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ROCK  |  STUDIO

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- Membre : Hiromi, Roger Daltrey , John Entwistle , Keith Moon, Pete Townshend
- Style + Membre : The Best

The WHO - Tommy (1969)
Par MR. AMEFORGÉE le 16 Mars 2007          Consultée 18195 fois

Il était une fois un enfant, qui, après avoir vu son père, présumé mort à la guerre, revenir à la maison et trucider le nouvel amant de sa mère, devient sourd, muet et aveugle parce qu’on l’enjoint d’oublier le crime. Devenant tributaire des autres, il est torturé par son cousin Kevin et abusé sexuellement par son oncle Ernie. Ses parents, qui sont gentils, eux, essayent divers traitements pour soigner sa perte sensorielle : la religion, les drogues hallucinogènes, la médecine, laquelle finit par déterminer une raison psychosomatique au problème (sans blague !). Pendant ce temps, le bambin devient champion de flipper (parce qu’il a le dos fin). Finalement, la maman en a ras le bol de cornflakes et brise un miroir devant son fils atone, ce qui le libère enfin. Le jeune homme devient ensuite gourou pour transmettre son expérience trop pure à l’humanité. En vain… Et il vécut et on ne sait pas s’il eut beaucoup d’enfants.
Vous trouvez cette histoire tirée par les cheveux, digne d’un Euripide sous LSD ou d’un Lewis Caroll perfusé à la moquette ? Voilà, c’est Tommy.

Si les Who commençaient à affirmer un sens de l’innovation avec leur précédent album, un important palier est franchi ici. Tommy est ambitieux, barré, paraît même sur le papier hautement improbable, et pourtant, cela nous donne finalement l’un des tous premiers opéra-rock, à la fois vrai succès artistique et commercial. L’album, presque complètement composé par Pete Townshend et produit par Kit Lambert, à l’influence notable pour la couleur grandiloquente, s'étend sur une durée de 75 minutes, double LP à l’époque.
La qualité de Tommy est indéniable : gorgé de trouvailles, il fait preuve d’un raffinement appréciable. De fait, si ses atours musicaux sont résolument rock, il n’en arbore pas moins des apprêts ciselés, qui atténuent l’énergie brute au profit d’une forme d’équilibre entre clarté et densité. Dans cette perspective, Roger Daltrey met de côté sa hargne naturelle et tend à chanter avec davantage de douceur, plaçant sa voix plus haut, ou tout simplement laissant sa place aux autres membres du groupe (qui sont des agneaux, en comparaison) : on en trouve quelques exemples avec un « 1921 » plutôt réussi, chanté par un Townshend nuancé, ou un « Cousin Kevin », interprété par Entwistle. Les harmonies vocales, qui s’organisent régulièrement en chœur, confèrent une dimension assez pop à l’ensemble.
Pareil, au niveau de la guitare, si Townshend n’abandonne pas ses fameux power chords, il développe en sus un jeu rythmique à la guitare acoustique, souvent arpégé. Seule la section rythmique paraîtra épargnée, Moon continuant de délivrer ses redoutables « roulements » à la batterie et Entwistle se taillant, à quelques moments opportuns, une part de lion : en exemple, on peut songer au début vrombissant de « Sparks ». Les arrangements, particulièrement travaillés, partagent donc la vedette avec la force rock : outre les chœurs et autres overdubs de guitares de différents types, les Who essaiment jeu de clavier et usage de cor. Bon, soyons honnête, si on pourrait être tenté de parler de dimension « orchestrale » au sujet de Tommy, c’est en y mettant au préalable moults guillemets, l’adjectif signifiant plus « subtilité d’arrangements » que « symphonique ». A ce titre, l’ « Overture », introduction quasi instrumentale, qui expose pour l’occasion les nombreux thèmes qui seront développés par la suite, peut être vu comme une synthèse caractéristique de l’album : la force rock alliée à un raffinement ouvragée (osons le terme mégalomane ?).
Maintenant Tommy a aussi un problème, qui est, pour ainsi dire, afférent à sa nature d’opéra-rock : il est lourd. Trop long, trop chargé. Et si quelques morceaux se montrent singulièrement intéressants, la fin s’avère quand même particulièrement éprouvante, tout comme l’instrumental « Underture » (terminant le 1er LP sur le pressage original), qui réexploite le matériau de l’Ouverture, sur dix nouvelles minutes (allez, les trois premières minutes sont sympas). Bien sûr, des titres comme l’inévitable et bondissant « Pinball Wizard » ou bien l’accrocheur « Acid Queen », doté d’un refrain terrible soutenu par une batterie en béton, plaident en faveur d’une certaine clémence. Pour tout dire, le premier LP est excellent (évoquons aussi « Eyesight to the blind (the hawker) », avec son balancement de breaks rythmique). Mais ça devient laborieux par la suite. Comme le dit un proverbe péruvien : « le mieux est l’ennemi du bien ». D’accord, l’entraînant « Go to the Mirror ! », ou à la limite « Sally Simpson », teintée d’accents gospels, demeurent appréciables. Mais que dire du conclusif « We’re not Gonna Take It », rébarbatif au possible, qui n’est tout simplement pas à la hauteur de ce qu’on est en droit d’attendre d’un final ? Ou bien du funkisant « Smash the Mirror » ?

Ainsi donc, Tommy est un bon album, il n’y a pas à pinailler là-dessus. Incontournable, il l'est, au sens où il demeure une référence clé de l’histoire du rock, qui a pour une part indéniable contribué à forger la notoriété du groupe. Mais tout comme le Mur de Pink Floyd (dans un degré nettement moindre, toutefois), il souffre de son ambition, qui en fait une sorte de gros gâteau riche en glucides, délicieux mais archi-bourratif, limite écoeurant sur la longueur. Heureusement, les Who ne posent le pied ici que sur la première marche de l’escalier qui les mènera à leur zénith créatif. Who’s Next et Quadrophenia, en forme d’Everest musical, ne font que se profiler à l’horizon.

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   MR. AMEFORGÉE

 
   MARCO STIVELL

 
   (2 chroniques)



- Roger Daltrey (chant)
- John Entwistle (basse, cor, chant)
- Keith Moon (batterie)
- Pete Townshend (guitare, claviers, chant)


1. Overture
2. It's A Boy
3. 1921
4. Amazing Journey
5. Sparks
6. Eyesight To The Blind (the Hawker)
7. Christmas
8. Cousin Kevin
9. The Acid Queen
10. Underture
11. Do You Think's Alright
12. Fiddle About
13. Pinball Wizard
14. There's A Doctor
15. Go To The Mirror!
16. Tommy Can You Hear Me?
17. Smash The Mirror
18. Sensation
19. Miracle Cure
20. Sally Simpson
21. I'm Free
22. Welcome
23. Tommy's Holiday Camp
24. We're Not Gonna Take It



             



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