Après presque une décennie à tourner autour d'un réel succès, voilà que le nouveau millénaire commence juste à éclore, et amène avec lui la surprise que l'on attendait plus : Echo Park, troisième album studio de FEEDER, touche le jackpot !

Il faut dire que nos gallois ont bien travaillés leur copie avant de la rendre. Le leader Grant NICHOLAS l'avoue sans mâcher ses mots, en 2000 le groupe est au bord de la rupture. Trop d'efforts, pas assez de récompense, ils décident néanmoins de s'accrocher et de s'offrir un dernier tour de piste, histoire de se débarrasser des morceaux qu'ils ont écrits et composés entre deux concerts. Rendez-vous aux studios du Great Linford Manor à Milton Keynes, dans le Buckinghamshire dans une ambiance du coup un peu déprimante qui ne les encourage pas vraiment à faire péter les guitares abrasives comme d'habitude. A la place ils vont mettre un peu de synthé dans leur vin avec l'introduction de l'incontournable Moog, qui va leur permettre de diversifier leurs mélodies et surtout de les adoucir. La sortie de l'album est prévue l'année suivante mais les premiers singles sortent comme d'habitude. Et là, voilà que trois de leurs singles, "Buck Rogers", "Seven Days in the Sun" et "Just A Little" sont choisis pour figurer sur la bande-son de Gran Turismo 3...Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit d'une série de courses se voulant nettement plus réalistes que ses concurrents, et qui va se vendre par palettes entières. Est-il alors nécessaire de préciser que la belle place accordé à Feeder dans la bande-son va servir de tremplin, que dis-je, va propulser leur album en haut des charts encore plus vite qu'une fusée ?

Si il y a des fans de GT parmi notre lectorat, ceux-ci vont sûrement me dire : "Mais, très cher et très charmant chroniqueur, allez-vous mentionner que le tout premier jeu de la série sorti en 1997 comportait déjà trois chansons de Feeder, à savoir "Sweet 16", "Tangerine" et "Chicken On A Bone", ou faut-il que j'te colle un marron ?" Et tout à fait, il est vrai que ce n'est pas la première fois qu'ils sont choisis par les développeurs. Mais voilà, les voies du succès sont impénétrables et c'est Echo Park qui en recevra les louanges. Je suis toutefois avec vous, enfin avec moi-même pour en être le premier surpris, parce qu'Echo Park...n'est pas aussi bon que ses deux prédécesseurs.

Ben oui, mais si vous adoucissez le son de FEEDER pour le rendre plus pop vous obtenez quoi ? Un groupe de pop-rock comme il s'en trouvait à tout les coins de rues dans ces années-là. D'ailleurs les développeurs de Gran Turismo ont eu le nez creux en choisissant les meilleurs morceaux de l'album, car une fois ceux-là retirés il ne reste pas grand-chose de croustillant à se mettre sous la dent si ce n'est quelques miettes mollassonnes. Bon, c'était méchant. Pour être plus juste, disons plutôt que FEEDER a voulu changer leur recette habituelle mais que ça donne un résultat couci-couça, à l'image de "Standing on the Edge", constitué de samples de guitares fortement inspiré par DEATH IN VEGAS. Pourquoi pas après tout ? Outre le fait que le morceau soit plus "meh" que "waouh" c'est un peu bizarre de n'avoir que celui-là construit de cette manière sur tout l'album.

Si ce n'était pas encore clair, Echo Park est pour moi une petite déception. Rien de trop grave, ce n'est pas non plus un ratage absolu mais quand même, ils ont et feront mieux derrière. Et plutôt que de se plaindre, apprécions plutôt que ce disque leur ait permis de toucher une audience plus large et surtout de rester ensemble – ce qu'un coup du sort va tragiquement changer.