En 1975, Jeff BECK décide de se réinventer dans un style jazz-rock instrumental totalement nouveau par lui. Cette démarche va lui permettre de se régénérer en quittant son cocon blues-rock, genre dans lequel il n’avait plus grand-chose à prouver. Pour l’aider dans cette aventure, Jeff va savoir s’entourer : Georges Martin (producteur d’un petit groupe de Liverpool), Stevie Wonder et Max Middleton. Cette "dream team" va accoucher d’une œuvre superbe qui n’a pas pris une ride et qui reste de mon point de vue le sommet de la carrière discographique de Jeff.

Le travail de production tout d’abord est fantastique. Georges Martin dote l’enregistrement d’un son moderne et d’une clarté incomparable : chaque instrument trouve parfaitement sa place, mention spéciale évidemment à la guitare de Jeff qui brille de mille feux, et aux claviers de Max Middleton, mais la section rythmique fait également un travail remarquable. Il orne en outre le formidable et vertigineux "Scatterbrain" et le fabuleux et intense "Diamond Dust" d’arrangements de cordes absolument splendides, écrins sur lesquels Jeff vient poser ses notes merveilleuses. Par ailleurs, les transitions entre chaque morceau ont été travaillées pour que l’album s’écoute d’une traite, sans interruption, ce qui lui octroie une touche singulière et unique dans ce genre musical à ma connaissance.

Stevie Wonder n’est pas en reste, puisqu’il offre à Jeff le merveilleux "Cause We’ve Ended as Lovers" sur lequel le jeu lyrique et sensible de Jeff fait des merveilles et qui deviendra un de ses grands classiques. Il compose également "Thelonius" au groove trépidant sur lequel Jeff vient poser une rythmique funk matinée de wah-wah du meilleur effet.
Max Middleton, enfin, fait un travail fantastique sur les claviers avec des sons aucunement datés (contrairement par exemple à ceux de Jan Hammer sur les albums suivants) et une participation à la composition de 4 titres tous très réussis.

A noter également une reprise originale et très réussie du "She’s a Woman" des BEATLES, qui inspire particulièrement Jeff qui réalise un festival de plans de grande classe.
Il n’est pas nécessaire d’analyser chaque titre en détail pour comprendre que Jeff a trouvé un nouveau souffle et parfaitement engagé ce virage vers un style de musique lui permettant d’expérimenter et d’exprimer pleinement son génie de la guitare. Rien que pour cela Blow by blow mérite la note maximale.