"Le sous-marin a refait surface". Après beaucoup d'années de disette, Chaz JANKEL a tenté en 2010 de revenir aux affaires, c'est-à-dire sortir un vrai disque, avec un vrai single, un vrai clip, et du vrai funk comme il savait si bien le faire. On ne peut le lui reprocher, avec tout de même un arrière-goût de regret : pendant les années 2000, JANKEL a composé et semi-sorti pas moins de 4 albums, longs, bons, excellents même. J'avoue ne pas trop apprécier cette mise au rebut de disques qui auraient mérité un bien meilleur destin. Mais bon, JANKEL qui refait du funk, on n'allait pas cracher dessus !

Alors, là où Chaz a eu un bon réflexe de survie, c'est clairement d'avoir mélangé le funk britannique pur dont il était le maître absolu en 81 et 83 ("Hey Now", le single "Wherever You Go", "Check The Meaning") et les sonorités plus urbaines et plus modernes, avec un peu d'opportunisme qu'on lui pardonnera aisément vu sa carrière. Pour cela, il s'est fait aider. D'abord, par un jeune D.J. qui ici tient la basse, mais à mon avis plus que ça aussi, et que les fans de techno connaissent bien sous le nom de SHIFT K3Y. Qui n'est autre que Lewis JANKEL, le fiston. Népotisme ? Hum, il n'est pas crédité sur la pochette...

...à l'inverse des 4 chanteurs invités, dont une femme, Natalia Scott. Qui ne sera pas, hélas, la nouvelle Brenda JONES. Elle montre une faiblesse vocale presque permanente et si elle se débrouille pas mal sur "I Come Alive", elle se noie dans l'assez médiocre et indolent reggae "A Restless Path", et ne se montre pas à la hauteur pour défendre "I Long For You", adorable ballade jazz typique 50s qui aurait mérité une Natalie COLE. Les trois autres sont là pour épauler, plutôt bien d'ailleurs, JANKEL dans son nouveau trip funky ironique et vivace, souvent à la frontière du hip-hop, sautillant et malicieux.

Ca peut être parfois mignon et dansant, parfois même irrésistible surtout vers le début ("I Come Alive" avec ses touches brésiliennes, sa rythmique gitane et son intro de piano JANKELesque en diable, ou encore "Hey Now", un tube bizarre, drôle et extraverti qui fait mouche). La prod' est un peu branlante par moments, pas digne des grandes heures du monsieur surtout au niveau des cuivres, mais le rythme funky est souvent présent et accrocheur. Il y a du JAMIROQUAI dans le calme r'n'b de "The Farside", du K.C. dans "Check The Meaning", il y a pire comme références. Mais si les chansons ont parfois du mal à décoller, on aura surtout maille à partir avec le milieu du disque qui s'écroule, entre un "Wise Up Baby" pop reggae mal chanté et un "Tear It Up" clairement de trop, mauvaise copie des grands frères qui ont régné sur la première partie.

L'album se finit de façon très curieuse sur une double fin calme, "I Long" donc avec un solo de guitare jazz lounge délectable, et "The Way It's Going Down" : c'est folk, c'est mignon, c'est mélodique et aurait pu figurer dans ce gros fourre-tout calorique qu'est A Bit On The Side, mais pour clôturr un album se voulant dansant et dans le coup, c'est vraiment un choix discutable. On a l'impression que, à l'instar de sa pochette, Chaz est resté quelque peu en surface. Son génie pour trouver les hooks funky accrocheurs et s'amuser avec les harmonies n'est que très peu entamé, mais c'est plutôt du côté de la réalisation que cela pêche un peu. Un disque récréatif, non sans charme(s), mais qui n'a pas l'aura de ses années dorées.

Note finale : 2,5 / 5