Près d'un quart de siècle après le split du groupe, et trois ans après la sortie d’un album live, Renaud HANTSON, seul maître à bord, déterre dix-neuf titres liés à SATAN JOKERS. Comment interpréter ce regain d’activité qui coïncide avec la reformation d’autres groupes de la scène Hard Rock française des années 80 et avec la création du Paris Metal France Festival l'année précédente ? Est-ce la crise de la quarantaine qui pousse le public à se pencher sur tout qui lui est jeté en pâture et qui a l’odeur de sa jeunesse ? Peu importe, savourons plutôt ce cadeau que l'on n'espérait plus.
Il ne faut cependant pas considérer cet album comme le quatrième des Bouffons diaboliques. Son aspect est bien trop hétéroclite et inégal pour qu'on ne voit là qu’un assemblage de documents très variés. Tant par leur nature que par leur intérêt : 3 démos inédites, 1 démo d’un titre ancien, 2 reprises inédites, 1 titre réenregistré, 11 morceaux live et 1 titre hommage à feu Laurent Bernat.
Néanmoins, le résultat est assez heureux, premièrement du fait de la présence de démos inédites datant de 1985 ("Action", "Quand la nuit est tombée", "La dame en noir") et d’une démo d’un titre ("Le possédé") qui sera utilisé finalement pour deux futurs titres : la musique servira de base à "La marche hérétique" et les paroles à "Adrien". En l’état, ce morceau assez moyen laisse entrevoir le travail effectué sur leur second album tant il est éloigné de la forme sous laquelle il sera/seront finalement enregistré.

Comme d’habitude, la basse et la batterie sont monstrueuses ("Action", "Le possédé"). A l’écoute de ces morceaux, on comprend mieux la présence de Renaud HANTSON dans le classement des quinze meilleurs batteurs Hard Rock faite par le magazine MUZIQ en janvier 2009. Il est vraiment dommage que ces petites pépites brutes n’aient pas bénéficié d’une production à la hauteur de leur potentiel. Il est surprenant de constater que sur celles-ci l’équilibre entre les deux chanteurs n'est fort que dans le dernier album du groupe.
Les deux reprises, "The Jean Genie" de BOWIE et "Gimme Some Lovin’" de The SPENCER DAVIS GROUP, sont assez dispensables, au même titre que le "Get It On" de T-REX présent sur l'album III). C'est assez surprenant si l'on considère la qualité des reprises que Renaud HANTSON réalisera plus tard avec FURIOUS ZOO.

L’intérêt de nouveaux titres live aurait pu sembler assez faible, surtout trois ans après la sortie de Best Of Live. Mais là, grosse surprise, sur les onze titres proposés, neuf ne sont pas présents sur ce dernier. Plus intéressant encore, "Mort En Sursis" est quand à lui totalement inédit. Ce titre est pourtant très représentatif de la formule SATAN JOKERS. Les parties de chant sont bien partagées ente Pierre Guiraud et Renaud Hantson. La section rythmique est époustouflante de qualité et le morceau alterne les ambiances.
Enfin, la version 2008 de "Sorcier" (initialement sur l’E.P III) est très correcte. L’accent a été mis sur les guitares qui sont ici très tranchantes, alors que les voix semblent bien moins 'démentes' que celles de la version de 85.
Ce recueil se clôt de manière surprenante par un instrumental inédit, "Laurent’ Song", écrit et enregistré pour l’occasion en mémoire à Laurent Bernat, décédé en 2004. Si la démarche est louable et le résultat très bon, le style est totalement en décalage avec le reste du disque et l'univers, pourtant très vaste, de SATAN JOKERS. A l'exception d'un passage, ce titre est en effet bien trop propre et trop sage pour mériter de figurer ici. Cela ne retire rien à la qualité de ce morceau qui laisse les guitares et la basse, tenue pas l’excellent Pascal Mulot (P. RONDAT, et futur SATAN JOKERS), s’en donner à chœur joie. Mais ce morceau est définitivement plus dans l’esprit de MULOT que celui des JOKERS.

Voilà un disque destiné avant tout aux fans purs et durs du groupe. Si, globalement, le contenu s'avère assez convenu, le dernier titre pouvait donner quelques inquiétudes quant au projet de Renaud HANTSON de sortir en 2009, un disque de nouvelles compositions sous le nom de SATAN JOKERS.
L'avenir nous prouvera qu'il n'y avait pas lieu de douter et que cette compilation ne permettait pas d'imaginer les très belles choses que le groupe avait encore à nous offir.