Pendant très longtemps, je n’avais pas compris Still Life. Moins fou, moins immédiat, moins captivant que les opus précédents, les colossaux Pawn Hearts (1971) et Godbluff (1975). Voilà une erreur classique signée par un mélomane ne s’intéressant qu’en surface à la musique. Une erreur...

Avec Still Life, VAN DER GRAAF GENERATOR perd en énergie ce qu’il gagne en ambiance. Dit comme ça, ça peut paraître ridicule, mais il faut bien comprendre qu’avec cet opus, le quatuor ne fait que mieux parler à l’esprit, avec une amertume musicale qui n’est que l’enrobage parfait pour des paroles tranchantes et toujours plus marquantes. Et puis, quand on y pense : Still Life moins énergique, moins furieux ? Quiconque pense ainsi de cet album n’a jamais écouté "La Rossa", dont les moments les plus furieusement cliniques sont dignes de Godbluff, ou "Childlike Faith in Childhood’s End", plus mesuré mais pas moins épique et musicalement débridé. "Pilgrims" joue d’emblée le jeu du morceau épique recelant cependant une vision plutôt... optimiste bien que spéciale de la vie. Une vision de toutes façons balayée par le morceau-titre, sans doute le plus désespéré et noir de l’âge d’or de VdGG, au moins. Oui, vraiment, quand Hammill déclare que sa musique n’est pas faite pour les dépressifs, je gage qu’il pensait à Still Life.

Il en faut, du temps, pour comprendre et apprécier certaines oeuvres, et Still Life fait partie des albums qui méritent d’emblée une seconde chance en cas de rejet initial, à plus forte raison si l’on a aimé les précédents méfaits du groupe. Tout n’est alors qu’une question de goût. Pour ma part, je ne goûte que peu à "My Room", trop monotone malgré des digressions intéressantes au saxophone. Ceci étant, je fais la fine bouche. Et puis... Still Life, c’est aussi le dernier essentiel du Générateur. Hélas.