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Michel POLNAREFF - Kama-sutra (1990)
Par BALDRICK le 9 Janvier 2016          Consultée 4964 fois

Après l'échec relatif d'Incognito (1985), MICHEL POLNAREFF prend ses distances avec l'industrie musicale. L'artiste passe près de 4 ans dans la petite ville seine-et-marnaise de Fontenay-Trésigny, d'abord dans un Relais et Château, puis dans un 5 pièces situé au-dessus d'un bar-tabac ! Bien intégré dans cette commune, le chanteur goûte au charme de l'anonymat et, loin des objectifs et des projecteurs, se laisse vivre. Progressivement, il reprend contact avec quelques amis du show-business et laisse entendre son désir de se remettre au travail. Sans contrat, l'artiste aiguise l'appétit des majors, mais garde ses coordonnées secrètes. Des années plus tard, le PDG de Sony Music France de l'époque expliquera qu'il lui aura fallu se rendre dans un parking, puis monter dans une voiture et accepter d'avoir les yeux bandés pendant le trajet, pour pouvoir rencontrer Michel ! Les deux hommes parviennent à un accord, mais le dirigeant reconnaîtra que c'est le prestige de l'artiste qui l'a décidé, et non la démonstration de chant en yaourt (sur fond de Bontempi !) à laquelle il a assisté, ce jour-là !

Fort d'un nouveau contrat et de 4 années de repos, POLNAREFF se remet donc au travail en 1989 et choisit de déménager au Royal Monceau pour y enregistrer son nouveau disque ! Nul ne le sait encore, mais l'Amiral va se cloîtrer plus de 2 ans dans ce 5 étoiles sans jamais mettre un pied dehors ! On imagine la douloureuse... Les conditions qu'il impose sont dignes des pires caprices de diva : puisqu'il veut absolument enregistrer au bar, les enregistrements se font de 4h à 8h du matin, pendant les horaires de fermeture. Toutes les nuits, des techniciens apportent, installent puis désinstallent le matériel nécessaire ! Quand il n'enregistre pas ses parties vocales, l'artiste dirige le travail de ses musiciens à Los Angeles par ordinateur et l'orchestre à Abbey Road par téléphone ! Les images de ces séances révèlent un POLNAREFF atteint de perfectionnite aigüe, mais surtout à la démarche mécanique. Ses lunettes fumées masquent péniblement les maux qui le rongent : la surconsommation d'alcool, l'absence de réelle vie sociale, et surtout une cécité grandissante qu'il s'acharne à taire. Ces conditions hors-normes et surtout, la condition mentale de Michel, débouchent sur un album de qualité, mais avec un arrière-goût d'inachevé.

« Goodbye Marylou » débarque sans prévenir sur les ondes et remporte aussitôt un succès aussi bien critique que commercial. Sortie en pleine vague Dance Music/New Beat, cette chanson évoquant les rencontres via la télématique (le minitel rose étant alors en plein boum) surprend tout le monde et ravive la flamme chez les fans. Il faut en effet remonter à l'album Coucou me revoilou (sorti 11 ans plus tôt) pour retrouver trace de pareil lyrisme. Et quel lyrisme ! Avec sa splendide orchestration, son piano mélodieux et la voix tantôt théâtrale, tantôt haut perchée de son interprète, « Goodbye Marylou » trouve aussitôt sa place parmi les chefs d'oeuvre de l'Amiral. Son clip annonce également la nouvelle stratégie marketing de Michel, qui consiste… à ne pas s'afficher du tout. Du moins, à ne pas montrer d'image récente et claire de son visage de l'époque. Les possibles raisons de ce choix sont multiples : échec d'Incognito malgré son grand retour devant les médias ? Volonté de s'effacer totalement derrière sa musique ? Syndrôme « The Wall » ? Toujours est-il que cette communication rend encore plus insupportable pour les fans les mois d'attente avant la sortie de l'album.

Placée sur la platine, la galette a de quoi laisser perplexes ceux qui attendaient un retour complet aux mélodies sublimées par un orchestre : à part la splendide plage titulaire et « Amours cachets », 5 des 7 autres titres sont des chansons pop teintées de funk dans lesquelles la basse et la batterie risqueraient de fissurer votre crépis s'il vous prenait l'envie de faire péter les watts ! Oh, les 2 précédents disques avaient beau ne pas être en reste dans ce domaine, la production est si claire et si clinquante que le single « Toi et moi » pouvait passer pour un titre idéal afin de tester une chaîne hi-fi. Bien que surprenante au premier abord, cette diversité a le mérite d'être maîtrisée, les titres empreints de lyrisme se mêlant bien avec ceux collant davantage à l'esprit du temps.

