Il fallait bien que ça arrive. Le trentième opus de Tom JONES souligne son retour au sein de l'aristocratie fort peu peuplée des leaders de la musique populaire. D'ailleurs, nonobstant ce retour qui allait de soi franchement – une évidence après les triomphes des seventies et des eighties non ? -, la reine Elisabeth d'Angleterre a désormais anobli le Gallois. Cela arrive rarement dans le monde de la musique, exceptés Paul MCCARTNEY et Ringo STARR, Mick JAGGER et RICHARD... Cliff – avouez que vous y avez cru ! -, Van MORRISON, BONO et Barry GIBB. Et oui ! Appelez-le "Sir Tom JONES" dorénavant, c'est comme ça !

Nous avons suivi jusqu'à présent les vicissitudes de ses montées et descentes dans le billboard avec une certaine inconstance – Avouons que, par instant, on avait clairement envie de rigoler ou carrément de s'endormir non ? -, mais nous voici par la grâce de ce Reload, prêts à réinvestir les territoires sacrés des hauts des charts. Mais ce n'est pas si simple ! Un retour fracassant se prépare et doit être un chef-d'oeuvre de précision, avec singles et remplissage de qualité. Hors de question de faire dans l'approximatif ! Alors, les singles vont être propices à un véritable débordement de featuring en tous genres, le jeu consistant à faire dans la surenchère. Avec un titan aussi colossal que notre Tom, même proche de ses soixante ans, voilà qui ne devrait pas poser le moindre souci et 5 singles vont inonder les marchés.

Alors, ça part fort avec un "Burning Down The House" en compagnie des vikings suédois des CARDIGANS. Ne me demandez pas si Nina Persson est passée à la casserole, c'est probable mais je n'en sais rien ! La vidéo s'impose d'emblée avec ce titre pop aux consonances ultra-nineties. Tom en fait des tonnes avec son air libidineux, dirait mon collègue Mr Ameforgée. Efficace non ? Les cuivres chauds de "Baby It's Cold Outside" prennent la suite sur un ton crooner avec sa compatriote Cerys MATTHEWS - même topo -, chanteuse de CATATONIA. Ils minaudent comme des fous et la vidéo genre Alice au pays des merveilles est superbe. L'ensemble, même s'il sonne presque déplacé, est absolument délicieux ! Le classique continue d'appartenir à Dean MARTIN malgré les centaines de versions existantes.

On passe aux choses sérieuses avec la somptueuse chanson de Randy NEWMAN "Mama Told Me Not To Come" en compagnie des STEREOPHONICS – encore des Gallois mais oui ! -. Le gros son des grattes des djeuns fait merveille sur cette reprise que Tom transcende de la tête et des épaules. Il y est parfait, et on a bien du mal à ne pas dire à Kelly Jones de la fermer et de laisser le micro au maître. La vidéo est parfaite, on sent que les grands moyens ont été débloqués pour que le succès soit au rendez-vous. Et ça marche, puisque le single atteint la quatrième place des charts grand-bretons. Avouons-le : les versions de Eric BURDON ou des THREE DOG NIGHT sont désormais secondaires.

Et voilà le quatrième single en lice : il s'agit de "Sex Bomb". Alors là, les gars, je vous avoue que je suis tombé de haut lorsque j'ai entendu cette petite merveille. Le chant et l'attitude de Tom avec les rythmes de MOUSS T ! La France s'en souvient encore puisque le titre fut celui de l'année 99 dans l'hexagone ! Ce n'est pas rien et je l'ai écouté en boucle un paquet de fois de mon coté, alors que j'étais pourtant à l'époque en pleine crisette black metal. Cette chanson qui va atteindre les tops de tous les billboards est taillée pour Sir Tom. Il en fait des tonnes et les cuivres créent une atmosphère fiévreuse et sexuelle de premier ordre. A la fin de sa carrière, nul doute que ce morceau fabuleux sera son grand classique pour une jouissance permanente et incontrôlée. C'est ça, le cul, les djeuns ! On termine avec "You Need Love Like I Do" en duo avec la panthère Heather SMALLS - je précise rien -, le rythme est trépidant, super dansant et plein de bonne humeur.

