AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

En voilà un projet qui fait parler de lui et qui reste dans l’incertitude jusqu’au bout : la série HBO The Idol et au passage, sa bande originale. Il faut savoir que la série, co-créée par le chanteur The WEEKND est finalement réalisée par Sam Levinson à qui on doit également l’époustouflant (quoi que problématique sur les bords aussi) Euphoria, avait à la base un autre synopsis (6 épisodes, une histoire placée sous le signe du regard féminin qui aurait pu être inspirée de Britney SPEARS où notre popstar était victime d’une industrie musicale prédatrice) et a été tournée en 2021 par la réalisatrice Amy Seimetz à 80% avant que tout soit jeté aux oubliettes et qu’Amy se fasse remplacer sous prétexte d’incompatibilité créative.

Attention, spoilers, même si franchement vous pouvez lire ma kro en toute sérénité puisque je vous donne la conclusion avant le reste : cette série ne vaut pas la peine d’être vue (en gros vous allez gâcher des barres de vie et un peu plus de quatre heures trente de votre temps précieux sans parler du fait que vous allez perdre foi en l’humanité ou vous mettre à détester le monde, voire les deux !). The Idol (version 2 du coup et version vision masculine à 100%), ça donne finalement 5 épisodes où Lily-Rose DEPP tient le rôle principal, une BO de 6 disques sortis avec chaque épisode - non vous ne rêvez pas, les calculs sont pas bons - entre juin et juillet 2023, un bon lot de scandales avant même sa sortie, alimentés entre autre par un article paru en mars dans le magazine Rolling Stones et qui décrit la série et sa réalisation de façon assez bien trouvée comme torture porn… tout un programme !

L’épisode 1 s’ouvre avec Jocelyn, notre personnage principal, qui shoote la pochette de son nouveau single "World Class Sinner / I’m A Freak", chanson électro-pop monotone, et répète sa chorégraphie sexy devant son équipe et une journaliste du Vanity Fair. Sa dernière tournée ayant été annulée après son pétage de câble, la jeune popstar doit tout donner pour tenter de convaincre qu’elle a toujours sa place dans le game. Dur, dur pour Jocelyn, puisqu’elle ne sait plus exactement quel jour on est à force d’être complètement décalquée et qu’un scandale éclate pendant les répétitions avec la diffusion d’une photo d’elle sur Internet, dont on évitera de rapporter les détails ici. Vous l’avez compris, la petite Joss a pété un boulon en mode good girl gone bad et à côté de ça le niveau de Britney s’apparente presque à du pipi de chat (pas qu’on soit en train de comparer la déchéance de deux popstars... ah, ben si, j’oubliais qu’on parle quand même du monde de la musique). Bref, je vous la fais courte : la petite Joss part noyer son chagrin en club, emmenée par sa danseuse Dyanne (interprétée par Jennie du groupe de K-pop BLACKPINK) où elle fait la rencontre du propriétaire des lieux, Tedros, un démon toxique joué par The WEEKND et paré d’une queue de rat à en faire frémir tous les coiffeurs de la planète.

Cette première fournée de chansons comprend également le thème principal du projet, l’instrumentale "The Lure", créée par The WEEKND et le producteur Mike DEAN qui sera introduit dans l’épisode 3 et jouera son propre rôle. "The Lure", assez belle, a quelques qualités et se laisse écouter avec cette atmosphère intense qui laisse présager le pire… et le pire continue dans l’épisode 2 où la popstar, poussée à bout appelle sa mère morte dont elle n’a pas fait le deuil, les pieds en sang alors qu’elle tente de shooter son clip vidéo. Le clip fini à la poubelle et Jocelyn fini avec Tedros et ses amis, Izaak et Chloe. Cette dernière, prodige musicale mineure et totalement perchée, interprétée par Suzanna SON, joue alors sa chanson "Family" au piano et chante ce cri du cœur qui sonne comme un hymne sectaire. On entendra aussi dans cet épisode "Devil’s Paradise", une instru de Mike DEAN aux teintes jazzy agrémentée de saxophones et le single hiphop et bourrée de synthés 80s "Double Fantasy", collaboration entre The WEEKND et le rappeur FUTURE.

