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- Style : Severed Heads
- Style + Membre : Ministry

SKINNY PUPPY - Last Rights (1992)
Par CORNELIUS le 23 Avril 2021          Consultée 1144 fois

1992. Alors que triomphe ou ne vont pas tarder à triompher NINE INCH NAILS et MINISTRY, les Canadiens de SKINNY PUPPY, quant à eux, se trouvent dans une position on ne peut plus délicate voire éclatée. Nivek OGRE, empêtré à la fois dans des problèmes de drogues et de dépression, préfère enregistrer seul, ou du moins en compagnie de l’inévitable OGILVIE. Les deux autres membres, cEvin KEY et D.R.GOETTEL, en profitent pour improviser ensemble et en dehors de toutes contraintes.
Autant dire que Last Rights s’annonce d’emblée comme un album qui, dès sa conception, est marqué du sceau de l’expérimental et, plus encore, de l’improbable. Il s'en est fallu de peu que ce disque n’ait pas lieu, et c’est cela même qui lui donne son cachet, ce goût si particulier d’hallucination sonore.

Tout commence au fin fond de la vase puis s’élève à la lumière d’un drôle de jour verdâtre et gris. Tel est "Love in Vein". Construit à partir d’une bribe de sample du fameux "Revolution 9", ce titre à la fois violent et étrangement touchant ouvre les hostilités d’une manière particulièrement originale.
"Killing Game", très chargé émotionnellement, sonne à la manière d’un coup de poignard. Un morceau fait pour nous transpercer, ni plus ni moins, et la plus belle ballade du groupe, peut-être parce qu’elle est la seule.
Une lourde explosion retentit, c’est "Knowhere ?", titre lourd, écrabouillant même et d’une intensité qui ravira tous les nostalgiques de VIVIsectVI. La voix de Nivek OGRE y est comme noyée sous un torrent de lave. S’ensuivent, dans un parfait fondu enchaîné, le très mélancolique et déchirant "Mirror Saw" et "Inquisition" sur lequel on retrouve le SKINNY PUPPY dansant et torturé des précédents opus mais avec un soupçon de folie supplémentaire, comme une goutte d’eau qui ferait déborder l’éprouvette.

Le génial et très chaotique "Scrapyard" est là pour nous broyer dans une densité sonore complète. Impossible de retenir un titre pareil la première fois qu’on l’entend et qu’on le subit.
"Riverz End" nous offre un intense et profond moment de synthèse entre deux thèmes utilisés sur Rabies, à savoir les forestières nappes de synthés de l’excellent "Rivers" et, pour le final, les chants ténébreux de "Choralone" ; ambiance de cathédrale engloutie rythmée par le jeu puissant de KEY.
On est ensuite projeté sans transition dans le très baroque et techno "Lust Chance" qui donne la sensation d’être une boule de flipper particulièrement secouée, ce qui a dû, en son temps, faire sûrement forte impression sur le jeune Richard D.James, entre autres.
Ce faux interlude laisse la place à un pur morceau de vrai cauchemar éveillé, "Circustance". L’aspect onirique, inhérent au groupe dés l’origine, prend ici une dimension surréaliste sous les rires préenregistrés d’un public devenu tribunal de gargouilles écumantes.

Puis vient "Download", comme un documentaire de Cousteau en accéléré où les chants de baleine deviendraient des larsen monstrueusement saturés. Musique de jeux vidéos 20'000 lieues sous les mers et images de rats fluorescents en train de pourrir à l’envers. Naissance dans le chaos qui nous fera mourir.
Enfin, l’Himalaya tant espéré est atteint. Les quelques minutes qui nous restent à vivre sont exactement un reste de noise en suspend au-dessus des pics irradiés ; ultime résonnance de la déflagration finale.
Sans l’ombre d’un doute, c’est ici que l’étroite collaboration entre Dwayne GOETTEL et cEvin KEY atteint l’osmose. Et c’est cette osmose qui donnera naissance à DOWNLOAD – le groupe.

Parfaitement à l’image de sa superbe pochette, Last Rights représente non pas seulement le côté obscur et expérimental de SKINNY PUPPY, mais bien plus encore ce que le groupe pouvait nous offrir de meilleur, de plus entier, c'est-à-dire une forme de paix intérieure au sein de nos grouillantes contradictions.

Unique.

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   CORNELIUS

 
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- Cevin Key (synthés, guitares, percussions)
- Nivek Ogre (chant)
- Dwayne Rudolph Goettel (synthés, samples)


1. Love In Vein
2. Killing Game
3. Knowhere ?
4. Mirror Saw
5. Inquisition
6. Scrapyard
7. Riverz End
8. Lust Chance
9. Circustance
10. Download



             



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