Dans le monde de la musique, il y a des artistes qui brillent par leur originalité, leur voix, la profondeur de leurs textes ou leur capacité à captiver l’auditeur… et puis il y a des artistes comme Chris BROWN qui ne se distinguent pas vraiment, sauf grâce à un réel talent de danse, ou grâce à sa capacité à créer des albums comme Indigo sorti en 2019, qui semble être une collection aléatoire de chansons sans queue ni tête. Neuvième album du chanteur de r’n’b, c’est encore un double disque de trop, avec trente pistes peu convaincantes.

Dès les premières notes de l’album, on comprend qu’on est transporté dans un univers où la qualité et la cohérences sont passés à la trappe. Les chansons passent du r’n’b générique ("Back To Love", "Sorry Enough", "Throw It Back") à des expérimentations parfois plutôt réussies et parfois beaucoup moins ("Come Together", "Trust Issues/Act In"), en passant bien sûr par des chialantes de compétition ("Girl Of My Dreams", "Don’t Check On Me", "All On Me"), quelques tentatives plus rythmées mais toujours aussi peu intéressantes ("Juice", "Take A Risk", "Natural Disaster/Aura") et des pistes aux paroles plus que suggestives ("Sexy", "You Like That", "Heat"), le tout saupoudré de beats assez peu inspirés et de paroles creuses.

Les textes ne sont que de gros clichés, comme souvent chez BROWN, tout comme les thèmes superficiels qui ne créent vraiment aucune résonance émotionnelle et qui donnent cette impression de déjà-vu, puisque le chanteur y revient de la même manière sur tous ses projets… Alors oui, il tente une incursion dans le monde de la psychologie des couleurs avec des titres comme "Indigo", "Red" et "Emerald/Burgundy", mais une question essentielle subsiste : pourquoi ?

On se pose toujours cette fameuse question à l’écoute de certains featurings assez fades qui semblent ajoutés sans véritable synergie artistique ("Early 2K" avec TANK ou "All I Want" avec TYGA) alors que certaines collaborations apportent une diversité bienvenue comme sur "Temporary Love" avec Lil JON ou sur le single "No Guidance" en duo avec DRAKE qui se montre encore une fois moins pire chez les autres que sur ses propres titres (attention, j’ai pas non plus dit meilleur !).

Bref, c’est toujours le même cirque sur les récents albums de BROWN : une crise d’identité musicale majeure (que quelqu’un m’explique "Cheetah", "Need A Stack", "Troubled Waters", "Side Nigga" et le single "Undecided") et quelques tentatives plus ambitieuses qui se manifestent par des titres aux sonorités dancehall et bounce ("Lurkin’" et "Wobble Up"). Pas suffisant pour rehausser le niveau général de l’album malheureusement…

On commence à connaître Chris BROWN qui une fois de plus sur Indigo tente de combler les lacunes par une surcharge quantitative épuisante qui nous pousse à se demander s’il existe une conclusion à ce marathon musical sans fin (bon, ok... 2 heures). Malgré quelques moments à peu près intéressants qui valent à peine un 1,5 généreux, l’ensemble manque d’une vision vraiment définie pour soutenir un projet aussi démesuré. Si Chris BROWN voulait capturer l’essence de la couleur indigo, il est plutôt parvenu à créer un mélange indigeste de sons qu’il aurait mieux valu laisser dans le noir.