Commençons par le titre de cet album, voulez vous ?
Normalement hit and run ça signifie délit de fuite, ou attaque éclair. Foutage de gueule ? Ce ne serait pas nouveau de la part de son altesse sérénissime me direz vous ? Oui mais là, il a mis les bouchées doubles, si j’ose dire.

Parce que – mise au point – Prince est un authentique génie, encore maintenant, sur scène c’est le meilleur. Oui mais, encore oui mais... Depuis Grafitti Bridge – premier faux pas royal -, le songwriting fait étalage de grosses lacunes. Allez, Diamonds And Pearl et son suivant appelé Love Symbol, étaient bien trop longs et limite boursouflés mais contenaient de sacrées bombes, mais après, au secours… Come entamait une longue et quasi ininterrompue série d’albums au niveau moyen très médiocre, pourtant on trouvait de temps en temps quelques titres qui rappelaient qu’on avait affaire à un musicien hors normes.

Malheureusement le gaillard est en roue libre depuis des lustres et il n’y va pas avec le dos de la cuiller, on peut même dire qu’il met des moyens pharaoniques pour célébrer sa splendeur en enquillant plus de trente secondes de samples revival avant un « Million $ Show » qui ne sert à rien, sinon à remplir. Déjà. Les titres s'enfilent sans temps morts, échantillonnés sur des enchaînements parfois sans queue ni tête comme entre « Hard Rock Lover » et « Mister Nelson » (bah voyons). Le son regorge d’ambiances Beyoncesques, Rihanesques et aussi Daftpunkesques, il n’est qu’à se brancher sur la discoïde « Fallinlove2nite » pour s’en apercevoir. Inutile de latter sauvagement ce titre, les mots manquent, mais on se demande bien où, mais alors où sont passées les chansons ? Car après tout l’art pop, permet de puiser dans la culture de masse, pour éventuellement la détourner, soit, mais alors il s’agit tout de même de faire autre chose que de seulement faire joujou dans son studio. Même brillamment. Même avec l’aide d’un producteur fantôme.

Il y a bien deux trois choses qui nous rappellent que ce type a de la classe, comme cette petite rythmique de guitare sur « Like A Mack », moment sympa, ou ces quelques notes jouées lead sur « « Hardrocklover » et sur le final de « Mr. Nelson » », quand on entend des choses simples, qui sonnent simplement. Ces titres sont par ailleurs des moments intéressants de remplissage. Sinon on t’en met plein la vue comme pour mieux noyer le poisson.

Parce qu’au fond, après écoutes, c’est pas tant le fait d’avoir espéré être agréablement surpris qui est le plus décevant. C’est de se dire que dans cet album ne figure rien de bien mémorable. Une fois de plus.