On dit que les rencontres, comme les voyages, forgent le caractère d’un artiste et donc, son style. Ce n’est pas Al JOURGENSEN qui pourrait prétendre le contraire. Ses rencontres successives avec Luck Van Hacker et Richard 23 de FRONT 242, en compagnie desquels il fonde, en 1985, les enragés REVOLTING COCKS, et surtout celle de Paul BARKER qui va devenir, après ce second opus, son partenaire en studio comme sur scène pendant presque 17 ans, sont tout simplement essentielles. C’est vraiment sur ce disque ci que les choses sérieuses commencent.

En compagnie du producteur Adrian Sherwood (responsable, entre autre, du son du fameux « People Are People » de qui l’on sait), le leader pour le moment unique de MINISTRY va passer une bonne partie de l’année 1985 à travailler ce second opus. "Just Like You" ouvre le bal avec classe, radicalité et esprit electro-funk tout à la fois. On sent ici et d’une manière très directe que le mec qui a pondu, comme par accident, With Sympathy, à quelque chose de très important à dire : il n’avait pas tout dit, très loin de là.

Après un très electro "We Believe", gros carton dans les clubs goth de l’époque, le remix de "All Day" nous rappelle quelque peu au précédent opus mais avec une touche franchement plus froide et virile. Un bon classique de dark ebm. "The Angel" est objectivement anecdotique mais personnellement, je la trouve tout à fait adorable et réussie dans son genre pas si suranné qu’on veut bien le dire. S’ensuit le titre/single "Over The Shoulder" avec ses envoûtantes nappes de synthés comme leitmotiv. Mais la voix de JOURGENSEN, volontairement funky, laisse à désirer. Le titre suivant est dynamique et entêtant sans pour autant renverser les montagnes. Un bon moment de gymnastique analogique.

C’est bien, en fin de compte, le morceau en forme de trilogie "Where You At Now ? / Crash & Burn / Twitch (Version II)", qui marque le plus les esprits après toutes ces années. Malgré les longueurs, le premier mouvement, gros beat techno indus et grosses gueulantes en mode saturé, est une belle ébauche de ce que MINISTRY est entrain de devenir : un vrai condensé de pure violence, ni plus ni moins. Le deuxième mouvement ralentit quelque peu la cadence pour mieux nous plonger dans une étouffante atmosphère de pur dark ebm avant la claque finale, sorte de breakbeat indus qui rase de près.

Après une version alternative de "Over The Shoulder", plus épurée et donc réusssie, le disque s’achève sur un air funèbre avec "The Isle Of Men", petite pépite electro indus bien glaciale et efficace. En dépit de ses longueurs, un bon album, froid, massif et entraînant à la fois. Et dans tous les cas, un joli prélude pour la suite – terrible.