Pour ce qui est des paroles, le titre du disque annonce clairement la couleur (ou le concept, serais-je tenté d'écrire) : le sexe. Ce n'est pas nouveau chez POLNAREFF, mais là, ça vire à l'obsession ! La faute peut-être à sa vie de reclus. Toujours est-il qu'à part « Amours cachets » et éventuellement « Besoin de toi », l'Amiral n'y va pas par 4 chemins, en utilisant au besoin des jeux de mots capillotractés (« Toi et moi ») ou des procédés stylistiques amusants (le rigolo « LNA HO »). A ce propos, le travail sur les paroles s'avère décevant sur cet album malgré l'aide apportée par son nouveau parolier, Jean-René Mariani. Sérieusement, quand on a eu la chance de travailler avec Pierre Delanoë et Jean-Loup Dabadie, comment peut-on se satisfaire de paroles aussi bâclées et répétitives que celles d' « Amours cachets », « Toi et moi » ou encore « Besoin de toi » ?

Cette déception se retrouve également dans la musique. D'ordinaire, POLNAREFF fait dans la concision, ce qui a pu être source de frustration pour les auditeurs, tant certains titres auraient gagné à être développés (au hasard « Voyages » et « L'homme qui pleurait des larmes de verre »). Là, aucun titre ne fait moins de 4'30. Sauf que cette durée inhabituelle est obtenue en utilisant de manière outrancière le copier-coller ! Le meilleur exemple est l'interminable « Toi et moi » et ses 7'30 durant lesquelles il ne se passe plus grand-chose une fois le premier refrain passé. Et pourtant, il y avait de quoi faire avec cette intro aux faux airs de STEELY DAN, ce motif rythmique invitant à l'improvisation, et l'intervention des choristes. Une fois de plus, Michel a travaillé jusqu'à l'obsession la forme et la recherche du tube au détriment de l'homogénéité du disque. Autre déception, la participation de Mike OLDFIELD, dont les solos de guitares sont rares et transparents.

Ne soyons pas injuste pour autant. Sans être un classique de la chanson française, Kama-Sutra est le meilleur disque de Michel depuis Polnareff's sorti 19 ans plus tôt. Il contient plusieurs titres inoubliables, s'écoute agréablement malgré quelques longueurs… et n'a toujours pas de successeur 25 ans après sa sortie ! A noter que la version CD contient en bonus les versions instrumentales de « Toi et moi » (deux fois moins longues que sa version vocale, ce qui est suffisant) et de « Goodbye Marylou ». Idéal pour apprécier la qualité de la production et pour ceux qui voudraient comparer leur organe à celui de l'Amiral !

Note réelle : 3,5/5


Liens en rapport avec l'album :
__ Clip de «Goodbye Marylou» :
https://www.youtube.com/watch?v=4Ew_CsLXTXk

__ Clip de «Kama-sutra» :
https://www.youtube.com/watch?v=517vt_n208g

__ Clip de «Toi et moi» :
https://www.youtube.com/watch?v=rlI_TzWz_M8

__ Une interview de Novembre 1990 avec Marc Toesca :
https://www.youtube.com/watch?v=eK9ruPwOkhI

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Le Bout Du Toit (1996)
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Georges BRASSENS
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   BALDRICK

 
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- Michel Polnareff (chants, choeurs, claviers)
- Phil Spalding (basse, guitare)
- Neil Taylor (guitare)
- David Munday (guitare, piano, claviers)
- Frank Kutner (guitare)
- Mike Oldfield (guitare solo)
- Matt Irving (claviers, piano)
- Chuck Sabo (batterie)
- Samy Ateba (percussions africaines)
- Ben Rogan (percussions)
- Serge Roux (saxophone)
- Kako Bassot (trompette)
- Denis Le Loup (trombone)
- Diane Dupuis (choeurs)
- Carole Frederiks (choeurs)
- Alice Terrel (choeurs)
- Debbie Davis (choeurs)
- Claudia Philips (choeurs)


1. Les Boul' à Zéro
2. Besoin De Toi
3. Toi Et Moi
4. Kama-sutra
5. Lna Ho
6. Comme Un Tatouage (et Je Matelot)
7. Goodbye Marylou
8. Amour Cachets
9. Toi Sans Moi (instrumental)
10. Goodbye Marylou (instrumental)



             



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