'Plus'

Travaillez plus pour gagner plus qu’il disait, l’autre. Mais à quoi cela peut bien servir, quand la valeur du travail tout comme celle de l’argent ne sont pas estimées en heures gagnées pour la société ? Elles sont, comme tout le reste, soumises à la spéculation. Résultat logique, c’est travaillons plus pour qu’ils gagnent plus. Je ne vous parle même pas des gens qui ne travaillent pas dans l’histoire. J’ai supprimé le paragraphe qui suivait où je m’épanchais sur le problème de la dette mondiale. J’ai donc fait 'moins', certains vont être ravis.

More SQ, c’est donc plus. C’est plus de Love SQ, donc plus de Jazz, plus d’EDM et plus de Chiptunes. C'est également plus de pistes sur le CD, plus de durée, plus de Main Theme de Final Fantasy (en intro ET en outro, deux pour le prix d’un !), plus de chocobos (ce remix-là est pas mal!), plus de bruitages dans les remix, plus de genres abordés (drum 'n bass, Funk, classique avec un quatuor de flute…), plus de Jaaaaapooooon (à dire avec la voix du Joueur du Grenier), plus de jeunes à la mode sur la pochette, plus de pages dans le livret et plus d’amour bafoué. C'est également plus de compositeurs. Masashi HAMAUZU pour Saga Frontier 2 et Keiichi Okabe pour Nier (1) sont venus remplacer Kenji ITO. Enfin c'est donc plus d’argent pour Square-Enix. Elle n’est pas belle la vie ?

Mais est-ce que plus c’est toujours mieux ? Avec l’introduction que je viens de vous bazarder, vous devez déjà avoir une idée de ma réponse. Sauf que la réponse n’est pas si évidente. Il a bien marché après tout, ce foutu slogan. C’est bien qu’il y avait une raison. Les gens veulent du 'plus'. Sur More SQ, il n’y a pas que plus de travail et d'argent. Il y a plus (haha) de musique, aussi. Je connais beaucoup de gens qui vous diront que dans l’art, moins c’est mieux. Un principe qui trouve écho dans bien des œuvres minimalistes et d’autres qui s’écroulent sous leur trop-plein d’idées. Le génie on le sait, a besoin à la fois d’un catalyseur et d’être canalisé pour s’exprimer au mieux.

Mais si l’on retire tout le superflu de More SQ, qui n’est autre qu’un album de remix, on en revient aux versions originales. Dans ce cas très précis, l’original est une musique 'pure' : des Chiptunes (musique de processeur) faites de signaux triangulaires, carrés ou sinusoïdaux, à peine agrémentées de quelques effets (écho, vibration). On a là le genre musical par excellence où il n’est pas possible de tricher. Les Chiptunes, c’est soit mélodique et inventif, soit vous fermez boutique. Les Chiptunes c’est la partition pour la partition, rien que la partition. Par définition, le remix se doit de faire différent. Faire moins en partant de Chiptunes, ce n’est donc pas possible. Par définition, 'plus' dans un album tel que More SQ, est la seule direction possible. Enfin ça, c'est ce que je croyais avant de découvrir SQ Chips et SQ Chips 2. On en reparlera dans des chroniques dédiées...

Conclusion, ça dépend. Avec ça on est bien avancé. Ce qu'il y a de bien avec les opinions tranchés, c’est que ça relance le débat comme disait Léodagan dans Kaamelott. More SQ ouvre plus de voies (et de voix, aussi), ce qui va permettre à d’autres albums de reprendre ses idées (et ses titres au passage) pour les explorer davantage avec plus de brio. On reste ici dans l’esprit de compilation un peu fourre-tout de Love SQ. Ce qui est également un peu bancal. Ses ingrédients supplémentaires lui confèrent en variété ce qu’il perd un peu plus en direction. Last SQ, autre compilation qui s’est retrouvée à la réception plutôt qu’à l’envoi, s’en est mieux sorti (2). Mais plus que son assaisonnement très varié, on trouve à More SQ un peu plus d’ambition. Le plus appelle le plus, comme le disait MASS HYSTERIA avec sa positive attitude. Le positif en définitive, c’est ce que l’on a le 'plus' envie de retenir à propos de More SQ.

Plus, ça peut donc être bien. Mais ce n'est pas plus de travail ou plus d'argent qu'il nous faut. Ce qu'il nous faut, c'est plus de compassion, plus de savoir, plus de passion, plus de bien-être, plus d'entraide, plus d'écoute, plus de raison, plus de retenue, plus de recherche, plus de courage... Mais ce qu'il nous faut avant tout pour obtenir tout cela, c'est plus de temps et plus d'amour. L'amour est une chose personnelle, une question de foi, et éventuellement de religion, à vous de voir. Le temps, c'est ce que l'état devrait s'évertuer à nous faire gagner. Du temps et de l'amour, voilà ce dont nous avons surtout besoin, rien de plus.

(1) A noter qu'avec la présence de Nier dans la liste, nous dépassons l'année 2000 d'une part, mais nous sortons également de l'ambiguïté du premier album entre "Squaresoft" et "Square-Enix". Bien que, de façon très surprenante, le Enix d'avant la fusion n'ait toujours pas voix au chapitre.
(2) Parce qu'il y avait plus de choix à la sélection ? Pas sûr, je vous renvoie vers la chronique.