14 ans ! C'est le temps qu'il aura fallu à nos camarades du pub d'Adelaïde pour se rabibocher et avoir envie d'en découdre ensemble à nouveau. Il faut dire que durant ce long intervalle, la carrière de Jimmy BARNES s'est carrément envolée, notre frontman énervé est devenu l'un des chanteurs de pop rock les plus appréciés au pays des kangourous. Ceci explique cela. Le talentueux chanteur guitariste Ian Moss a lui aussi débuté une carrière solo avec un succès méritoire. Du coup, évidemment, le burin est plus froid que jamais. Pourtant, on leur a fait des offres mirifiques : 5 millions de dollars pour 5 concerts dans les capitales aussies. Rien n'y fait. Jusqu'en 98...

L'appétance est venue sans raisons. Les gars ont porté une centaine de chansons avec eux, et le contrat avec Mushroom stipulait une liberté totale de créativité. L'enregistrement se fait de manière quasi live, tous en même temps. Une situation particulière. Don Walker prétend qu'il manquait de matériel, mais au final, il donne plus de la moitié des titres à ce long album.

Cela nous donne à nouveau un album extrémement entraînant, mais nous n'en doutions guère. Et dans le genre qui déménage, on sait que les Australiens ne sont pas de grands timides. On débute avec du Rock'n'roll de noble extraction sur "Yakuza girls", toujours la même efficacité, toujours la foi ! On soulignera la lancinante et bluesy "Mr crown prosecutor", le chant agressif de Barnes, superbement réalisée. Et puis, les gars se sont dit que vu qu'AC/DC ne faisait plus trop le job, ils s'offrent de les remplacer au pied levé sur "Baby's on fire" - et on peut rajouter "Pretty little thing" - Ecoutez ça, c'est bluffant, il ont même mis les choeurs, jusqu'à Ian Moss qui singe Angus à la gratte. Jouissif !

Cependant, ils ont tous un peu pris de la bouteille et la superbe "Bal-a-versailles" nous introduit subrepticement dans une ambiance smooth de chez smooth à la Chris ISAAK, avec juste ce qu'il faut de mainstream pour en faire un must, sans vendre pour autant son âme au diable. D'ailleurs, l'éponyme "The last wave of summer" doit tout au piano bluesy de Walker, on est complètement immergé dans le fond de commerce du burin. Du rock de grande qualité sans prise de tête et toujours original. Dès que le slow devient Hard, le hammond crée une sensation lancinante de superbe extraction, entre le PURPLE et le HEEP.

"The things I love in you" penche plus ver l'AOR, même si comme à l'écoutumée, la voix de Barnes emporte le morceau vers d'autres horizons et en fait un titre de grande qualité. Les mecs ont cependant quelque peu péché par excès sur cet album en voulant le remplir à ras bord. Evidemment, tout ne pouvait pas être du même niveau, et certains titres sont légèrement en deçà, on pense notamment à la médiocre ballade "Water into wine" qui manque singulièrement de relief. On peut de même évoquer la poppy "Way down", chantée par Ian, "Angels in my room" qui n'est pas vilaine, mais qui ne vous tirera pas non plus des envies d'aller vider quelques pintes au pub local.

On est franchement heureux de retrouver nos camarades australiens en pleine forme. Toutefois, j'aurais privilégié une version expurgée de l'opus, la rendant ainsi efficace et directe, à l'image de leur musique sans fioritures. On reste cependant dans la qualité propre au burin, qui ne se démentira finalement jamais. Un retour sympa mais qui ne débloquera guère la situation, puisqu'il faudra attendre à nouveau 14 longues années pour voir les mecs se réunir et balancer la sauce !