Âgé de seulement 26 ans, Chris Brown a déjà une riche discographie derrière lui. Beaucoup de tubes, mais aussi plusieurs échecs et de nombreux déboires, l'ayant notamment envoyé en prison. Ce septième album studio est marqué par un nouveau bouleversement (positif cette fois) dans la vie du chanteur, la naissance de sa fille, Royalty, qu’il exhibe d'ailleurs fièrement sur la pochette du disque. Désireux de se la jouer bon père de famille après des années sacrément noires, Chris veut montrer qu’il est un nouvel homme, plus mature. On ne reste pas dupe très longtemps, car malgré des intentions fort louables, c’est un album relativement classique pour Chris Brown. En dehors du titre dédié à son enfant, on reste en terrain - trop - connu, nous donnant un album tout juste moyen.

Quelques semaines avant la sortie du disque, Chris envoie deux singles en éclaireur, deux chansons sans grand intérêt qui ne feront pas grande étincelle. « Liquor » est un titre plutôt sympa, langoureux et r’n’b, mais à laquelle il manque une âme. Clairement pas l’aura d’un hit. Quant à « Zero », c’est une piste pop dansante sans le moindre intérêt, car totalement générique. Elle aurait pu être interprétée par n’importe quel chanteur lambda qu’on aurait pas senti la différence. On comprend vite que ce problème va être central dans le disque. Au lieu de creuser son potentiel, Chris va décliner une formule pop facile jusqu’à l’overdose, en livrant au milieu - pour ne pas oublier son public de base - quelques ballades pseudos r’n’b. Le mix ne prend pas.

Le point fort de cet album est en réalité toute la stratégie de communication qui l’entoure. Chris Brown a en effet tourné des clips pour la bonne moitié des morceaux, proposant ainsi des vidéos très visuelles, cohérentes et agréables. Mais là aussi, c’est du déjà-vu. Beyoncé avait d’ailleurs eu la même stratégie il y a deux ans, pour un tout autre résultat. On salue quand même l’initiative, nous faisant presque apprécier certains morceaux pas franchement bons à la première écoute. Premier problème donc, les titres pops. Pourtant, il le sait bien. Chris avait déjà tenté une incursion pop par le passé, et ça n’avait pas été franchement réussi. A la rigueur on peut sauver « Fine by me », qui malgré sa production assez dance passe relativement bien. C’est sympa quoi. Quant à « Anyway », la chanson aurait pu faire un carton il y a dix ans, et encore. L’autotune à outrance et le beat bourrin, ce n’est plus possible Chris.

L’autre partie du disque est composée de chansons davantage axée vers l’urbain. Et là, c’est déjà mieux. « Back to sleep » qui ouvre l’opus est par exemple très fraîche, un sensuel slow r’n’b, assez classique du genre mais qui fonctionne. Même chose pour « Make love », bien efficace comme il faut. Dans un style plus rythmé, on a « Picture me rollin’ » qui rappelle assez ses premiers morceaux, la nostalgie fonctionne bien, même si c’est clairement pas un hit. Tout n'est pas non plus parfait, comme avec « Little bit » qui est une pâle copie de ses derniers tubes en date, en moins sympa, forcément. L'album se conclu avec une ballade pour sa fille et si vous cherchez une belle déclaration d’un père à sa fille, il va falloir chercher ailleurs, car malgré un texte assez mignon, le titre est gâché par un refrain électro tout simplement immonde.

Bref, Chris Brown n’évolue pas une seule seconde avec cet album totalement générique et sans âme. Le gros souci est que désormais il n’est plus le prince du r’n’b moderne. Il fait face à de nouveaux artistes ayant révolutionné la façon de faire du bon r’n’b (Frank Ocean, The Weeknd ou Miguel pour ne citer que les plus populaires), et sa musique prend un gros coup de vieux. Mais Brown a toujours su retomber sur ses pieds, nul doute qu’il réussira à trouver la bonne formule. En attendant, un opus très médiocre qui se laisse écouter une fois, mais pas deux.