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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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Nicolas PEYRAC - D'où Venez-vous (1975)
Par MARCO STIVELL le 22 Novembre 2021          Consultée 1488 fois

Jean-Jacques Tazartez, né le 6 octobre 1949 à Paris, grandit en Bretagne, Haute-Bretagne/gallo (pays de Fougères) pour être précis. Sa jeunesse est en partie marquée par cela et en bien ; depuis 2008 et actuellement à plus de 70 ans, il ne quitte la verte péninsule que pour ses tournées ou voyages. Elle l'est également par le divorce de ses parents, qui l'oblige à bouger, s'adapter à un climat familial parfois difficile, d'abord avec sa mère outre-Atlantique (New York) pendant un temps puis de nouveau avec son père en Bretagne, plus durablement. Ce sont ces raisons, alors qu'il suit des études de médecine sur les traces de ses deux parents, qui l'amènent à la chanson.

Bien sûr, depuis l'adolescence, il adore la musique, jouer, écrire ; guitare pendant deux heures tous les jours, claviers et enregistreurs pour réaliser lui-même ses propres maquettes. Il faut croire que six années d'études parmi les plus sérieuses et poussées n'ont fait qu'accroître son envie d'être artiste, musicien bien avant d'être aussi romancier. Ses influences sont la folksong américaine mais également DONOVAN dont il est mordu, sans oublier les musiques traditionnelles et notamment celles d'Amérique du Sud. D'abord connu dans son village breton puis ayant tenté de percer sous diverses formes (radio-crochets etc), il fait un peu de photographie, s'illustrant notamment dans des pochettes de disques. Malgré des années compliquées, rien ne peut déjà le détacher de sa future carrière.

En 1974, tout change lorsque Jean-Jacques Tazartez signe avec Pathé-Marconi, son agent n'étant autre que Claude Dejacques, le même que BARBARA, Claude NOUGARO, Maxime LE FORESTIER, les deux Yves (SIMON et DUTEIL), excusez du peu. Il prend le pseudonyme de Nicolas PEYRAC, en hommage au docteur Jean Nérac, le protagoniste de la saga littéraire d'André SOUBIRAN, Les Hommes en Blanc (1947-1958). Il collabore avec Jean-Claude VANNIER, mais son premier 45-tours ("La Bible") passe inaperçu, alors qu'en écrivant pour Marie LAFORÊT ("Tant qu'il y aura des chevaux"), il obtient un certain succès. Le médecin 'raté' qui a délaissé la blouse et le stéthoscope s'apprête à soumettre d'autres genres de remèdes et de façon large.

Dès le premier titre du premier album (et qui donne son nom à ce dernier), "D'où Venez-Vous ?", on sait que l'on a affaire à un artiste précieux, débordant de poésie et de sentiments, qui écrit avec une certaine minutie (les études scientifiques qui ressortent ?) tout en laissant l'auditeur vagabonder et se faire sa propre idée à travers les rimes, les messages. Sa voix claire et mesurée est un peu celle du bon copain, renforcée par le caractère troubadour de celui qui s'accompagne au piano ou à la guitare acoustique de préférence. La chanson semble évoquer une femme aimée, longtemps perdue puis retrouvée, alors que petit à petit, Nicolas PEYRAC laisse se dessiner le visage de dame Liberté. Un très bel essai de plus de cinq minutes pour celui qui naviguera toujours entre amour et autres grands mots humanistes.

Le sens des textes peut parfois nous échapper, tant l'écriture globale se révèle dense et l'artiste donnant l'impression de se laisser porter lui-même. L'importance d'une écoute attentive est capitale, comme d'ailleurs c'est le cas de la dernière piste, "J'avais un fils", qui excède les six minutes, description d'un enfant qui "a tout de toi, tout ce que j'avais en moi", mais imaginaire (le "j'avais un fils" se transforme en "j'aurai un fils" à la fin). Tout aussi intime et brumeuse, la "Venise" décrite n'est pas celle du rêve idyllo-touristique, même si c'est toujours celle des doges et des amoureux. De même, les interrogations d'ordre socio-politique telles "Napoléon" ("Sainte-Hélène, c'est le club méditerranée, et sur mes lèvres, l'Anglaise dépose un baiser", serait-ce une évocation de la CEE ?) ou "Douze ans déjà", sur des faits divers aux Etats-Unis.