Dans l’épisode 3, notre cher Tedros prend le contrôle sur Jocelyn et vient squatter chez elle avec toute sa clique (pardon, sa secte). L’équipe de Joss flippe sa mère et pourtant, ils laissent Tedros retravailler l’album aux côtés de Mike DEAN. On apprend que Jocelyn a été maltraitée toute sa vie par sa mère et frappée à répétition avec sa brosse à cheveux. Dans un élan de compassion, Tedros a l’air vouloir prendre le chemin de la rédemption… mais non finalement ça se termine exactement comme dans l’enfance de la popstar, très à propos avec la piste "A Lesser Man" et ses batteries lourdes interprétée par The WEEKND, tout comme la ballade aux synthés cinématiques plutôt sympas "Take Me Back" qui s’appuie un peu trop sur l’autotune alors que le chanteur n’en a clairement pas besoin. Si vous aviez encore un peu d’espoir, tout s’arrête ici parce que franchement, tout ce que vous verrez est à gerber, alors fermez vos yeux et ouvrez bien vos oreilles pour la funk-soul de "Get It B4" chanté par Moses SUMNEY, soupape de décompression sensuelle au beau milieu du chaos.

Accrochez-vous encore un peu, le cauchemar est presque fini ! L’épisode 4 confirme que Tedros est un sacré fils de pute : violent criminel au passé douteux, il s’amuse à électrocuter le meilleur ami de Jocelyn avec l’aval de cette dernière… ça y’est, on a touché le fond. The WEEKND reprend dans ce chapitre la chanson "Jealous Guy" de John LENNON et collabore avec DEPP et l’artiste RAMSEY sur "Fill The Void", pas terrible avant d’enchaîner face à Jennie des BLACKPINK (oui, ça pourrait presque être son nom de famille) et DEPP, toujours, sur "One Of The Girls" dont le lyrisme rappelle Lana DEL REY (mon conseil : Lanita Forever 3).

Ne vous inquiétez pas, on touche au but : "Like A God" rappelle un peu les débuts de The WEEKND avec son ambiance à mi-chemin entre House Of Balloons et Kiss Land, la vibe 80s en plus. On retrouve encore le chanteur de Suzanna SON et de Lil BABY (rien à voir, mais pourquoi pas) sur l’instru sombre et lunatique de "False Idols". C’est le coup de grâce au 5ème épisode : Jocelyn s’est finalement émancipée de l’emprise de Tedros, lui a piqué ses poulains (SON, RAMSEY, SUMNEY) pour les mettre en première partie de sa nouvelle tournée gargantuesque et démonte la réputation de l’homme à la queue de rat grâce à son équipe et la journaliste de Vanity Fair. "My Sweet Lord", reprise de Georges Harrison par le chanteur Troye SIVAN est surprenante au mieux mais totalement stérile, puis "Crocodile Tears" par SON sera une petite ballade au piano rendue sympa grâce à la voix de la chanteuse.

Vous aviez cru à une fin joyeuse ? Que nenni ! Le pathétique Tedros arrive à s’infiltrer sur la date d’ouverture de la tournée et comprend en voyant la brosse à cheveux neuve de Joss qu’elle a menti tout du long. Par un putain de miracle cette histoire est enfin finie sur cette note sordide qui, on espère, sera finale. Enfin, "Dollhouse" oppose The WEEKND et DEPP sur un beat inquiétant et surnaturel qui aura toute sa place dans votre playlist cul. Soundtrack attendue qui vous laissera un goût amer, et si vous avez eu le malheur de voir la série, des flashbacks traumatisants en sus. Opportunité loupée pour The WEEKND puisque s’il faut choisir un titre favori, je vous dirais juste qu’ils sont tous à peine tolérables - même si, ok, il y a des tubes - et ça vient d’une fille qui vous ferait un lap dance sur n’importe quelle chanson des débuts du chanteur. Même le deuxième single de l’opération marketing (mais aux abonnés absents dans la série) "Popular" partagé par The WEEKND, Playboy CARTI et la queen MADONNA ne relève pas vraiment le niveau avec sa pop Y2K qui sonne comme du Justin TIMBERLAKE délavé.

Je vous imagine, comme moi devant mon écran, priant pour que le supplice se termine, et je vous rassure c’est le cas ! La petite Joss nous a bien bernés, Tedros est un putain de pervers et la musique est… et bien, musicale. Faites-vous quand même votre propre idée et écouter la BO. Pour moi, un petit 2, c’est déjà bien et à tous ceux qui laisseront de côté le visionnage de la série grâce à cette chro : j’accepte les remerciements en pains au chocolat.