La carrière de Brian SETZER est déjà inégalable en termes de rockabilly revival, mais l’homme a des fourmis au bout des doigts, alors il se lance dans un nouveau projet que d’aucun qualifieront d’insensé : faire revivre l’esprit des grands big band du swing à la Glenn MILLER. Le pari est audacieux, mais le matou blond est un homme de ressources et de grand talent. Les fans connaissent depuis toujours son admiration pour Louis PRIMA et pour BIG JOE TURNER. Il était temps de laisser refaire surface à ses vieilles idoles plus déchues qu’oubliées. Voici donc le premier opus du BRIAN SETZER ORCHESTRA, que nous gardons dans la disco du félin blond, pour plus de compréhension.

Les deux premiers titres sont sortis de la gretsch du matou, Brian ne pouvait nous laisser sans des compositions originales : ça nous donne "Lady Luck", un titre aux consonances swing certes, mais nanti d’une guitare intenable dont les interventions scintillent. On continue avec "Ball And Chain", qui possède beaucoup plus de points communs avec la carrière solo de Brian ou même les STRAY CATS. Les cuivres tiennent fort bien la baraque et nous sommes loin de la simplicité rugueuse des trois chats de gouttière. C’est lent et plutôt efficace, avec une gratte nucléaire. La version de "Drink That Bottle Down" me paraît à des miles de celle chanté par Lee Rocker avec les STRAY CATS.

"Good Rockin Daddy" repart donc sur du rock’n’roll de superbe allure, proposant des cuivres superbes et une guitare haletante qui nous mène en lieu sûr, vers une intervention magique du félin à la gretsch. La reprise du classique de Vince TAYLOR, "Brand New Cadillac", est de la partie et, comme souvent, la version de Brian SETZER enterre toute la concurrence dont l’originale, à mon sens. Quel talent ! Une vraie merveille de rock’n’roll agrémentée des cuivres fabuleux du B.S.O. "Your True Love" est tiré des œuvres complètes du king of rockabilly Carl PERKINS, mais rien de mémorable ici. "Straight Up" est le lieu de superbes duels de guitares.

Et du swing donc ! Classique du genre, "Sittin On It All The Time" manque toutefois un peu de la folie nécessaire à Brian pour mettre le feu aux poudres. On retrouve la fabuleuse verve du blondin sur la supra smooth "September skies", un slow d’une allure terrible qui désigne clairement la voie à suivre pour Brian, du smooth de haute volée digne de figurer parmi les grands moments du genre, d’autant que la guitare est vraiment intenable. Les cuivres sont au pouvoir sur "There’s A Rainbow Round My Shoulder", qui nous ramène quelques 50 ans en arrière. On reste dans les supra-classiques avec "Route 66", qui est un top du swing movement. Cette version est sympa mais n’enverra pas l’originale dans les oubliettes. "A Nightingale Sang In Berkeley Square" nous renvoie aux grandes heures de la musique londonienne. En plein move swing, Brian s’y retrouve totalement, n’oublions pas que la capitale anglaise est l’endroit où il a percé au départ.

Pour une première tentative dans un monde qui n’est pas encore le sien, il faut admettre que Brian SETZER s’en sort remarquablement. L’orchestre ajoute une identité bienvenue très ensoleillée et les cuivres règnent de bout en bout. Il faut certes s’y habituer mais, après tout, c’est cela le swing. Bien sûr, nous avons ici pléthore de reprises à la sauce swing made in SETZER. Il y a du très bon comme "Brand New Cadillac" mais aussi du moins bon. Les portions swing sont intéressantes et j’engage tout le monde à venir écouter "September skies". Un 3,5 que je descends à 3 car beaucoup de reprises.