AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Il n'est guère étonnant de retrouver -M- et Vanessa PARADIS de manière très visible sur le projet Un Monstre à Paris d'Eric "Bibo" Bergeron, ancien animateur pour les films Astérix (Chez les Bretons, Le Coup du Menhir) à la fin des années 80, pour le deuxième Fievel, pour Disney ensuite (Dingo et Max) et enfin réalisateur pour DreamWorks (La Route d'Eldorado).

Pensé au début des années 90, Un Monstre à Paris se voit d'abord ébauché en 2005 pour être produit par EuropaCorp/Luc Besson Land et programmé sur grand écran en 2011. -M-, fort de sa participation aux Triplettes de Belleville, deux ans plus tôt, rejoint l'équipe de Bergeron dès le départ, et au moment où il collabore avec Vanessa PARADIS pour l'album Divinidylle, il convainc le réalisateur de s'adjoindre ses services à elle aussi.

Dans le Paris des années 2010 et en pleines inondations, Lucille, une chanteuse de cabaret, avec ses amis Raoul et Emile et à cause des frasques de ces deux derniers, doit défendre une puce malencontreusement rendue géante qu'elle appelle Francoeur et qui terrifie la capitale, chassée par le chef de la police ambitieux et sans scrupules. Cette histoire mêle drôlerie et poésie d'abord rattachée aux décors (splendides), ainsi qu'à la musique.

Lucille hérite naturellement de la voix parlée et chantée de Vanessa PARADIS, mais il se trouve que Francoeur donne lui aussi de la voix, et en plus, sait jouer de la guitare. En ayant recours à quelques danses jazz manouche, violon à l'avenant ("Emile et Louis"), -M- évoque son travail pour Les Triplettes de Belleville. Toutefois, n'y allons pas par quatre chemins, la musique parfois instrumentale qui accompagne tout bon film d'animation de ce genre, modeste mais lorgnant quand même vers les grosses productions américaines, n'est prétexte qu'à orner le fruit de la réunion de Vanessa PARADIS et -M-, qui compose et élabore tout avec l'aide de Patrice Renson.

Cela donne une poignée de chansons aussi sympathiques (souvent citées dans les thèmes instrumentaux) que le film peut l'être, et qui relève légèrement le niveau d'un humour bavard quand l'action manque de dynamisme et de profondeur – mais, encore une fois et malgré cela, on a affaire à un bon film -. En tête, il y a « La Seine », d'abord interprétée par Lucille/PARADIS seule et de fort belle manière, sur un tempo lent valsé dans une ambiance de cabaret classique.

Les paroles sont une déclaration d'amour passionnée destinée à émouvoir facilement toute spectatrice éblouie par les feux diurnes comme nocturnes de la Capitale. Cela dit, pour les autres, ça marche aussi ! Et cela fonctionne tout autant lorsque Francoeur/-M- y met son grain de sel sur une variation plus énergique, plus proche de son univers à lui, le même qui l'a fait connaître. C'est également le cas de "Un Monstre à Paris", ballade mélancolique sur laquelle -M- et son timbre le plus tristounet viennent se poser, une réussite.

La sélection de chansons aurait très bien pu s'arrêter là, car la collaboration montre ses limites avec des chansons moins marquantes telles "Papa Paname" où la voix de Vanessa s'accorde mal avec le florilège de jeux de mots à la -M-, tout tendre que soit le morceau, et "Un P'tit baiser" festif mais légèrement forcé qui allonge la fin du film, malgré la participation de cuivres bienvenue. En revanche, il y a, tout à la fin du générique de clôture, un très beau moment d'-M- seul chantant avec sa guitare classique !

Dans l'ensemble, l'impression est modérément positive. Le film manque de consistance, mais on le regarde sans bouder son plaisir. So frenchy!