Sorti en 2019, Tallulah est le 10ème album de FEEDER pour leur 20 ans de carrière. Les Anglais ont raison, le temps vole ! Tallulah, un nom curieux qui est en fait celui de la fille de la meilleure amie de la femme de Grant NICHOLAS. Vous suivez toujours ? Mine de rien, le chanteur/guitariste à quand même fêté ses 50 ans en 2018 et est maintenant papa. D'ailleurs, les paroles de ce nouvel opus font la part belle à ce nouveau rôle, tout en n'oubliant pas son thème préféré, celui autobiographique décrivant la vie dans un groupe. Et c'est vrai qu'à l'heure des réseaux sociaux les choses ont bien changé depuis les années 90, il y a de quoi dire sur ce sujet. Il a même écrit une chanson pour Liam GALLAGHER, « Blue Sky Blue » ! Manque de chance, Liam ne l'a pas reçue à temps pour la mettre sur son album Why Me ? Why Not, alors la voilà ici à la place.

Après un Renegades rock réussi, un Generation Freakshow plus « éclectique » (selon les mots de Grant Nicholas) mais raté, un All Bright Electric de nouveau rock pas mal, voici maintenant un nouveau disque « éclectique ». Alors, on ferme les yeux, on appuie sur Play en s'attendant au pire et 45 minutes...Meh. Ce n'est pas mal.
Commençons déjà par les choses qui fâchent : la production n'est pas terrible. Elle a de nouveau été assurée par le groupe lui-même, mais c'est un peu de la bouillie. Les instruments sont mélangés comme... ans leur premier album ? Ah, ce serait un hommage ! C'est sympa mais on aurait bien gardé la qualité de Renegades et All Bright Electric. D'ailleurs, tout l'album sonne comme une rétrospective, le groupe faisant le point sur leur évolution en invoquant le grunge de leurs débuts, le rock alternatif plus doux de la première moitié des années 2000 et enfin celui plus brut de décoffrage qu'ils pratiquent dernièrement. Toutes les pistes ne sont pas grandioses, mais cette fois-ci elles ont toutes ce petit quelque chose qui fait la différence, que ce soit une mélodie bien troussée ou un refrain bien amené. « Youth », par exemple, n'est pas très impressionnante mais se démarque avec un bon refrain. Pareil pour « Kite », alors que « Shapes and Sound » et « Rodeo » ont une mélodie qui reste en tête. Le meilleur morceau du disque est quand même « Kyoto » qui sonne nettement plus agressif et vraiment plus grunge que ce que FEEDER nous propose d'habitude. Excellente surprise, mais qui du même coup rend les morceaux un peu plus mornes et donne un coup de mou à la dernière partie du disque.

Avec du recul, Tallulah est un album moyen. Moyen vraiment à la parfaite moitié entre bon et mauvais. Il s'inscrit dans la même ligne que All Bright Electric, avec autant de bons morceaux que de morceaux passables. Pour voir le verre à moitié plein au moins il n'y a pas de vilain petit canard ici. Malgré une carrière en dent de scie, FEEDER reste un groupe particulièrement sympathique, capable du meilleur comme du pire, mais toujours prêt à se redresser après un mauvais coup. Le plus impressionnant chez eux reste leur capacité à injecter leur propre identité dans chacun de leurs titres, même lorsqu'ils cherchent à être aussi commerciaux que possible. Chapeau bas, messieurs, et espérons que ces vingt ans de carrière durent encore longtemps !