La « Lettre à France » a fait son effet et aplani toutes les difficultés entre Michel POLNAREFF et son pays natal. De retour, et ses fans contents, notre artiste se relance avec un album aux riches couleurs superficielles des années quatre-vingt. Voyez cette pochette qui n'a guère besoin d'analyse ! Jean-Paul Dréau est aux lyrics et la première donnée est de taille : En terme de quantité, on risque de rester sur notre faim ! Il va falloir que les huit titres présents soient de bonne facture pour assumer le niveau de la discographie passée du chanteur français ex-émigré en terre de l'oncle Sam. En tout cas, tout semble aller pour le mieux, c'est la grande forme chez le peroxydé aux lunettes blanches.

On débute fort avec "Tam tam", qui pourrait être une introduction au film Flashdance deux ans plus tard. On y retrouve tous les aspects dance matinée de new-wave du film. Le ton est donné, l'amiral s'est adapté au son comme au style de la décennie qui s'ouvre ! Classe ! La preuve ? Tous ceux qui ont vécu cette époque se souviennent du refrain "Tam tam tam tam". Et ça continue : comme moi au bout de deux secondes, vous vous dites que vous vous souvenez du single suivant damned ! Et ce refrain ? Insupportable non ? "Radio" entré donc dans l'inconscient collectif a certainement influencé une bonne partie des artistes de l'hexagone de l'époque, rien que ça. Bin ouais...

Et pourtant en écoutant le single "Je t'aime", si on n'a aucun mal à croire qu'on est entré de plein pied dans les eighties, on tique. C'est très synthétisé, et malgré le chant habité de Michel, une certaine superficialité se dégage du titre. La gratte s'envole sur le bridge mais n'est-ce pas une habitude maintenant ? Dieu merci l'éponyme "Bulle de savon" présente une belle identité oscillant entre variété et tentations synth-pop, ce qui n'a rien d'étonnant vu la propension naturelle qu'a Michel de coller aux musiques du moment. On se serait volontiers passé des "ougaougaouga" un brin simiesques du pont. Mais le refrain se laisse bien écouter avec ses pseudos effets spéciaux et le rythme est séduisant. La critique de la société de consumérisation n'échappe à personne d'autant que s'ensuit le joli solo de pseudo banjo.

"Où est la Tosca?" ? Sérieux ? Quel titre avec tous ces sons de synthé ultra dans l'air du temps d'alors ! Michel y fait le grand écart entre une voix au vocodeur à la BUGGLES et un refrain où il lance sa voix de manière emphatique ! Les aspects disco pop de "Elle rit" ne sont pas désagréables mais quelques titres sont en deçà des compositions habituelles du compositeur : "Joue moi de toi" est un mid-tempo plutôt funky dance, qui se voudrait sophistiqué... pour l'époque, mais à nouveau les paroles sont presque irritantes et la mélodie passe mal, malgré une jolie basse fretless. Je suis aussi peu fan de "365 jours par an", qui nous laisse errer dans une variété un poil trop lisse à mon goût, et ce n'est pas les lyrics tartignolles qui font changer la donne.

On retient aisément les trois titres "Tam Tam", "Radio" et "Bulle de savon", qui tire l'album vers le haut malgré sa courte durée et les quelques morceaux signalés moins à la hauteur. Le retour en terre frenchie s'est donc fort bien déroulé pour Michel POLNAREFF qui s'intègre remarquablement à la mode du moment, qui a certes perdu les éléments baroques de sa musique mais a su passer du coté plus mainstream sans se départir de son sens mélodique. La France ne s'y trompe pas et l'album devient un giga succès avec près d'un million d'exemplaires écoulés. Le come- back est réussi !