L'usine KRAFTWERK commence à prendre son envol. Bien qu'elle continue toujours de produire des plots de signalisation routière (le logo présent sur la pochette de ce troisième album en atteste), la voilà qui se décide enfin à percer le marché musical avec un album enfin réussi. Nos ingénieurs électroniciens allemands, très fiers de leur nouveau prototype, posent donc fièrement pour la postérité le temps d’une photographie amenée à devenir la pochette de l’album, nous laissant contempler avec perplexité les visages ahuris de nos deux lascars.

Oh non cependant, Ralf Und Florian n'est pas l'album de la maturité. Pas encore. Mais c'est clairement le premier album réussi de notre sympathique duo germanique. Pourquoi ? Eh bien tout simplement, parce que nos deux petits gars ont enfin compris comment tirer un parti intéressant de leurs expérimentations sonores.

Les guitares distordues et bourrées d'effets ont presque disparu, les percussions électroniques investissent l'espace, les flûtes de Florian Schneider sont certes toujours là, mais le résultat est impressionnant : une musique aérienne, ambiante, presque orchestrale et déjà mélodique, certes toujours expérimentale mais enfin accessible. Ralf Und Florian, album à mi-chemin entre le krautrock des débuts du groupe et la pop électro-industrielle de leur carrière à venir, se pose comme un album du tournant.

Tout n'est pas parfait, évidemment : les sonorités hawaïennes un peu rébarbatives de la fameuse "Ananas Symphonie" qui clôt l'album sont à oublier, très franchement. Mon cher et estimé collègue Saskatchewan l'a parfaitement résumé : on échangerait bien ce dernier morceau contre "Kling Klang", le très réussi morceau d'ouverture du précédent album, Kraftwerk 2 (1972). Mais bon allez, ce n'est pas bien grave.

Avec ce troisième album enfin à peu près abouti, KRAFTWERK pose les bases de ses futures œuvres cultes, et notamment de sa première grande pierre fondatrice, Autobahn, qui sortira l’année suivante.

À rédecouvrir.