Après avoir été juré(e) dans la saison 2014 de The Voice version belge, Axelle RED poursuit ce que l'on peut considérer comme une petite pause dans sa carrière avec un album de réinterprétations acoustiques. The Songs, paru en 2015, est publié par Tracks, le même label qui s'était chargé de Sisters & Empathy six années plus tôt.

C'est un disque double, avec la durée conséquente d'une heure et demie, preuve que notre chère Axelle RED tend à donner à pareil projet une importance certaine, au-delà d'une simple récréation acoustique pour meubler. C'est peut-être aussi là que le bât blesse, car même avec des chansons parfois très connues et de belles surprises, 90 minutes, cela peut paraître (trop) long.

On retrouve Lester Snell, Steve Potts, Mark Plati (secondé aux guitares par Wigbert Van Lierde), ceux dont la dame préfère s'entourer à l'époque et qui ont beaucoup contribué à rendre Rouge Ardent (2013) formidable. Et si cet ensemble-là sonne dépouillé rien que sur le papier et comme on s'y attend, RED s'autorise de faire venir quelques choeurs mais aussi des cuivres de façon récurrente.

C'est plutôt courageux de commencer avec un titre de Face A/Face B (2002), ce "Venez Vers Moi" au vitriol, doux vitriol dans l'organe de dame Axelle, à la fois ensoleillé, entraînant et bien senti. Du même album, on valide également la nouvelle version de l'épique "Je Me Fâche" et son envolée vocale sur tapis de cuivres.

L'utilisation de ceux-ci est parfois abusive ou alors simplement liée à des reprises superflues, telles "Jure" ou "Ce Matin" avec sa touche plus latino. "Si Tu Savais" (Jardin Secret, 2006), quant à elle, étouffe paradoxalement dans son bel espace, peut-être à cause de ce caractère trop solennel. À l'inverse, ceux du tube "Ma Prière" ne s'étaient pas fait attendre, guère plus que ce ton exotique et gospelisant ; en voilà une belle surprise !

Les choeurs sont en belle forme, décidément. "Amour Profond", du dernier album en date, possède un bel arrangement vocal, de même que "Présidente", "Temps Pour Nous"... Et que dire de ce "Romantique" feutré, sensuel au possible ? Du rhythm'n'blues élégant de "Naïve" ? De ce piano-voix pour "Quelque Part Ailleurs" qui en devance bien d'autres sur ce disque ? Et comment ne pas reconnaître combien Rouge Ardent (2013) est un grand album quand on voit cette relecture du titre éponyme, avec force voix de tête, choeurs fantomatiques ?

Heureusement, à côté de ces quelques réussites franches, Axelle RED ne rate pas ses nouvelles versions des morceaux que tout le monde à retenu. Pas "Bimbo à Moi", tout bonnement absent, mais "Je T'Attends", mignon autant que pouvait l'être l'original. "Parce Que C'est Toi", en simplicité lumineuse, est parcourue d'un doigt d'harmonium par Lester Snell, tandis que le piano façon gospel endiable du "Monde Tourne Mal" se fait amplement remarquer. Sur celle-là, il ne manque le sax, mais la dame a délaissé cet instrument très/trop vite dans sa carrière, les cuivres n'étant ici que des trompettes et trombones.

"Sensualité", toujours aussi souriante, se laisse bien écouter en toute fidélité par rapport à ses origines, même si le piano cette fois se force un peu à reprendre les cordes. Et puis "Rester Femme" garde sa classe donc que demande le peuple ? Un album non double, peut-être, qui aurait suffi. Et sur cette galette unique, ne pas oublier d'ajouter le bonus, seul titre original de l'époque, à savoir "Il y en a", enregistré live, single très 'cheeky'/aguicheur pour Axelle, avec le délice qu'elle met en appuyant les syllabes. Pour le reste, un esprit soul 'électrique', extrêmement bien balancé entre les lignes de batterie, cuivres, orgue Hammond et piano Wurlitzer.

Note réelle : 2,5 qui pour Axelle RED reste tout de même un score honorable, surtout par rapport à d'autres.