Recherche avancée       Liste groupes



      
POP-WORLD  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


Happy RHODES - Warpaint (1991)
Par MARCO STIVELL le 15 Août 2017          Consultée 1020 fois

Quel changement ! En 1991, le cap d'une nouvelle décennie permet à Happy RHODES de revoir son image, devenir une véritable artiste de pop-music, mais à sa façon. Quand on a été nourrie par David BOWIE, GENESIS, Peter GABRIEL et Wendy CARLOS, on sait que les choses ne peuvent pas être aussi évidentes et que l'auditeur doit se plier à un certain degré d'exigence.

Cela s'entend dès le départ avec des boucles électroniques et des synthétiseurs typiques de ce début d'années 90, quand les artistes pop et variété exploitent un filon d'albums bon marché, réalisés en petit comité avec des instruments programmés. Happy RHODES et son producteur Kevin Bartlett emploient des sonorités qu'on pouvait déjà trouver sur les tout premiers albums au milieu des années 80, la boucle de "Phobos" au teint rumba léger par exemple.

Néanmoins, il va falloir s'y faire, ce qui faisait l'un des attraits principaux de la musique de Kimberley a disparu. On parle là de ses chansons à la guitare acoustique, celles qui amenaient une forme de lumière naturelle dans un paysage tourmenté. La voix de la petite fée adolescente qui se projetait dans des endroits éloignés sans quitter sa chambre et qui nous émerveille.

D'ailleurs, cette voix-là s'efface aussi au profit de l'autre voix de Happy, celle qui est plus proche d'Annie LENNOX que de Kate BUSH. "Kate" fait encore quelques chœurs et chante un ou deux morceaux, dont le sublime "Lay Me Down", valse boiteuse/gothique jusque dans ses mots et envoûtante. L'orientation du disque vers une forme de chanson "adulte", avec des textes introspectifs mais ouverts davantage sur le monde (la première, "Waking Up", semble être l'illustration de ce propos), laisse entendre qu'"Annie" s'y prête mieux.

Un morceau aux frontières du hip-hop comme "Wrong Century", on n'aurait pas pensé l'entendre sur Rhodes II ou même Ecto. Basse programmée, tempo groovy et âpre à la fois, refrain pop aérien en choeur avec une voix masculine (par Mitch Elrod), solo de guitare électrique avec écho et délires vocaux ; un univers se crée, de manière inédite et l'auditeur peut se sentir dérouté. Le texte (RHODES parle d'elle comme une femme en décalage avec son temps) et la profondeur d'ensemble nous tiennent en haleine, le bilan est convaincant.

C'est la même chose pour l'ensemble qui sonne très froid au premier contact, et qui demande à y revenir souvent pour bien saisir la beauté des ambiances et des titres. Happy RHODES donne l'impression de suivre la voie montrée par le dieu Peter GABRIEL, à reculons, en adoptant l'ouverture "world" et sociale récente du Gab' mais en lui donnant la forme de ses albums précédents, quand il bidouillait beaucoup et donnait à ses chansons un caractère glacial, inquiétant.

Certes, l'univers de Warpaint n'est pas aussi foisonnant, mais il demeure étrange et met du temps à être assimilé. "Terra Incognita", ses percussions et ses incantations africaines en pagaille donnent la même impression que "Wrong Century" et, en tout cas, c'est réussi. "Murder" est le titre ambivalent "à l'ancienne" où RHODES menace et jongle entre ses deux voix, sur des rythmes sortis d'usine. Il est dommage que ce choix d'arrangement soit aussi récurrent, cela atténue l'impact du morceau "Warpaint". Le caractère rituel y est étiré sur plus de six minutes, quelle ambiance !

Il y a encore une paire de morceaux où Happy se fait plus proche, intime, posée, et où les mélodies n'en sont que mieux mises en valeur. Outre "Lay Me Down" et sa froideur venue d'Europe de l'Est ou de Russie, on adore le féérique "To Live in Your World" et son tapis de harpes-claviers. "All Things (Mia Ia Io)" a tout d'une ballade folk splendide et "In Hiding" termine l'album avec un son de piano feutré. Ce chœur de voix angéliques ! "Music hides me so well..." So true!

Warpaint est une réussite, même si les textures synthétiques laissent une sensation de trop grande homogénéité susceptible d'alourdir la durée globale, à savoir moins d'une heure.

A lire aussi en POP par MARCO STIVELL :


Shania TWAIN
The Complete Limelight Sessions (2001)
Eilleen Twain, avant Shania... (pop et rock)




WILSON PHILLIPS
The Wilsons (the Wilsons) (1997)
Pop-rock 90's fouillée, bien écrite et en famille


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Happy Rhodes (chant, claviers, programmations)
- Kevin Bartlett (guitares, claviers, programmations)
- Bob Van Detta (basse sur 11)
- Mitch Elrod (choeurs sur 6)
- Martha Waterman (claviers sur 12)
- Elizabeth Jones (violon sur 7)


1. Waking Up
2. Feed The Fire
3. Murder
4. To Live In Your World
5. Phobos
6. Wrong Century
7. Lay Me Down
8. Terra Incognita
9. All Things (mia Ia Io)
10. Words Weren't Made For Cowards
11. Warpaint
12. In Hiding



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod