Celui-là est encore moins connu que les autres. Si vous êtes intéressés par les remix de musiques de jeux-vidéo made in Squaresoft, il est même possible que vous n’en ayez jamais entendu parler. Contrairement à tous les albums traîtés jusque-ici, je dois admettre qu’il m’a fallu réaliser cette chronique à partir d’une vidéo Youtube (1). A mon grand regret, je ne possède pas ce disque. Rare SQ, qui porte malheureusement si bien son nom, n’est pas un album à part entière. Il était fourni 'en cadeau' à l’occasion d’une opération promotionnelle à la sortie de l'album Final Fantasy Tribute ~Thanks~, une de ces innombrables compilations. L’opération n’était valable que dans les boutiques Tower Records ou Village Vanguards, situées au Japon.

Rare SQ est donc le meilleur disque de sa série, et il s’agit du seul impossible à se procurer, même en version digitale. Cherchez l’erreur ! C’est là que j’ai envie de dire : Fuck SQ ! A sec et avec les graviers ! Ce n'est vraiment pas mon genre d'insulter les gens comme ça, mais avec eux je ne prends même plus de gants, c'est fini, trop c'est trop. Comment peut-on être à côté de la plaque à ce point ? Comment peut-on se louper dans les grandes largeurs avec une telle insistance ? Cette société n’a de cesse de me consterner. Combien de produits fan-service de merde nous a-t-elle refourgués ? La liste est trop longue pour vous les énumérer. Mais quand elle a une rare bonne idée (et il y en a, la preuve ! C’est pour cela que j’insiste autant, je vous jure que je ne suis pas maso), quand les planètes s’alignent comme ici, quand elle est par miracle capable de renouer avec l’excellence de l’âge d’or de Squaresoft, elle trouve toujours le moyen de tout gâcher (2). Shit SQ!

Respirons un grand coup. Je râle, mais Rare SQ est, contre toute attente, compte tenu de sa discrétion et de sa rareté, une réussite de bout en bout. Si ce disque avait été correctement vendu, il aurait pu s’appeler Techno SQ, Electro SQ ou, soyons un brin plus créatif : Future SQ. A deux exceptions près. La superbe reprise pop électro-acoustique de l’Aria de Final Fantasy VI nous débarrasse enfin de son trémolo inutile. Le medley de Secret of mana est une pause tout en douceur au milieu, avec une pointe de chant bulgare, et je rafole également de ça. Le reste fait dans l’électro survitaminé à la japonaise, et miam miam que c’est bon !

J’aurais même envie de vous l’appeler Speed SQ, ou même Ultra SQ, cet album. A l’image de Nintendo qui faisait la course au nombre de bits (ce n'est pas sale) au milieu des années 90 avec son Ultra 64, il fait dans la surenchère. Merci le marketing, on peut toujours compter sur vous pour doucher toute forme d’enthousiasme avec vos changements de noms à la zob (3) ! (celui-là en revanche, prenez garde à bien le laver tous les jours)

On retrouve quelques remix déjà apparus sur les albums précédents. A l'image de l’excellente "Skullpion" de Brave Fencer Musashi que l'on retrouve ici en version boostée et accélérée, avec un verni de dubstep en plus, ça déchire. C’est le principe de cet album, cohérent et jusqu’au-boutiste. Nous avons là les mêmes ingrédients que sur Love SQ et More SQ, mais la recette excentrique est cette fois-ci poussée à fond. Dommage qu’elle n’ait donc pas été assumée.

Difficile de toujours reconnaître les originales d’ailleurs, comme cette "Versus Schwarzgeist" tirée de l’excellent Einhänder. N’importe quel titre de la B.O d’origine de Kenichiro FUKUI, déjà très typé techno 90's, aurait pu convenir tel quel ici. Mais Rare SQ pousse plus loin, aussi bien du côté techno que du côté atmosphérique. Exacerber ainsi les qualités du titre d'origine, cela fonctionne à merveille.

Que dire de cette guitare endiablée qui reprend le "Megalomania" de Live a live ? Elle est toujours acoustique, je n’imagine pas l’état du poignet à la fin, mais pourtant on croirait entendre l’un des meilleurs morceaux drum’n bass de SQUAREPUSHER, incroyable ! Ça déborde d’énergie !

On trouve également cette énième reprise du "Clash on the Big Bridge" de Final Fantasy V, aussi. On croyait que la démonstration de →Pia-no-jaC← sur Love SQ était insurpassable. Pourtant, la preuve est là. Version Chiptune accélérée avec quelques effets Dubstep pour le style, c’est encore plus jouissif. Rare SQ est la preuve que l’électro permet de réaliser des choses impossibles à obtenir avec des instruments classiques. C’est bien quand le genre dépasse les capacités humaines comme ici qu’il se sublime. Ça manque toujours de feeling diront certains ? Mais on s’en fout du feeling, à cette vitesse-là ! Elle va à 88 Miles à l’heure pour être très précis, et on se prend 1.21 Gigawatts de puissance dans le derrière !

En guise de conclusion fort à propos, nous avons le "SQ PARTY Level.4 Live Set Re-EDIT", mix survolté de LASTTRAK, encore meilleur que ceux du Level 3 dont nous avions pu jouir grâce au CD bonus de Beer SQ. On y retrouve notamment un autre titre de Einhänder ainsi qu’une excellente reprise du "Boss Battle" de Final Fantasy VI. Ce mix termine l'album en apothéose, c'est un feu d’artifice final, ça pète de partout.

Ce sont des albums comme celui-là qu’on veut, Square-Enix ! On veut du Passion SQ, du jusqu’au-boutisme, des reprises incarnées, des trucs survoltés, de la Musique avec un M majuscule qui nous emporte avec elle. On veut des trucs tellement bien fichus qu’ils donnent envie de décoller en Deloréane pour revenir en 1998 et rejouer à vos vieux jeux, les bons, en serrant le point sur nos manettes et, je l’admets volontiers, s’emporter un peu à l'occasion ! On ne veut pas d’une 15 000ème reprise du thème des Chocobos ou du "Main Theme" de Final Fantasy, qui ne savent tellement plus par quel bout prendre le sujet qu'on n'y comprend plus rien. On veut encore moins de "Eyes on Me" ou "Suteki Da Ne", déjà suffisament déclinées dans leurs jeux originaux. Surtout, on ne veut pas de trucs mous du zgeg à la Cafe SQ. Il y en a marre de la musique d'ascenseur, on n’entend que ça, partout. Était-ce vraiment si compliqué, compte tenu de la manne d’artistes extrêmement talentueux dont vous disposez, de faire un disque comme celui-là ? L'idée de la série, à la base, c'était quand même de nous faire du Back to the Future SQ, non ? Dois-je me mettre à genoux pour que vous daigniez rééditer cette tuerie ? M’être fait autant piégé par vos combines à la con, cela ne vous a-t-il donc pas déjà suffi ? Ragequit SQ!


(1) Je pensais d’ailleurs faire de même avec Chill SQ, deuxième album de la série. Comme je vous l’expliquais dans la chronique de Cafe SQ, « Chill » est un terme que j’abhorre. Il s’agit donc du seul album de la série facile à trouver que je ne me suis jamais acheté. Contrairement à Rare SQ, celui-ci ne semble pas être disponible en intégralité sur la toile. J’ai donc dû remettre sa chronique à plus tard pour le moment…
(2) Je développe mon propos. Qu’est-ce que c’est que ces exclusivités (temporaires ou pas) sur des plateformes totalement aléatoires : Tomb Raider sur Xbox One, Octopath Traveler sur Switch, Dragon Quest XI et FF VII remake sur PS4 et maintenant les FF Pixel Remasters sur smartphone ou PC ! Faut être riche pour pouvoir suivre, décidez-vous ! Fantasian chez Apple, ce n'est pas entièrement de votre faute, mais depuis le temps vous auriez peut-être pu trouver un arrangement avec Hironobu Sakaguchi, non ? Décernons la médaille à la série Kingdom Hearts, qui change aléatoirement de support à chaque nouvelle sortie. Série dont l'histoire est impossible à comprendre si vous ne vous faites pas la totale avec les épisodes bien pourris. Ça va aller oui ? J’ai fini par complètement lâcher l’affaire, malgré une dernière tentative sur l’une de leurs trop nombreuses compilations : Kingdom Hearts épisodes 0.2, 1.5, 2.5, 2.8, 358/2 Days. C’est n’importe quoi ! Je vous jure, je n’invente rien, ces jeux existent bel et bien ! Pourquoi n’a-t-on pas eu le droit à la version 2D de Dragon Quest XI lors de sa première sortie en occident ? Et sa bande son orchestrale ? On reparle du sabordage de Matsuno sur FF XII ? Et la démo de FF XV, exclusive à FF Type-0, qui d’autre osait encore cela en 2015 ? Je ne vous parle même pas du sort sinistre des séries Star Ocean et Front Mission. A quoi cela a-t-il servi de refaire tous les modèles 3D dans le portage récent de FF VIII, si c’était pour nous laisser des personnages fixes incrustés et pixelisés dans les décors à côté ? Enfin le 'Virtuoso Bundle', mamamia, un coffret au contenu aléatoire ! Ca c’était le pompon ! Cette arnaque, soit-disant en édition limitée, est toujours en vente sur leur site. Je vous renvoie vers la chronique, je n’en reviens toujours pas de m’être fait avoir comme ça. Quant à cette augmentation à peine discrète de la taille du soutif de vos héroïnes au gré des suites de Parasite Eve et Final Fantasy XIII, là je n'ai même plus de mot. Sérieux Square-Enix, vous n’en avez pas marre de prendre vos clients pour des cons ? A ce niveau-là, ce n’est plus du capitalisme, c’est du sadisme. Ou du sado-masochisme ? Vu le nombre de fautes cumulées, je ne dois pas être le seul à manifester mon mécontentement !
(3) Dolphin, Durandal et Scorpio : ça avait plus de gueule que GameCube, Xbox et surtout Xbox One, non ?