Et sinon ? Bah, ça part dans tous les sens bien sûr : l'hommage à son vieux pote Elvis est là avec "You're Right I'm left She's Gone" dans une version modernisée de tout premier ordre avec le gallois James BRADLEYL La chanson est si belle qu'il aurait fallu la saboter pour la rater. Ainsi arrangée, on la croirait issue du répertoire de DIRE STRAIT ou de Tom PETTY. Le "Are you Gonna Go My Way" de Lenny KRAVITZ est chanté avec le jeunot Robbie WILLIAMS, qui, encore tout crotteux, a tout à apprendre de son aîné, et cette version est très hard, très réussie.

Nous avons de la soul et, comme il y a quelques années, son camarade irlandais Van MORRISON est là pour la rendition de sa chanson "Sometimes We Cry". L'association des voix des deux "Sir" fonctionne parfaitement pour que ces dames se pâment. Mick HUCKNALL de SIMPLY RED est là pour essayer de tenir la dragée haute à l'une de ses idoles de jeunesse sur "Ain't that A Lot Of Love" de Homer BANKS, l'ensemble fonctionnant fort bien. "Looking At My Window" est un single daté de 68, plein de cuivre et composé par Tom dans le genre crée par Gordon Mills pour son poulain. Il n'avait pas vu le jour sur un album, c'est chose faite et cette resucée est assez élégante pour survivre au milieu de tous ces standards.

De la pop ? Les KINKS ? Allez, voila la classique "Sunny Afternoon" en compagnie des SPACE. Evidemment, la voix de Tom fait merveille sur le classique qu'il transcende carrément. Cela fait le lien avec le "Lust For Life" de BOWIE et Iggy POP, repris en compagnie des PRETENDERS – non, je ne veux pas savoir ce que Tom a fait avec ma Chrissie, laissez-moi tranquille ! -. Les deux animaux sexuels semblent drôlement bien s'entendre. Puis la polissonne "Little Green Bag" du Hollandais George BAKER est reprise avec bonheur en compagnie des Canadiens de BARENAKED LADIES, ça dépote remarquablement.

Et on a des couilles, on fait dans le trip hop avec une reprise des PORTISHEAD. La voix de Tom lui permet tout ! "All mine" resplendit ainsi orchestrée, et l'Irlandais Neil HANNON des DIVINE COMEDY fait ici un partenaire idéal. Et comme si cela coulait de source, le negro spiritual "Motherless Child" est donc repris avec les PORTISHEAD, dans une version trip Hopée. Les cuivres traînent, les cordes enrobent et la voix de Tom fait tout le reste, stunning ! Tout y passe, on devient new-wave et l'Australienne Nathalie IMBRUGLIA est sollicitée pour reprendre le classique de ses compatriotes INXS sur "Never Tear Us Apart" -. L'animal fait exprès de reprendre tout ce que j'aime ! - et j'avoue adorer cette version sensuelle et plein de vibe. La brunette y tient son rang. Enfin, il reprend avec ZUCCHERO le standard des FINE YOUNG CANNIBALS, et "She Drives Me Crazy" prend une consistance plus pop ainsi vêtue avec orgue et cuivres. L'entente semble bonne entre les deux voix !

Le reload, c'est la recharge ! Si on comprend tous la même chose, croyez-moi, le Tom vient d'en foutre des tonnes partout. Il a arrosé le monde entier de ce reload absolument dantesque ! Il s'est éclaté comme un petit fou, est revenu du monde des morts-vivants de la musique pour réinvestir avec panache la place de patron qui lui revient de droit. Les quatre millions de disque qu'il a écoulés de ce reload, pour des monceaux de plaisir, sont la preuve indubitable que rien n'est jamais joué de par le vaste monde. Quelle blague ! Depuis ce tour de passe-passe gargantuesque, et à la hauteur du personnage, notre Tom se trimballe sur les plateaux du monde entier et dispense la bonne parole de sa voix magique sous les yeux médusés des fans et l'incrédulité de ses collègues. Voyez donc la tête des djeuns de The Voice England où il règne en maître absolu puisque c'est lui "The Voice". Bref, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. L'increvable Tom JONES est à nouveau au sommet.