Historiquement, Find Me fait suite directement à Many Worlds Are Born Tonight. Prévu pour le début des années 2000, il était censé respecter l'écart habituel entre les publications de Happy RHODES, mais le sort en a décidé autrement. Les coûts de mastering repoussent la sortie à... 2007. Depuis, on attend toujours un successeur !

Le dernier album de RHODES, pour ainsi dire isolé, se révèle meilleur que son prédécesseur, plus beau, plus chaleureux, mais pas sans défauts. À l'époque, l'artiste collabore avec le bassiste de jazz fusion Hansford Rowe, ancien membre de (Pierre Moerlen's) GONG et fondateur de GONGZILLA (on y rencontre aussi messieurs Benoit Moerlen, frère de Pierre, et Allan Holdsworth, excusez du peu). Il vient de sortir un album baptisé No Other, où elle fait des choeurs, puis en tournée.

Rowe est, en retour, l'un des musiciens les plus présents sur Find Me, album fait de rencontres dans un style musical qui le rapproche de l'excellent Building the Colossus (1994). Le mixage donne une couleur originale, un peu comme une démo améliorée et bénéficiant d'une certaine puissance répartie sur la globalité, plutôt que le détail. Cela ne fait pas toujours son charme, tandis que les participations ne sont pas toujours à la hauteur de leur nom.

Outre une confusion qui règne dans les voix du premier titre, "One and Many", le disque souffre d'un ventre mou entre la fin de "Can't Let Go" et celle de "Treehouse" (la jam instrumentale entre batterie qui s'emballe et piano jazz reste très bonne). "Queen" est marqué par la présence de Trey Gunn (KING CRIMSON) à la Warr guitare, mais quand on le sait mieux qu'à l'écoute car le morceau n'est pas brillant. Il y a de belles montées, mais le son réduit l'impact.

La profusion de percussions et de voix reste un des attraits de l'opus. Voix gérées par Happy RHODES seule, ce qui est d'autant plus remarquable ! La sirène livre ici quelques-unes de ses plus belles passes du voix à l'aigu, enchaînements souvent très fluides, canons et, bien sûr, mélodies enivrantes. Find Me prend parfois une direction jazz qui lui permet de se distinguer, avec une élégance folle conjuguée à la créativité de RHODES (y compris des guitares électriques plaintives ou alors distordues à l'extrême, en pagaille).

"Little Brother" au rythme chaloupé et à l'atmosphère vaporeuse bien adaptée, est un petit plaisir d'écoute. Idem, "She Won't Go" ajoute un parfum d Orient, tandis que certains accords et progressions de "Can't Let Go" rappellent délicieusement "I Grieve" de Peter GABRIEL. Il y a deux grands plaisirs d'écoute, deux chefs-d'oeuvre : "Here and Hereafter" et "Find Me", le morceau. Ce dernier est un détonateur à frissons, avec son piano/voix/mellotron, sa mélodie vocale qui va se perdre dans la stratosphère.

Le final est également très beau, avec une guitare acoustique qu'on avait oubliée et qui conduit "Chosen One", morceau le plus proche des premiers albums de RHODES avec une orchestration professionnelle cette fois, avant de ressurgir sur le merveilleux "Fall". C'est un ensemble très touffu, dans lequel percent des rais de lumière ultra-puissante, hélas pas assez pour en faire une masterpiece. On est un cran au-dessous de Building the Colossus, mais douze années après, il reste une certaine passion que les plus belles notes réveillent à chaque fois ! Et pour combler le manque...