Le premier album du BRIAN SETZER ORCHESTRA a révélé notre leader du rockabilly sous un angle différent. Les STRAY CATS ont toujours eu un aspect cool, souvent smooth et parfois même très rétro suivant les reprises dont ils émaillaient leurs concerts. Cet essai de cool et de swing recelait son lot de surprises. La playlist ici présente montre plus de reprises de lui-même par notre Brian, quelques classiques et collaborations. Le fusil ne change pas d’épaule mais l’évolution est évidente. Brian est à la recherche de la bonne formule pour son projet, alors qu’il a déjà une énorme carrière derrière lui, malgré ses seulement 34 ans.

La rythmique de "The House Is Rockin", qui ouvre l’opus, est quasi punk. Les cuivres amènent la touche swing et le résultat est époumonant. D’ailleurs, deux chansons sont des collaborations entre Brian SETZER et le leader chanteur du CLASH, le seul et unique Joe STRUMMER. Oui ça claque sur le papier ! Ca nous donne "Ghost Radio", un rock’n’roll à la sauce bien punky, mais les cuivres restent présents. Si le chant du blondin est un brin pressé, l’ensemble de la chanson est drôlement sympa. L’étonnant slow aux intonations bossa "Sammy Davis City" sort des mêmes plumes, de quoi en être estomaqué. Très cool avec ce bridge dingue à la folk guitare. Inclassable.

"Johnny Kool" atteint des sommets : la fusion prend forme avec une identité nouvelle et rien ne semble emprunté ni avoir été laissé au hasard. La super classe, une vraie petite merveille de swing rock’n’roll où Brian trouve la formule magique. Les cuivres prennent carrément le pouvoir sur "Buzz Buzz" et, à nouveau, on sent que le point d’équilibre a été trouvé. Brian reste un pourvoyeur de magnifiques titres de rock’n’roll. Le smooth dégagé par "My Baby Only Cares Cares For Me" est génial. La voix de notre matou n’a pas pris une ride et, s’il minaude comme un fou, le résultat est toujours largement à la hauteur, sans vous parler du niveau de son jeu de guitare.

"Hoodoo Voodoo Doll" propose une fusion des styles efficace : solo de gratte nucléaire, solo de trompette, du smooth mais aussi de la dynamique, et Brian régnant sur son petit monde, avec son bagout habituel. "The Man With The Magic Touch" délivre des tonnes de cuivres chauds avec sa jolie ligne de basse et son atmosphère de club de jazz moite. Et notre Blondin de sortir chaque fois des solos de folie. C’est l’immense Dimitri TIOMKIN qui est à la composition de "Town Without Pity", lui qui fut l’un des grands pourvoyeurs de B.O's de l’histoire d’hollywood lors des années de gloire. Cette fois, pas de doutes, le rock est laissé de côté et Brian s'y montre parfaitement à son aide.

La première auto reprise des STRAY CATS n’était pas si évidente à la base, car "Rumble In Brighton" est une sacrée gageure à reprendre, un des titres les plus agressifs des félins. On y entend peu les cuivres mais la grestch de Brian y déchire l’espace-temps. Un des classiques des CATS. Peu ou prou de changement au final sur l’orchestration, mais le titre me semble avoir gagné en maturité d’autant que le blondin se lâche complètement. "That Mellow Saxophone" est bien sûr à l’origine le « Wild Saxophone », tiré comme le précédent du premier album des CATS Runaway Boys qui se prêtait comme un gant à la moulinette swing. Enfin, "Hey Louis Prima" nous ramène à un rockabilly plus standard mais nanti de cuivres intenables.

Il est indéniable, à mon sens, que Brian trouve ici la formule qu’il va désormais appliquer sur chacun de ses albums du BRIAN SETZER ORCHESTRA. Comme une petite récré dans son emploi du temps de rockeur. C’est une belle reconversion. Généralement les chanteurs de rock’n’roll se reconvertissent dans la variété… très peu pour notre Brian qui en fait des tonnes avec sa fidèle Gretsch. Je suis donc sur un 4 resplendissant pour ce deuxième essaie du B.S.O. Chapeau l’artiste, le pari était osé.