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Michel POLNAREFF - Le Bal Des Laze (1968)
Par ERWIN le 9 Novembre 2020          Consultée 2011 fois

Le succès est arrivé dès les premiers passages en radio de Michel POLNAREFF, dont le premier album s'est remarquablement vendu, porté par le succès de ses singles "La poupée qui dit non" et "Love Me Please Love Me". C'est donc dans le velours que notre grand mélodiste énigmatique se lance dans la création de son opus suivant. Et rarement disque populaire n'a aussi bien mérité cette appellation, tant Michel se nourrit d'ambiances baroques néo- classiques et aime dispenser des cordes à tous crins dans ses compositions. Alors oui, il n'a pas bonne presse à prôner sans cesse la liberté sexuelle, mais cela participe de l'évolution des mœurs, et les critiques rock, eux, ne s'y trompent pas. Il est d'ailleurs l'un des rares à percer aux Etats-Unis.

Bien sûr, ce deuxième disque s'intitule "Le Bal des Laze" et contient donc l'éponyme titre, une des plus belles compositions jamais créées dans la langue de Molière, coécrite avec Pierre Delanoë. L'orgue régulier y ponctue avec obstination le titre de bout en bout. Michel POLNAREFF y narre une histoire d'amour maudit vécu par le protagoniste en son for intérieur, condamné à mort pour meurtre, et uniquement perturbé par le fait de ne plus pouvoir supprimer les futurs fiancés de son amour. Voilà un véritable chef d'oeuvre de la chanson française, à l'ambiance sépulcrale parfaite et immaculée comme aux premières jours, et aux paroles redoutables a la lisière de la schizophrénie. S'il ne fallait connaître qu'un seul titre de l'amiral, c'est celui-ci.

D'autres compositions sont baroques : un clavecin incongru retentit dans "Mes regrets" qui raconte un autre chagrin d'amour. Les intonations charmantes sont quasi médiévalisantes, comme une chanson sur l'amour courtois. La création ambitieuse et la mélodie complexe n'enlèvent rien à l'aspect romantique de la chanson, une vraie merveille de douceur surannée. On retrouve ces aspects habituels mélodiques dans "Âmes câlines" à la belle orchestration des cordes et au chant très habité de Michel qui laisse sa voix voguer au gré des octaves avec la facilité qu'on lui connaît. En érudit descendant de Ronsard, Michel nous pond ensuite la vibrante "Rosée d'amour n'a pas vu le jour", avec ses complexes arrangements de cordes et une vibration toute romantique.

Mais il y a aussi des petites folies : ainsi "Pipelette" s'amorce comme un blues bien lent, mais son bridge nous renvoie à des considérations d'amuseur, pas d'autre manière de le dire. Cette dualité du titre le rend insupportable à écouter. A vouloir parfois trop oeuvrer dans le surréalisme, le serpent finit par se mordre la queue. "Y'a qu'un cheveu"... Et oui, si la plupart des gens connaissent cette tirade à propos de Matthieu, peu se souviennent que POLNAREFF est l'interprète historique de ce texte fameux de Eloi Ouvrard. "Les grands sentiments humains" surprend par son orchestration, cette manière d'organiser la mélodie annonce vivement les futurs grands publicitaires tels Richard GOTAINER. On est plus proche d'un assemblage de jingles que d'une vraie chanson.

Les sixties triomphantes sont à l'oeuvre sur la trépidante "Le roi des fourmis" où l'orgue à l'honneur drive le titre de bout en bout. Les effets sont certes un peu cheap et datés, mais l'ensemble conserve une bonne tête. Du coq à l'âne, les accords de "Just A gigolo" retentissent sur "Oh Louis" - comme Louis PRIMA tiens -, aux cuivres rutilants et à l'ambiance bien jazzy. POLNAREFF fait ici la preuve de toute sa versatilité, d'autant que le titre est plutôt réussi, un exercice de style convaincant car assez difficile. Il nous reste enfin la splendide mélodie de "Jour après jour" au pas martial comme souvent et, cette fois, c'est au piano de scander les jolies paroles écrites par Jean-Loup Dabadie.

Il est très difficile de noter un album qui contient une chanson intouchable. L'ensemble est totalement déstructuré : on alterne touches baroques classicisantes et chansons "amusantes" - mais plutôt « moqueuses » au second degré – en passant par les influences pop disséminées un peu partout. L'assemblage de l'imagination décomplexée du rêveur et des paroles souvent poétiques de l'auteur fait des chansons de Michel POLNAREFF des ovnis de l'époque. Seul GAINSBOURG est son égal en cette fin de décennie des sixties. C'est un 3,5 arrondi à la supérieure pour l'immortelle "Le Bal des Laze".

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1. Jour Après Jour
2. Le Roi Des Fourmis
3. Rosée D'amour N'a Pas Vu Le Jour
4. Ta-ta-ta-ta
5. Mes Regrets
6. Les Grands Sentiments Humains
7. Pipelette
8. Âme Câline
9. Y'a Qu'un Cheveu
10. Le Bal Des Laze
11. Oh ! Louis



             



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