Huitième album de ce cher Chris BROWN, Heartbreak On A Full Moon sort en 2017. S’il est totalement passé inaperçu sur vos ondes, il faut vous estimer heureux : 40 titres (!) répartis sur deux disques pour un total de presque deux heures trente (!), que dire d’autre, à part que vous êtes évidemment pardonnés si vous êtes déjà fatigués d’avance ?

Pas besoin de vous faire un dessin, le titre et la pochette parlent d’eux-mêmes : Chris BROWN est en pleine peine de coeur. Amour ("Even", "I Love Her"), jalousie ("Other Niggas"), passion ("Covered In You", "Run Away"), déception ("Lost & Found", "Paradise"), sexe ("Roses", "This Ain’t", "To My Bed"), tristesse ("Enemy", "This Way"), tout y passe et c’est une véritable redondance émotionnelle qui persiste tout au long de l’album. Les thématiques sont épuisées jusqu’à en devenir prévisibles et ça laisse très peu de place à un soupçon d’originalité, mais que voulez-vous, il fallait s’y attendre venant de BROWN.

Fuckboy un jour, fuckboy toujours, c’est bien notre poète qu’on retrouve sur "Juicy Booty" (Girl I’m tryna make you juicy/Juicy booty, girl tonight/So turn around, turn around), du grand art tout simplement. Il faut bien sûr se taper les chialantes usuelles comme "Hurt The Same", "Tell Me What To Do", "Sip", "Tough Love", "Hope You Do" ou le titre éponymes, totalement noyées dans une mer de pistes toutes plus ennuyeuses les unes que les autres.

Tous les singles sont regroupés sur le premier disque, mais fatalement ils ne sont même pas vraiment bons : du r’n’b de lover sur "Tempo" ou "Privacy" qui ne crée rien de véritablement nouveau et laisse l’impression d’un manque de créativité ; en passant par la trap et l’auto-tune de "Pills & Automobiles", le dancehall de "Questions" où le rythme entraînant a été samplé sur "Turn Me On" de Kevin LYTTLE ; bref, tous souffrent du même sort : c’est chaotique, prévisible, surchargé et vraiment pas bon du tout.

Il y a encore trop d’effets vocaux sur "Yellow Tape" et "On Me", toujours sans grand intérêt. Finalement c’est "High End" et son beat aux influences trap qui se démarque peut-être un peu plus, comme le single "Party" en featuring avec USHER et Gucci MANE, même si ça n’apporte rien d’autre de plus qu’une sensation de déjà-vu. Pour les morceaux plus dansants, il faut se tourner vers "Bite My Tongue", la vibe pseudo-sensuelle de "Rock Your Body" ou l’ambiance pop de "If You’re Down". Allez, soyons fous, s’il faut recommander une chanson, tournez-vous vers "Summer Breeze", encore à peu près supportable mais dont le plaisir est éphémère.

Du reste - on n'est pas au bout de nos peines - il faut se farcir une petite dizaine de pistes toutes plus insipides les unes que les autres : "Everybody Knows", "Confidence", "Handle It", "Pull Up", "Frustrated", "Nowhere", "You Like", "Sensei" et "No Exit". Je ne vous le fais pas dire, à ce stade ce n’est même plus un album d’une longueur insoutenable, c’est un inventaire carrément mortel des pires chansons de l’univers.

Heartbrak On A Full Moon n’est rien d’autre qu’une démonstration flagrante que la surabondance nuit à la qualité artistique. Certes, Chris BROWN est généreux en terme de contenu (40 titres, dois-je vous le rappeler?), mais comme la qualité reste vraiment à désirer, l’expérience d’écoute mérite à peine la note de 1 tant elle est aussi épuisante qu’écrasante.