Voilà plus de 40 ans qu’il me bassine, cet album. Non pas qu’il soit mauvais, loin s’en faut, mais sa célébration extatique me casse aujourd’hui autant les pieds que l’incroyable rabâchage auquel nous fûmes soumis à l’époque, sommés de nous incliner devant ses trois imparables tubes, et bien évidemment le clip de John Landis (cinéaste que j’adore par ailleurs et dont peu des thuriféraires de l’époque devaient connaître le reste de l’oeuvre). Et puis il y a désormais ce titre de 'roi de la pop' répété à l’envi dès qu’on parle de M.J : je ne sais pas de quand il date, mais certainement pas de la sortie du disque, Thriller était alors catalogué dans le style Funk, ce qu’il est objectivement.

Alors bien sûr, cet album est touché par la grâce du solo de gratte de "Beat It" torché par l’immense Edward Van Halen contre un pack de bière, sublimé par le travail d’orfèvre de Quincy Jones et la participation classieuse des frères Porcaro et de Steve Lukather de TOTO. Mais en dehors de ses trois immenses tubes, auxquels on peut presque ajouter "Wanna been Startin’ something", malgré l’emprunt fait à Manu Dibango, le reste est souvent soit mièvre, soit anecdotique. C’est le cas notamment du bien fade "The Girl Is Mine" troussé par Michael pour chanter avec Paulo Macca qu’il aurait mieux fait de laisser composer.

Et puis, sur cet album, aussi grand artiste que soit indéniablement M.J (je ne vous parle pas du personnage qui aurait fini ses jours en taule sans son fric), apparaissent des tics vocaux qui deviendront bien crispants à la longue : les fameux 'hi hi hi' que je ne supporte plus entre autres, et encore il commençait alors à peine à se remonter les balloches à tout bout de champ dans ses chorés. Dans un genre proche qui, vous l’aurez compris, n’est pas celui que je préfère, allait apparaître peu après un artiste autrement plus complexe et intéressant : PRINCE.
Bon Thriller reste néanmoins un bon album (et un recordman de ventes) mais n’en faites plus le paragon de la musique populaire, il en est qualitativement bien loin.