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- Membre : Ian Dury
- Style + Membre : Chaz Jankel & Brenda Jones

Chaz JANKEL - Out Of The Blue (2001)
Par BAKER le 8 Avril 2019          Consultée 701 fois

Après une carrière avortée à l'aube des années 90, Chaz JANKEL a passé icelles bien au chaud de retour dans le cocon familial des BLOCKHEADS de Ian DURY. Deux-trois BO de films pas foncièrement intéressantes (dont Tales from the Darkside) et puis s'en va. Une grosse perte pour ses afiçionados, mais on s'y était fait, tant pis, c'est la vie. Jusqu'au décès de DURY. Orphelin d'un mentor irremplaçable, JANKEL retourna peu à peu à la musique en solo mais les années ont passé, les centres d'intérêt aussi. Son premier album solo depuis 1985 a donc dû faire lever plus d'un sourcil, car dans le genre "changement d'identité sonore", JANKEL a fait fort : exit le funk, exit la new wave, le voilà qui se met au jazz.

J'en vois qui sourient. Alors non, ce n'est pas un album un peu jazzy, ou inutilement complexe, ou du type "jazz odyssey", non, Chaz livre ici un album de VRAI jazz, pur, bien plus proche de Sonny ROLLINS ou Bill EVANS que de, disons, Chick COREA A/E Band ou des YELLOWJACKETS. Au travers de titres enregistrés sinon live, du moins de façon spontanée, avec un équilibre assez fort entre tous les instruments, JANKEL livre des petits bouts d'histoire, des ambiances, des émotions, et pour quelqu'un qui n'avait jamais, mais alors au grand jamais versé dans le genre à aucun moment de sa carrière (le solo de piano de "Little Eva" peut-être ?), je peux affirmer que la métamorphose est assez sidérante.

Le chacha drôle et invitant au voyage de "Archie's Lover", le thème intéressant et très classique de "Saudade" qui fait très lamentation 36 15 aimez-moi, le climax vite calmé mais bien là du sombre Intoxication avec sa superbe fin aux accords plus pop progressive que jazz modal : sans révolutionner le genre, et on n'a que très peu l'impression qu'il essaie, Chaz se pose en bon artisan du genre, laissant le saxophone et la trompette plonger dans de mini-délires emplis de fièvre mais jamais abscons, sinon à dessein. Les instruments se répondent, suivent une magnifique tradition, et à part la basse qui n'est que correcte sans plus, on peut dire qu'on a affaire à un jazzband tout à fait charmant. Lui qui était guitariste émérite et synthésiste aimant fricoter avec des sons pas très politiquement corrects, Chaz se contente d'être pianiste acoustique, qui monte en puissance à mesure des titres, jusqu'à atteindre un niveau que moi-même, grand fan, je ne soupçonnais pas.

Le plus intéressant est que s'il se montre ma foi convaincant en jazzman pur et dur, il s'amuse aussi à diversifier son propos, mais là aussi, sans jamais retomber dans les styles qu'il maîtrise déjà. Ainsi "Song for Bill" propose une intéressante dichotomie binaire / ternaire avec un groove de départ très urbain, r'n'b, se fondant dans un swing ternaire à la Duke ELLINGTON et revenant chez maman plusieurs fois jusqu'à ce qu'on y perde son latin (lentina). "New Life", peut-être le summum du disque, se permet une ambiance ironique, drôle et piquante, avec un petit côté STEELY DAN dans ces harmonies galopantes et ce comportement de sale gosse mal élevé. Engageante, "New Life" plaira autant aux amateurs de jazz totalement classique qu'aux afiçionados de be-bop iconoclaste.

"Piano Sonata" est en lui-même un drôle de loustic. Pas totalement réussi, ce titre comporte néanmoins des audaces bluffantes : la partie, trop courte, de pure sonate classique au piano (magnifique), le thème au saxo si sensuel, des parties totalement WTF, un solo pianistique virtuose, une agonie de saxophone que même Brigitte Bardot en a poussé un cri ("ha !"), et un mélange d'ambiances grandiose. Impossible de ne pas penser à Friedrich GULDA dans cette approche de la musique, voire parfois dans ce que Keith EMERSON se permettait en solo. Incroyable. Enfin incroyable, à 99%. Si on réécoute très attentivement "Am I Honest With Myself", les germes étaient là. Elles ont juste mis du temps à pousser. Et ne parlons pas de Killing Dad, album franchement raté mais qui, chez les condés, est affectueusement surnommé "aveu spontané avec le bottin".

Est-ce que Out of the Blue va bouleverser le paysage du jazz moderne ? Non, et c'est ça qui est excellent : cette impression d'avoir affaire au septième album d'un quintet qui aurait déjà 20 ans derrière lui. C'est bon, juste bon. Le dernier titre, pourtant différent, fait basculer l'album dans la catégorie un peu au-dessus. Titre doux, rêveur, apaisant, "First Day" est un très joli thème à la harpe, instrument ô combien sous-utilisé, et un titre qui, outre sa beauté intrinsèque, fait vraiment fin d'album après 50 minutes de folie. C'est mélodique, aérien et pourtant pas si léger que ça. De la vraie musique contemporaine. Et ça montre que Chaz a encore un peu de marge sous la pédale. Etonnant, stupéfiant même, ce disque est à découvrir autant pour le plaisir d'écoute que pour la preuve que l'ADN musical est, comme le vrai, quelque chose de malléable et qui n'a pas d'autre maître que Dame Nature.

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   BAKER

 
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- Chaz Jankel (piano)
- Dave Lewis (saxophone)
- Dylan Howe (batterie)
- Andy Crowdy (basse)


1. Archies Lover
2. Song For Bill
3. Intoxication
4. Saudade
5. New Life
6. Piano Sonata In Eb Major
7. First Day Of Spring



             



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