Je t’aime…
Un peu… Enix
Beaucoup… Squaresoft
A la folie… Final Fantasy VI
Pas du tout… Square-Enix

Peut-on réellement aimer une entreprise ? Je l’ai appris il y a bien longtemps, en cours (1) et à mes dépends. Une société ne sert qu’à gagner de l’argent. En tous cas du point de vue de ceux qui les dirigent. Le jeu-vidéo est un art qui, sauf cas de minimalisme aigu, ne peut se passer de la collaboration et de la compétition. Feu Squaresoft, maison mère de jeux à succès a failli couler (cf. Chronique de la BO du film Final Fantasy The Spirits Within par Elliot GOLDENTHAL). Feu Enix, le concurrent de toujours, les a racheté. De cette union contre nature est née Square-Enix. Le montant de la dot était élevé. Depuis 20 ans, cette chimère ne cesse d’inventer moultes façons de traire ses fans et, la vache, je n’ai plus de lait !

Au milieu de sa longue traversée du désert (2003-2015, si l’on considère qu’elle en est sortie), la société a remarqué qu’elle était assise sur un pactole musical. On ne va pas vous refaire toute l’histoire (cf. chronique du disque bonus de Theatrythm Final Fantasy). Internet aidant, les reprises des musiques de Nobuo UEMATSU (Final Fantasy), Yasunori MITSUDA (Chrono Trigger), Yoko SHIMOMURA (Legend of Mana) et le moins mondialement connu Kenji ITO (Final Fantasy Legend, Romancing SaGa) se sont multipliées. N’y avait-il là pas moyen de se faire, une fois de plus, du blé ? Si, bien sûr. Je ne connais pas les détails de la genèse de ce premier disque. Mais les sales coups de Square-Enix, croyez-moi, j’ai bien pratiqué !

Love SQ a donc été une tentative supplémentaire de soutirer le contenu des portes monnaies des nostalgiques. En 2009, de toutes façons, les joueurs autrefois adolescents dans les années 90 n’avaient plus le temps de jouer. Quoi de mieux pour se remémorer le bon temps qu’une compilation de Remix par les fans pour les fans ? Tokyo étant devenu la plus grande mégalopole au monde, je me doute qu’on y perd un temps fou en transport en commun. Qu’y faire d’autre que se remémorer les rares moments de répits que nous avons connu dans notre enfance ? Love SQ…uaresoft donc ? Non, regardez bien la police utilisée : Love Square-Enix, et tant pis si les deux entreprises sont bien différentes (côté vidéo-ludique comme musical…). Mais avouons que d’un point de vue marketing, c’était plutôt bien pensé.

Le disque a donc été un succès, à en juger par le nombre de suites auquel il a eu le droit. Etait-il mérité ? Les fans qui ont contribué à cette collection l’ont-ils tous fait avec le cœur ? Oui, en partie au moins. Ce gloubiboulga de remix, sans direction précise, nous fait passer du Jazz à l’EDM, avec quelques bribes de Chiptunes, quelques bruitages saupoudrés, une virgule de Dubstep, une autre de Trance Psychédélique et même un peu de House pour la forme. Entre les claviers saturés du "Robot Rock" de DAFT PUNK, la mouvance Chiptune boostée à l’EDM et le dubstep glitché de SKRILLEX, on était dans l’ère du temps de 2009. Conséquence logique de cette modernité assumée (tant qu’on se fait des thunes…), le disque accuse déjà quelques rides à peine 13 ans après sa sortie.

Il y a néanmoins quelques pépites dans cette pagaille de styles. Je nomme en particulier cette reprise endiablée au piano de quelques thèmes des Final Fantasy V à VII. Ce titre-là sent la sueur et la passion. →Pia-no-jaC← s’est exercé au piano des centaines d’heures pour produire un résultat d’une telle vélocité, et on l’entend même exulter. On aime également cette compilation pour être parvenue à nous sortir Kenji ITO de son archipel, même si ce n’est pas fait exprès. Pour les japonais, Nobuo UEMATSU ou Kenji ITO, les deux compositeurs historiques de l'écurie Squaresoft, c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Pour nous, l’affaire est toute autre. Qui d’entre vous a déjà posé l’oreille sur l’album Re:Birth II Romancing Sa.Ga Battle Arrange ? Personne, je me doute. Rien qu’au nom, vous vous dites que c’est déjà compliqué. C’est pourtant un excellent album de Rock Progressif instrumental. Bien meilleur, dans le même genre, que ce que les BLACK MAGES nous avaient proposé.

Love SQ est donc une collection de lettres d’amour de fans mises en musique. Un amour à sens unique et de trop nombreuses fois piétiné. Pourtant on sait tous que la belle s'est casée depuis longtemps, et qu'elle n'est pas près de divorcer. Sur cette première mouture, le management de notre idole s’est servi un peu aléatoirement dans l’abondante production. Cette première compilation manque de cohésion. Elle ne s’aventure pas assez loin dans les différents embranchements qu’elle arpente. Elle s’écoute parfois jouer et tire donc dans les longueurs, surtout au début. Enfin, elle joue trop la sécurité. Nous avons donc le droit au Prélude de Final Fantasy, au Main theme ainsi qu'à celui des Chocobos : les trois sur le même disque ? Encore ? Sérieux ?

Notre chance, dans cette histoire, c’est qu’elle a donné le coup d’envoi pour une série pleine de rebondissements. L’écart qualitatif avec la compilation de conclusion Last SQ crève les tympans (et le coeur... Et le porte-monnaie...). Même si son point d’origine est vénal, on lui pardonne un peu, comme on l’a déjà trop fait avec Square-Enix. Mais quand vais-je parvenir à les lâcher pour de bon ? Argh… Il y a Final Fantasy VI Pixel Remaster qui va sortir le 27 Février sur PC… Pfff… Ils font chier, je vais encore craquer ! Enfin pendant que je déblatère mes conneries et m'épanche sur mes problèmes de petit bourgeois, plusieurs milliers de "meurtres de dot" (oui, meurtreS) ont lieu chaque année en Inde. Bien que la dot y soit officiellement déclarée illégale. Mais la corruption et l'extorcation sont des pratiques courantes... Ca, tout le monde le sait, je ne vous apprend rien.

(1) J’ai tout déballé ici : https://www.wattpad.com/1143038621-manette-au-poing-18-un-peu-de-s%C3%A9rieux