Nous sommes en 2001 et le félin blondinet Brian SETZER a conquis le monde entier – enfin surtout le japon – avec son swing mâtiné de rock’n’roll via son BRIAN SETZER ORCHESTRA. Il est temps pour lui de refaire une apparition dans ce qu’il sait faire de mieux, soit le rockabilly. On prend un titre qui pète en hommage à Elvis PRESLEY, un hot rod des familles cramé comme photo de couverture, il ne reste plus qu’à emballer tout ceci avec quelques compositions de bon aloi dont le matou a le secret. C’est comme ça, notre artiste ne sait pas rester en place deux minutes. Rien d'étonnant à ce qu’il n’ait pas encore pondu un album de reggae et un autre de calypso. Il s’agit, si je compte bien, de son neuvième opus solo toutes catégories confondues, de retour en forme trio pour l'occasion.

"Ignition" est dans la plus pure tradition des morceaux composés par le père Brian depuis ses débuts dans la veine de "Runaway Boys" ou "Rumble In Brighton", toutes proportions gardées. Le refrain se laisse bien apprivoiser et l’aspect moderne de ce rockab n’échappera à personne. La gretsch nucléaire embraye sur "Hell bent", on est vite sur les chapeaux de roue, les couplets et les solis s’enchaînent dans un exercice de style que Brian maîtrise désormais totalement. On s’étonne toujours devant ses prouesses à la guitare, c’est mon cas ! On continue à la même vitesse limite sur "8 Track", rockab à fond, avec quelques yodelisations étonnantes mais bienvenues. "Bue Cafe" ne ralentit pas plus le tempo.

L’époumonant "Johnny Koo Part 2" nous repart bille en tête, on y entend les éléments punks qui ne cesseront jamais d’être l'influence majeure de Brian. On est d’ailleurs carrément punk et il n’y a rien à envier au CLASH sur "Get Em On The Ropes". "Who Would Love This Car But Me" tend plus vers un rock d’obédience bluesy. Le sieur SETZER a toujours apprécié les fondamentaux du mariachis mexicain, qui partage des points communs avec le rock’n’roll, ça nous donne la fusion qu’est "Santa rosa rita". On croirait Dick DALE sur "Magualena", ou tout le groupe s’en donne à coeur joie. Cette version d’un traditionnel mexicain est la plus notable que je connaisse, Chet ATKINS lui-même ne donne pas autant de puissance.

Brian calme le jeu sur la superbe "59" où sa voix se fait veloutée. Il y évoque sa vie, sa naissance en 59, au bon moment. On est plus proche de certains thèmes Americana que d’un bon vieux rock’n’roll, mais notre artiste rappelle le bon souvenir de tous les grands artistes qui sévissaient alors. Le titre de l’album pour moi. C’est son bassiste Mark Winchester qui tient le micro sur "Rooster Rock", en pleine crisette des années cinquante. On se croirait avec les BLUE CAPS de Gene VINCENT, plutôt sympa, la réincarnation de Cliff Gallup est dans la place. "Dreamsville" est un mid-slow où Brian peut faire le joli coeur, ça faisait longtemps et une pause sympa dans cet album qui déboule comme un hot rod. On note le très joli refrain en mode doo-wop par les 'Brianaires'. Bien plus traditionnel, "5 years 4 Monts 1 day" est de bon aloi mais ne révolutionne pas le monde du rock. Enfin, on entre de plein pied dans l’intellectualisme le plus forcené avec "Hot Rod Girl", pas remarquable mais sympa.

Pas de doute, c’est un album sympa, mais il n’y a ici rien de révolutionnaire, du bon vieux rock’n'roll rockabilly qui tache sans plus de génie que cela dans les compositions, même si toutes se tiennent. Tout ceci plaira aux aficionados du genre mais le reste de la communauté des mélomanes passera son chemin sans se retourner. Je conseille l’écoute de "59" avant de quitter cette chronique. Je suis donc sur un 3 seulement moyen, Brian SETZER a déjà fait beaucoup mieux.