Les arrangements 'à budget serré' de Jean Musy (BARBARA encore, Nino FERRER et tant de monde) usent néanmoins de rythmiques basse-batterie-guitare, de synthétiseurs ARP ou Elka Rhapsody pour soutenir le piano, quand ce ne sont pas les cordes et autres effets orchestraux. Si cet habit milieu 70's semble un peu lourd parfois, il offre un lyrisme captivant et, sans rien noyer (contrairement à l'eau qui monte de "L'inexorable - Marie"), adapté aux paroles d'un chanteur qui ne mise pas d'abord sur sa voix.

En outre, ce dernier qui s'est formé aux chansons tristes peut apparaître parfois comme un artiste léger mais pas superficiel. Avec des "Tu me chavires le corps" et "Quand on aime deux filles à la fois" (et son croustillant "dire que j'étais presque misogyne" !), sans oublier pour la réédition CD l'ajout du 45-tours "Entre ombre et lumière"/"Mon trop grand amour" aux sons-arrangements variété plus classiques, Nicolas PEYRAC se situe aussi près de Michel DELPECH qu'il ne l'est de Serge LAMA pour d'autres titres ou bien d'Yves DUTEIL. Le troubadour n'est jamais loin, l'inspiration folk à guitare teintée d'exotisme (latin jazz, Brésil) conduit nombre de titres mais surtout les meilleurs. Les ballades acoustiques comme "L'inexorable – Marie" (aux quelques références bibliques) et "Un volet bat de l'aile" (avec ses magnifiques choeurs féminins) mettent PEYRAC le mieux à l'aise.

Pourtant, et comme ce premier 33-tours n'existe que grâce au bon vouloir de Pathé-Marconi - une dernière chance auquel le jeune homme ne croyait guère -, à l'inverse, la direction émettait de gros doutes sur un titre comme "So Far Away From L.A." ! C'est en totale timidité mais avec raison que Nicolas PEYRAC se risque en 1975 sur les plateaux télévisés avec une ballade folk inspirée de ses voyages entre New York et l'Australie, toute en picking de guitare et orchestration raffinée, très délicate aux accords colorés, enrichis, hérités du jazz.

Quelques lueurs d'aéroport, l'étrange fille aux cheveux d'or dans ma mémoire traînent encore/c'est l'hiver à San Francisco, mais il ne tombe jamais d'eau aux confins du Colorado/So far away from L.A., so far ago from Frisco, I'm no one but a shadow... Abstrait dans son impressionnisme, feutré et gardant les images des années hippie, sans se départir de questions sociales (Alcatraz, Caryl Chessman, Sharon Tate) à travers le romantisme envoûtant, ce morceau franco-anglais inscrit Nicolas PEYRAC dans un mouvement de 'nouvelle chanson' dont il demeure l'une des étoiles jusqu'au début des années 80. Le public, hormis les fans, en gardera une image restreinte mais ne se trompe guère au départ en favorisant ce type de morceau alors que le disco bat son plein. 1975 est aussi en hexagone l'année d'une autre chanson folk similaire et superbe, restée dans les mémoires : "Say it Ain't So Joe" de Murray HEAD.

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   MARCO STIVELL

 
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1. D'où Venez-vous ?
2. Napoléon
3. So Far Away From L.a.
4. Quand On Aime Deux Filles à La Fois
5. L'inexorable – Marie
6. Tu Me Chavires Le Corps
7. Douze Ans Déjà
8. Venise
9. Un Volet Bat De L'aile
10. J'avais Un Fils
11. Entre L'ombre Et La Lumière (bonus)
12. Mon Trop Grand Amour (bonus)



             



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