Julien sort d'une fort belle année qui l'a vu dominer le sommet des charts français grâce aux mégahits "Lili voulait aller danser" puis "Coeur de rockeur" qui n'est publié qu'en 45-tours. La couverture du nouvel opus est sacrément racoleuse. On n'a jamais vu Juju aussi beau, il faut bien le dire, à 35 ans et en pleine force de l'âge. Il est superbe ainsi, mais c'est clairement un appel du pied à toute sa fan base féminine pour entériner sa domination au sommet des charts. Bon, cela dit, un treizième album, c'est tout de même une étape importante.

Comme annoncé précédemment, le challenge est de taille, mais si Julien CLERC parvient à relever ce défi, c'est l'accession définitive à la division supérieure des stars françaises, là où ils ne sont qu'une petite dizaine. Alors on se lance ! Et... Si vous êtes comme moi, vous n'étiez à l'origine guère fana de ce titre : "La fille aux bas nylon", sur des paroles de Luc Plamondon, qui se propose de succéder aux classiques légendaires précités. Certes, mais il n'empêche que plus de 30 ans plus tard, cette chanson me trotte assez facilement en tête. Pas d'autre explication que de dire qu'elle est diablement addictive. Faites l'expérience. L'avez-vous oublié ? Ouais... LOL ! En revanche, la chanson suivante est une vraie petite merveille d'incisivité dans un gant de velours. Il s'agit de la superbe et langoureuse "Melissa" qui doit tout à ses intonations antillaises. Cette ode au voyeurisme est bien coquin, bien sympa, une vraie réussite, et ce rythme est imparrable. Juju s'en sort remarquablement. Qui d'autre que lui pour faire aussi fort dans ce registre, à part Lolo VOULZY ? Enfin, le dernier single "Respire" est très typé eighties, un titre pressé pas désagréable mais qui ne s'aligne pas face aux deux précédents.

Il y a plein d'autres petites surprises dans ce disque : tout d'abord, la petite gâterie rock'n'roll qu'est "Y'a plus de rock au Tennesse", qui succède à la mythique "Lili", sans-doute pas aussi géniale, mais très sympa tout de même. La jolie mélodie au piano d'"Angela" en fait un des must de cette cuvée. On touche ici au fond de commerce de Julien CLERC, particulièrement efficace sur ce type d'ambiance douce et surannée. Certains la trouveront kitsch, mais c'est ce qu'aiment ses fans. On est en 1984 et vous allez trouver une ressemblance étonnante entre la bien péchue "Amour consolation", sur un texte de Serge GAINSBOURG, et les hits de Huey LEWIS à cette époque aux USA. Du coup, ça dépote drôlement bien ! Enfin la grosse basse de "Bambou bar" complète remarquablement un ensemble bien décapant pour un chanteur de bluette. C'est évident, Julien conforte sa prise de pouvoir à la tête de la chanson française, d'autant que le reste des compos est de bonne qualité, comme les slows langoureux "Aime-moi" et "Tant d'amour".

Le premier album sans le vieux complice Momo Vallet, Roda-Gil, lui, est bien loin, mais ils sont avantageusement remplacés par McNeil, Plamondon et Dabadie. Cette cuvée se vend la bagatelle de plus de 600 000 exemplaires, ce n'est pas rien pour un artiste hexagonal. Le titre de l'album a rarement été aussi judicieusement choisi.