc légèrement en retard sur son époque puisque le monde de la musique vient d’essuyer la déferlante keupon. La New Wave, le Pub Rock d’un côté, ou encore l’AOR de l’autre, sont en passe de "ringardiser" les espèces – nées avant eux - qu’on considère (alors) comme fossilisées. De plus, ce double live constitue le chant du cygne (provisoire) du groupe fondé par Kaukonen et Casady en 1969, dont la séparation sera effective lorsqu’il s'insérera dans les bacs*.

Qu’y trouve-t-on ? D’emblée on se retrouve avec le seul Kaukonen, qui avait pris pour habitude de débuter les soirées live par un set acoustique. Ceux qui ont tout suivi savent que le premier effort publié par HOT TUNA est un disque acoustique en concert : une guitare, une voix et aussi une basse. Point de Casady ici pourtant. On se doute que les années ont pu éroder la complicité qui unit les deux musiciens. La performance du guitariste chanteur est - comme toujours - de haute volée. Quatre titres ont été retenus pour l’occasion, dont « Embryonic Journey », un instrumental figurant sur Surrealistic Pillow**, ainsi que « Killing Time In The Crystal City », une chanson qui ne figure sur aucun disque studio, mais qui sera reprise de nombreuses fois sur scène, bien après. « Winin’ Boy Blues » et « Keep Your Arms Trimmed And Burning » étaient présentes sur les deux premiers opus en concert du Thon chaud, leur placement en ouverture paraît déjà signifier que Jorma avait décidé de poursuivre sur une voie solitaire. Il n’en demeure pas moins que cette première face de vinyle apéritive est enchanteresse.

Le groupe au complet interprète les trois autres faces, soit onze chansons. Tout de même. HOT TUNA était connu pour délivrer des prestations fleuves, pendant lesquelles le groupe se laissait aller à de longues séquences improvisées, or sur ce témoignage il n’en n’est qu’assez peu question. Peut-être bien que l’époque de la publication de Double Dose explique cela. On remarque la présence Felix Pappalardi*** en qualité de producteur, qui a très probablement influé sur le rendu final. « Funky #7 », par exemple, ne dure ici "que" 8 :49, alors que les témoignages d’époque nous rapportent qu’elle s’étalait en public sur plus du double. L’utilisation des ciseaux n’est pas sûrement pas à écarter. Pire, il est question d’overdubs effectués au moment de la finalisation. Le disque est censé avoir été enregistré sur deux soirs dans un théâtre de San Francisco, les notes de pochette précisant qu’on a procédé à des enregistrements additionnels. Or, de tout cela, on n’a cure. On écoute et on est ravi, pour peu qu’on soit fan de Blues-Rock. La spécificité de Double Dose étant par ailleurs qu’il n'est en rien un banal best-of live. C’est l’aspect enveloppant de la musique du groupe qui est mis en valeur, le timbre chaleureux de la voix de Jorma, ses soli incandescents survolant la cohésion affichée par ses partenaires. Les claviers de Nick Buck (un fidèle accompagnateur sur scène depuis les débuts, ou presque) sont le plus souvent utilisés comme une seconde guitare, ils permettent au soliste de s’appuyer sur une trame solide. La section rythmique Casady/Steeler envoie du lourd, tout en maintenant un groove monumental.

Parmi les morceaux choisis, on note la présence de « Genesis », un titre merveilleux issu du premier album solo de Kaukonen, sans quoi le de recueil fait la part belle à Hoppkorv (six chansons). Quoi de plus naturel, il s’agit du dernier opus en date. Cependant la configuration "live", en dépit des éléments abordés plus haut, leur fait un bien fou, les titres respirent mieux ici qu’en "studio". « Talking Bout’ You », par exemple, gagne – certes - deux minutes supplémentaires, mais avant tout une ampleur qui lui permet de s’épanouir bien plus sûrement que sur la version dévoilée auparavant. La musique du Thon chaud a besoin d’espace. Les ballades Kaukoniennes sont bien représentées, on a évoqué « Genesis », mais on remarque également les splendides « Serpent Of Dreams » et « Watch The North Wind Rise ». Jorma excelle sur ce registre, on aurait eu tort de ne pas l’exposer autant.

C’est bien simple ce disque ne contient aucun instant faiblard, tout respire l’excellence, la belle ouvrage, le feeling, la droiture. Imprégnez vous de « Bowlegged Woman, Knock Kneed man », de « See The Light », de « Sunrise dance With The Devil », sans modération, cela ne pourra vous faire que du bien. Composé d’un gros tiers de reprises et de deux petits de compos originales, Double Dose permet de déguster une bonne ration des classiques toujours interprétés sur scène de nos jours, puiqu’en effet l’histoire reprendra dès 1983. Sur les planches. Car HOT TUNA est avant tout un groupe de scène, c’est pourquoi ce live est tant représentatif de sa carrière. Seul bémol, qui n’en est pas un en fait : aucune chanson de Burgers ne figure au programme. Pas si grave, il conviendra aux curieux de se ruer de toute urgence sur Double Dose ET Burgers, pour se faire une idée bien nette. Et après sur les autres, tout est bon dans le Thon !

* Le label choisira alors de publier une authentique compile de HOT TUNA en 1979 (Final Vinyl), avec au moins un extrait de chaque album, cela afin d’entériner la rupture. Cependant cette compilation, si elle ne contient que des bonnes choses, n’est rien d’autre qu’un objet de plus à caser dans une collec’
** Deuxième album de Jefferson Airplane publié en1967
*** Bassiste de Mountain, mais également producteur de Cream, un spécialiste du Blues-Rock, tendance Heavy donc

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Jorma Kaukonen (guitare, chant)
- Jack Casady (basse)
- Bob Steeler (batterie)
- Nick Buck (claviers)


- Disque 1
1. Winin' Boy Blues
2. Keep Your Lamps Trimmed And Burning
3. Embryonic Journey
4. Killing Time In The Crystal City
5. I Wish You Would
6. Genesis
7. Extrication Love Song
8. Talking 'bout You

- Disque 2
1. Funky #7
2. Serpent Of Dreams
3. Bowlegged Woman, Knock Kneed Man
4. I See The Light
5. Watch The North Wind Rise
6. Sunrise Dance With The Devil
7. I Can't Be Satisfied



             



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