Michel tient-il un chapeau rond français ou une casquette ricaine sur la photo de son sixième album ? Le look en revanche est bien là, désormais posé pour l'éternité, avec cette influence ricaine bodybuildé. Peu à peu la situation se normalise pour l'artiste qui s'adapte et apprécie sa nouvelle vie américaine. Inexplicablement toutefois, son pays lui manque, et POLNAREFF n'aura de cesse de rentrer au bercail, comme si sa santé morale en dépendait. Il multiplie les interventions en Belgique puisque la France le poursuit via le fisc. La solution à cette complexe équation va venir d'une composition, qui va résoudre ses soucis personnels et financiers d'un coup d'un seul. Il faut y croire quand on est un artiste !

Michel POLNAREFF a beau aimer le style de vie californien, s'être mis au beach sport made in Venice, la France reste donc au centre de ses pensées. Au sortir d'un resto dans Greenwich village, il griffonne quelques notes en forme de déclaration d'amour à son pays natal et envoie ces premiers jets à Jean-Loup Dabadie qui va lui proposer le fameux "Lettre à France" et ses deux niveaux de lecture. La chanson est rentrée dans l'inconscient collectif, signe des grands classiques, et cette mélodie si POLNAREvienne demeure encore aujourd'hui l'une de ses plus belles. Le chant quand à lui flirte avec les plus grandes performances de la musique française, tout simplement. J'ajoute que les parties de guitare y sont magnifiques.

Le single suivant est "Une simple mélodie" qui présente le même genre de construction, mais pas la même qualité, le morceau reste toutefois agréable. "Le cigare à moteur" nous renvoie direct dans un domaine variété assez peu original, malgré un son de guitare cytharisé. Autobiographique, il s'adresse au président Giscard D'Estaing sur "Le clochard des jumbos". Le titre a une certaine allure mais frappe par son ton humoristique, on est loin des textes maudits qui ont fait sa réputation, mais la gratte reste fort belle. "J'ai tellement de choses à dire" le voit repartir vers une ambiance plus intimiste, mais hélas, le refrain nous ramène droit dans l'escarcelle de la variété.

Un seul instrumental cette fois, mais qui introduit le disque, il s'intitule "Magic Man", des cuivres de partout et une claire orientation music hall américain. Le music hall continue avec "A Paris sur mer", sur un ton fort léger certes mais qui ne casse que quelques briques. On retrouve l'orgue liturgique sur l'introduction de "Une histoire lamentable", mais le reste n'a rien à voir avec un quelconque bal à Londres, au contraire le titre s'oriente tel une BO. Une rythmique de guitare quasi western pour "Une femme" nous laisse un peu sur notre faim, alors que l'éponyme "Coucou me revoilou" est bien plus funky et dansant.Cette fusion variéto funk me laisse cependant de marbre, même si elle n'a rien de déshonorant et que les fans risquent d'aimer cette ambiance finalement disco.

Bon, je vous avoue ne pas être super friand de cet album, qui ne doit son équilibre qu'au fait de l'inclusion de la fameuse « Lettre à France » sur sa réédition. Il fallait bien la mettre quelque part et la maison d'édition a eu cette judicieuse idée de rétablir une certaine qualité pour ce sixième opus, qui sinon aurait flirté avec le médiocre. Le grand classique excepté, on déplore donc une certaine perte de niveau quand aux textes mais aussi sur les qualités mélodiques de l'ensemble. De ce point de vue, on est en deçà du reste de la disco jusqu'à présent.