Ralf und Florian, ou le vrai départ d'une grande carrière.
Le talent de KRAFTWERK, bien que d'apparence limité comparé aux autres groupes de krautrock, ne s'était voir que timidement sur les deux premiers albums. Cette fois, ça ne rigole plus, le monde entier (enfin, l'Allemagne pour l'instant) allait voir ce que peuvent faire deux braves teutons plein d'idées.

Sur Ralf und Florian, presque rien n'est à jeter. La première chose qui saute de suite aux oreilles, c'est le son. Il est enfin propre, il ne vrille plus les oreilles. Conny Plank a une fois de plus été à la hauteur de sa réputation. Chaque morceau contient de quoi être particulièrement attachant ("Elektrisches Roulette", "Heimatklange") ou bien des structures impressionnantes (Kristallo). En voulant vraiment être tatillon (pour rester poli), la flûte sur "Tongebirge" sonne un peu trop fort à rapport au reste, mais bon, cela reste cohérent par rapport au titre de la chanson.
Mais le morceau phare de Ralf und Florian, celui qui rend sa présence incontournable dans toute discothèque qui se respecte, s'appelle "Kristallo". Alors oui, ce n'est pas le meilleur morceau de krautrock, d'autres contemporains peuvent prétendre être bien au-dessus. Il n'empêche, voilà une démonstration de force avec une mélodie cristalline (hé ouais) exceptionnelle qui fait des merveilles. Dans le même domaine, "Tanzmusik" fait également plaisir à entendre. Pour ce qui est de la danse, on repassera, mais dans l'ensemble, les séquences déployées associées à des bruitages fort pertinents forment un ensemble cohérent et agréable.

Ralf und Florian aurait pu être un album de génie, le vrai premier sommet de KRAFTWERK. Malheureusement, le morceau final, "Ananas Symphonie", vient pour ainsi dire tout foutre en l'air. Moins d'un quart d'heure de remplissage indigent, il y a de quoi fulminer. Mais le reste de l'album reste éminemment recommandable, et préfigure bien le futur du groupe.