Cet album live sensé clôturer la carrière de SATAN JOKERS est sorti initialement en septembre 2023.
Mais, « suite à un gros bordel informatique » pour reprendre les mots de Renaud HANTSON, la version numérique disponible sur les plateformes d’écoute en ligne n’est accessible que depuis mars 2024.
Ce double album se compose de douze titres enregistrés en live et de dix-sept versions « anglaises » de différents morceaux du groupe.

Le son du live est un peu rêche, mais tout de même bien plus agréable et plus dynamique que celui que l’on trouvait sur Live Bootleg, paru en 2014. De ce fait, l’accent semble plutôt mis sur la facette la plus Heavy du groupe.
Et ce, même si le set commence avec "Sorcier", une chanson qui fait la part belle au groove. En effet, de très nombreux titres sont assez véloces et Heavy. Il suffit de se pencher sur "Fetish X" pour s’en convaincre. Le groupe se lâche et se montre impressionnant de puissance et de percussion. A tel point que l’on sent parfois que Renaud HANTSON pousse sa voix dans ses limites. Les musiciens nous en mettent plein les oreilles, avec notamment un solo frénétique de l’excellent Michael Zurita. Une bien belle version, où seuls les chœurs apparaissent un peu chiches.
Cette orientation Heavy est également particulièrement sensible sur le percutant "USA" dans lequel le groupe lâche les chevaux.

Comme toujours en concert, "Quand les héros se meurent" est une pièce maitresse et imparable qui fait inlassablement son effet. L’alternance de parties très douces et de cavalcades effrénées fait de ce morceau un incontournable en concert, et un moment toujours aussi jouissif. Un autre moment d’anthologie est à mettre à l’actif du final sur "Les fils du Metal", avec cette basse vrombissante et ce riff implacable.
Mais cela ne doit pas faire croire que seuls les anciens morceaux de SATAN JOKERS, ceux des années 80, font mouche. Car le groupe nous assène de belles claques avec les très convaincants "USA (Union Sacrée des Assassins)", "Appétit pour l’autodestruction", "MILF" et "Promis". Même si l’interprétation de ce dernier aurait pu mettre un peu plus l’accent sa diversité en variant les ambiances.
En parallèle aux titres proposés, nous avons droit à un, relativement, court solo de basse durant lequel Pascal Mulot s’amuse a revisiter METALLICA, Michael JACKSON, Jimmy HENDRIX, EARTH WIND & FIRE… Ainsi qu’à un solo de Michael Zurita qui flirte avec Eddy VAN HALEN, C’est à chaque fois l’occasion de constater à quelle point cette formation est solide.

La (petite) déception vient peut être du fait que la partie Live ne comporte finalement que dix véritables morceaux, ce qui est un peu léger au regard de la fantastique discographie du groupe. Et l’on ne peut que regretter l’absence de tubes de la trempe de "Euphorie", "Une semaine en enfer", "Professionnelle", "VIP HIV", "Serial Killer", "Mouroir" qui ont un formidable potentiel en live. Ou bien des titres plus anciens.
Mais on peut également se réjouir de ce chouette, bien qu’un peu court, témoignage de la classe du groupe en concert.
Du côté des versions en anglais d’anciens morceaux de SATAN JOKERS je dois avouer que l’exercice ne me semblait pas vraiment digne d’intérêt de prime abord ; proposer des titres déjà connus avec pour seul changement un chant en anglais, pour un groupe qui a annoncé arrêter sa carrière, quelle peut bien-être l’objectif ? Pourtant, d’un point de vue strictement artistique, le résultat se révèle plutôt être au-dessus de mes attentes.
A priori, seules les piste de chant ont été actualisées, la trame musicale des morceaux restant celle d’origine.
Et sans que l’on puisse parler à proprement de traduction mot à mot, nous en sommes pas très loin. Mais Renaud HANTSON s’en tire plutôt bien en parvenant à conserver la musicalité et l’agressivité de son chant. Ce, en étant assez crédible en termes d’accent. Tout au plus peut on dire que, sur certains passages, la diction reste assez globale et manque de précision, sans que cela n’entache la musicalité de l’ensemble.
La déception vient plutôt du choix de certains morceaux que je considère comme moins essentiels. Ainsi,
"Fight" ("Combat"), "Dirty Tricks" ("Hypnotiseur"), "Nearly Human" ("Presque humains"), tous tirés de [SJ2009 et de Fetish X, ne me semblaient pas être des priorités pour cet exercice. Bon nombre de morceaux plus marquants et oubliés aurait mieux fait l’affaire.

Si le format est intéressant, mon seul regret est que le groupe n’en ait pas profité pour réenregistrer le mini-album III qui n’est toujours pas disponible en version numérique (et n’a pas été réédité en CD à ma connaissance). Cela aurait été plus qu’un cadeau bonus, cela aurait été presque une finalité en soit.
Quoiqu’il en soit, et comme beaucoup de choses qui touchent SATAN JOKERS, ce Pas fréquentables est tout à la fois une très bonne surprise inattendue, et une nouvelle petite écharde planté dans nos espoirs de voir le groupe nous proposer dans le futur un nouvel album original. Nous n’y croyons plus trop, mais chaque nouvelle offrande ravive en nous l’espérance.