L'année 1983 est celle de l’émergence de la seconde vague du Hard-Rock français. SATAN JOKERS, BLASPHEME, SORTILEGE, H-BOMB et HIGH POWER sortent leur premier album.

Dans le cas des 'bouffons de Satan', ce disque est fort attendu par les fans qui ont déjà eu l'occasion de découvrir les morceaux qui composent Les fils du Métal sur scène. Son accueil par le public est donc à la hauteur des espérances du groupe. Il n'en va pas de même de la presse qui peine à accepter le style assez particulier d'un groupe qui n'hésite pas varier les tempos et à piocher dans différents univers musicaux, le tout avec une attitude qui verse dans la provocation, du moins ne se satisfait pas de la demi-mesure et de la modestie. En deux mots, en 1983, SATAN JOKERS ne laisse pas indifférent, on aime ou on déteste.
Si le groupe parisien est composé de musiciens talentueux, il évolue alors un peu en marge de ses confrères. D’une part, le niveau technique de ses membres est nettement supérieur à celui de la majorité des autres formations. D’autre part, il est le seul (à ma connaissance) à posséder 2 vocalistes aux styles si complémentaires. Les chants de Pierre Guiraud et de Renaud Hantson qui se marient en effet à merveille permettent au combo de faire une large utilisation des chœurs, une des marques de fabrique du groupe, comme en témoignent "Derrière les portes closes" et "Tokyo Geisha".

Après une courte intro, qui semble inspirée par Sergio LEONE, le groupe propose des compos qui s'avèrent assez homogènes, oscillant entre un Heavy assez lourd ("Les fils du Métal") et des parties presque speed ("En partance pour l’enfer"), l’ensemble s'avérant très efficace.
Quel que soit le style abordé, cet album présente des chansons finalement assez complexes, les morceaux ayant des structures très recherchées qui font la part belle aux breaks, aux parties instrumentales et aux sonorités un peu inhabituelles ("Le fouet"). Si, sur le plan musical, il est encore totalement impossible d’imaginer la claque que sera le second album, quelques textes portent (malheureusement) déjà la griffe de celui-ci en mettant l’accent sur des paroles machistes d’un goût assez discutable.
Clairement, la maturité n'est pas le maître-mot de cet opus, comme le démontrent l'horrible pochette, le titre du disque et certaines paroles. Mais, c'était exactement ce dont nous recherchions à cette époque : de la provocation, de l'excès, de la folie, le tout réalisé avec un savoir-faire et une maîtrise instrumentale indéniable.

Vingt ans plus tard, il semble que SATAN JOKERS, notamment avec son second album, ait mûri beaucoup plus vite que son auditoire. Au final, il s'agit d'un très bon album (surtout pour l’époque) dont le côté très Heavy permet de mieux comprendre la surprise que provoquera la découverte de son successeur.

3.5/5