Brillant, ce premier album de SATAN JOKERS !
Au sein d’un mouvement Heavy Metal en plein renouveau, alors que les chefs-d’œuvre commençaient à pleuvoir d’un peu partout, les franciliens déboulaient avec un premier opus fort bien troussé et joliment inspiré.

Pourtant, mon premier contact avec le groupe avait été moyen : une apparition TV en playback (sur Antenne 2 de mémoire) où ses membres s’étaient présentés exagérément lookés et avaient trouvé le moyen de jouer le moins bon titre du premier album, "En partance pour l’enfer".
Heureusement, tonton zézé a vite remis les pendules à l’heure en diffusant abondamment le superbe "Quand les héros se meurent" qui m’a convaincu d’acheter l’album.
Et la découverte fut plus qu’heureuse, tant ce premier opus Les fils du métal recèle de grands moments et portait à l’époque les grandes promesses d'un groupe que je pensais alors voué à devenir énorme.

Il y a beaucoup de points positifs à retenir de cet opus, mais commençons par les bémols : un côté encore assez artisanal, comme en témoigne la pochette, un son un peu brouillon, notamment la guitare un peu caverneuse et grinçante de Stéphane Bonneau. Le chant est également perfectible, Pierre Guiraud manque encore de maîtrise alors que le décalage avec la voix de Renaud Hantson, beaucoup mieux posée mais atypique dans le style, crée des contrastes intéressants mais potentiellement risqués. Et puis le groupe dévoile une certaine tendance à se la péter, même si ce syndrome sera bien plus marqué dès l’album suivant.

Pour le reste, c’est du tout bon : la section rythmique est mortelle, mention spéciale à la basse aventureuse de Laurent Bernat et à la technique de batterie impressionnante de Renaud Hantson, alors que les riffs et solos de guitare sont de grande qualité.
Les compos sont bien carrées et très accrocheuses, avec souvent d’excellents refrains et des passages musicaux très réussis. Au petit jeu des préférences, "Fils du métal" est un hymne quasi parfait, "Quand les héros se meurent" un titre épique du meilleur effet, et "Les forces maléfiques" un instrumental qui déchire.
Mais j’aime aussi beaucoup "Tokyo Geisha" au superbe refrain, "Age de confusion" avec son superbe break et son clin d’œil à l’année 2023 (à quarante ans de là à l’époque, ce qui semblait une éternité) et même "Derrière les portes closes" et "Le fouet", à condition de les prendre au second degré, ce qui ne semblait pas devoir faire de doute à l’époque. "Samuraï" et "Offrande charnelle" sont également de bons titres.

Cette première offrande possédait bien toutes les qualités pour faire de nos JOKERS les dignes dauphins de TRUST sur la scène métal nationale. La suite fut moins glorieuse, on le sait, mais ce premier album reste une belle réussite qui mérite bien une note à l’avenant.