Comme pour la majorité des groupes des sixties la traversée des années 1980 a été épineuse pour HOT TUNA. Jack et Jorma ont surtout employé leurs nombreux loisirs à faire du patinage sur les pistes glacées de Scandinavie. Aussi, quand en 1990 on trouve dans les bacs Pair A Dice Found, on a l’impression de tenir une relique, ou une réplique d’un combo qui semblait être passé par la trappe de l’histoire.

La pochette surprend, avec Jorma et Jack en cow-boys, et en arrière-plan un homme attaché et bâillonné.
La musique surprend de la même façon. Le blues qui a constitué l’ossature et la marque de fabrique du groupe est quasiment absent, au profit d’une approche plus commerciale vraisemblablement l’idée d’Epic la maison de disques, qui a relancé le groupe et qui compte en tirer bénéfice. Cet enregistrement marque surtout l’arrivée de Michael Falzarano dans l’orbite du groupe qui se taille la part du lion en composant cinq titres, contre trois seulement à Jorma Kaukonen.

Cet album, a été perçu à sa sortie comme une bouffée d’oxygène, enfin les groupes des sixties revenaient, certes c’était dur, mais les horribles années 1980 étaient derrière nous. Avec le recul pourtant force est de constater que l’ensemble est plus que moyen, on ne retrouve jamais la magie des premiers albums, ni le son fantastique du duo Jorma/Jack et plus étonnant la voix de Jorma a perdu quasiment toute originalité.

Mis à part "San Francisco Bay Blues" de Jesse Fuller et le protest-song "Eve of Destruction de Barry McGuire qui sont dans la continuité des anciens morceaux, les autres titres proposent un blues-rock avec un zeste de country (Michael Falzarano rejoindra plus tard The New Riders of the Purple Sage) pas désagréable, parfaitement joué et produit mais qui manque singulièrement d’originalité sans qu’on puisse d’ailleurs en imputer la responsabilité au nouveau venu qui fait office aussi de second guitariste même si on peut se demander en quoi une deuxième guitare est utile dans la musique d’Hot Tuna ?

Ce disque sera boudé pour les fans historiques du duo et on ne peut pas leur en vouloir. Il faut toutefois le prendre comme un redémarrage, après une décennie d’absence. Jorma et Jack revenaient à la musique, et Michael Falzarano apportera une aide précieuse aux deux compères dans le futur du groupe.
Car cet album remet en selle le groupe qui reprend les concerts, et c’est en live qu’ils ont toujours été les meilleurs !