En 2004, FEEDER a enfin obtenu la reconnaissance du public grâce à l'album Echo Park. Cela, lié à une tragédie que nous aborderons en temps voulu, signe la fin de la première partie du groupe et, pour marquer le coup, il sort une compilation de ses B-Sides.
Nous l'avons vu, nos Gallois se sont d'abord fait connaître en sortant singles sur singles à un rythme effréné. Pour mieux vous rendre compte de leur fécondité, prenez en compte le fait que cette compilation comprend deux Cd's pour un total de trente-six pistes, mais que cela ne constitue que la moitié des morceaux sortis entre 1996 et 2002 !

C'est impressionnant et cela nous fait une grosse portion, alors allons-y à petites bouchées pour mieux digérer le tout. Surtout que si l'ensemble présente un style très homogène -pas de surprise là-dessus, FEEDER s'en tient à son rock alternatif- la qualité quant à elle emprunte plutôt les montagnes russes. Amateur de rangement bien ordonné, préparez-vous à vous arracher les cheveux car les morceaux sont présentés dans le plus grand désordre, sans organisation chronologique ou thématique : premier mauvais point, on y perd l'occasion de constater l'évolution du groupe, même si elle est subtile durant cette période.

Dès le premier disque lancé, nous accueille une première triplette de morceaux sympathiques. Vient ensuite la reprise du « Power of Love » de FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD. Sans être fan de Frankie, il faut bien admettre que la version New-Wave à ce grain de folie qui disparaît sous le sérieux de leurs guitares. Toujours du côté des reprises, autant ne pas évoquer « Can 't Stand Losing You », pas franchement une grande réussite, ce qui nous rappelle que ces musiciens ont commencé très jeunes. Pour se rattraper après ces accrocs, le groupe sort son meilleur atout, l'exercice qu'il réussit le mieux, je veux bien sûr parler des ballades ! Je l'ai déjà dit et je continuerai à le clamer, ces gars-là font bien plus de miracles en se posant tranquillement avec une guitare acoustique -et peut-être une électrique en accompagnement- qu'en faisant péter les watts. Sur cette première moitié, ce sont « Forgiven », « Tomorrow Shine » ou « Elegy » qui jouent avec succès la carte de l'émotion. Dans un autre registre d'émotion, « Just A Day », le dernier morceau enregistré avec Jon LEE.
Vient ensuite le second disque qui, magie de la relativité, semble nettement plus long que le premier alors que les deux font la même durée. La lassitude s'installerait-elle ? A enchaîner les deux disques, ce serait bien normal, alors faisons un break et revenons après la pub. Non, finalement, le second disque paraît bien plus long que le premier. Il est déjà lent à démarrer, les trois premières pistes étant, à l'inverse de l'autre disque, plutôt poussives, et après un regain d'énergie, il y a de nouveau un coup de mou arrivé à la moitié, avant un final qui tente tant bien que mal de se rattraper. Pour un rayon de soleil comme « Undivided », « Bullet » ou « TV Days » il faut compter sur un moment de pluie avec « Can't Dance to Disco », « Spiller », « Getting to Know You Well ». S'il fallait retenir un moment de ce disque, ce serait « Wishing for the Sun », jolie ballade qui aurait dû conclure la compilation au lieu de « Undivided » qui, quoique réussie, sonne malvenue à cause de son mauvais placement.

Malgré tout, l'ensemble est plus que correct. Pour des B-Sides, les morceaux d'excellente facture montrent que FEEDER n'est pas du genre à bâcler le travail pour gagner du temps. Picture of Perfect Youth souffre de deux problèmes : l'agencement sans queue ni tête de sa tracklist, qui retire toute logique aux morceaux, et leur simple nombre. C'est bien qu'une compilation de B-Sides soit aussi bien fournie, ça prouve à l'acheteur qu'on ne le prend pas pour une vache à lait, mais forcément sur 32 morceaux on se retrouve à se servir comme sur un buffet à volonté, picorant ci-et-là. Un moindre défaut qu'il fallait néanmoins mentionner, et que l'on oublie rapidement face à ce titre bien trouvé et cette pochette fort réussie.

Note finale: 3,75/5, arrondie à 4/5