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ELECTRO-INDUS/AMBIENT  |  STUDIO

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SKINNY PUPPY - Cleanse, Fold And Manipulate (1987)
Par STREETCLEANER le 20 Mai 2010          Consultée 3584 fois

La formation du groupe SKINNY PUPPY remonte aux débuts des années 80. Les Canadiens, emmenés notamment par cEvin Key et Nivek Ogre, officient dans un genre électronique, ambiant, raw et expérimental qu'on pourrait désigner de manière assez large comme "post-industriel", et dès 1984 sortent leur premier EP intitulé Remission. Groupe alors pionnier et précurseur, SKINNY PUPPY est désormais considéré comme une formation majeure de la scène electro-industrielle et son influence sur de nombreux autres groupes est indiscutable (Nine Inch Nails, Velvet Acid Christ... notamment). Après des débuts remarqués et des premières productions relativement expérimentales -et un peu pop parfois- mais toujours dark et intéressantes (dont le fameux single "Dig It" de 1986 tiré de l'album Mind: The Perpetual Intercourse), voilà que sort en 1987 ce quatrième album, Cleanse, Fold and Manipulate, qui à mon sens commence à vraiment marquer les choses de manière très sérieuse pour le combo canadien.

Est-ce pour autant que la musique se fait ici plus accessible ? Pas spécialement, même si évidemment le combo gagne en identité et en maturité dans l'écriture des compositions. En tout cas, le début de l'album peut paraître trompeur car "First Aid" a tout de la petite bombe E.B.M. bien dancefloor avec ses rythmiques martiales, même si son climat est particulièrement sombre. Et puis le morceau suivant a de quoi renforcer cette fausse impression d'accessibilité : "Addiction" voit ses rythmiques être plus travaillées et développe un petit côté gothique/dark particulièrement addictif (normal vu le titre) et entraînant. Le corps ne peut rester insensible à cette E.B.M. proche de celle de FRONT 242 et particulièrement taillée pour les pistes de danse. Ce morceau est une vraie réussite, une composition implacable d’efficacité.

Mais dès "Shadow Cast" cette voix d'aliéné, de possédé, passée à la moulinette des filtres, se rappelle à nous et nous fait prendre conscience que tout n'est pas aussi simple. La piste de danse voit les ténèbres s’abattre sur elle et des atmosphères bien plus inquiétantes, faites de samples de bruits de tronçonneuse (vive la série des "The Texas Chainsaw Massacre"), de cris, de vociférations, ainsi que de percussions métalliques, s’invitent au milieu d'une E.B.M dégénérée qui n'a plus rien d'entraînant. Ou quand un cinglé muni d’une tronçonneuse s’invite « au Macumba » pour ensanglanter la soirée et y semer la panique… Une lente et longue descente vers l'asile s'amorce alors. De fait, la chute est inéluctable car "Draining Faces" annonce par ses cloches l'immersion dans un monde ténébreux, glauque et tourmenté, où la folie est palpable : l'antichambre de l'Enfer se profile sur cette terrible plage ambiante, qui nous installe dans une espèce de bad trip cauchemardesque et rempli d’hallucinations. Et si les rythmes finissent enfin par reprendre leurs droits, c'est pour mieux laisser place à une piste de danse infernale : forcément une illusion, un semblant de vie... en réalité peut-être sommes-nous en train d’agoniser à proximité d’une voie ferrée perdue au milieu des tags et des ordures, où squattent quelques drogués déambulant tels des zombies.

Cette ambiance malsaine -et de déchéance- se confirmera sur le titre suivant "The Mourn", plaçant quasiment l'auditeur dans la peau d'un camé qui agoniserait dans son vomi, dans les toilettes crades d'une fête foraine déglinguée et à l’abandon, où il ne distinguerait plus qu'une musique lointaine et déformée alors qu'il est secoué de spasmes, à moitié inconscient. Oui, lieux de fêtes et boîtes de nuit peuvent être des endroits sordides ("Second Tooth"). D'ailleurs ne sont-ils pas assimilés à des lieux de perdition par certains ? En tout cas, ici c'est bien cela dont il s'agit... On sent que notre esprit se perd dans le dédale des cerveaux de Key et Ogre, où la démence prédomine.

Après ces plages plus ambiantes, il faudra attendre le morceau « Tear or Beat » pour revenir à une electro-indus plus dansante où les machines mènent la cadence. L’industrie n’est jamais loin dans cette musique. Avec « Deep Down Trauma Hounds » et ses percussions puissantes, les Canadiens nous offrent là encore un titre sacrément efficace, tout comme avec « Anger », un morceau dominé par des rythmes martiaux (le tribal est souvent proche) administrés par des machineries lourdes auxquelles sont mêlés bruits et voix divers, bref ça part un peu dans tous les sens, un véritable aggloméré d’EBM et d’ambiant angoissant. Il n’y a rien de serein dans cette musique qui nous rapproche là encore d’un mauvais trip.

Cleanse, Fold and Manipulate c’est finalement un mix de musique dansante industrielle et de plages ambiantes hallucinées purement cauchemardesques et éprouvantes. Un monde tourmenté pas forcément accessible pour le premier venu. Si cet album n’est, à mon sens, pas le meilleur de la discographie des Canadiens, il occupe cependant une bonne place dans le haut de leur podium. Indispensable donc à tout fan de SKINNY PUPPY. Mais le meilleur restera à venir…

Note réelle : 3.75/5.

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- Nivek Ogre (chant, voix, paroles)
- Cevin Key (synthés, guitares, percussions, séquenceurs)
- Dwayne Goettel (synthés, séquenceurs, samples)
- Dave Ogilvie (guitare, production)


1. First Aid
2. Addiction
3. Shadow Cast
4. Draining Faces
5. The Mourn
6. Second Tooth
7. Tear Or Beat
8. Deep Down Trauma Hounds
9. Anger
10. Epilogue



             



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